Le budget 2024 respire (un peu)

Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé du budget, a obtenu un vote favorable du Congrès avec la majorité habituelle (UC, UNI, Éveil océanien, 28 voix au total). Les Loyalistes et le Rassemblement-LR ont voté contre, Calédonie ensemble s’est abstenu. (© G.C.)

Bouclé sans apport extérieur, le budget de la Nouvelle-Calédonie est « moins contraint » que les deux années précédentes, a estimé le président Louis Mapou le 8 février au Congrès. Mais la collectivité reste endettée de près de 80 milliards, ce qui limite fortement ses marges de manœuvre.

♦ DE SOLIDES RECETTES FISCALES, MAIS DE LA PRUDENCE

Malgré de fortes recettes fiscales en 2023 (118 milliards), notamment venues de l’inflation, le gouvernement table sur 110 milliards à distribuer aux collectivités en 2024 : 61 milliards pour les provinces, 29 pour la Nouvelle-Calédonie, 20 pour les communes. Une rallonge sera annoncée « au budget supplémentaire, au mois de mai », prévient déjà Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé du budget.

♦ PAS D’APPORT EXTÉRIEUR, POUR L’INSTANT

Sur la base de ces bonnes recettes fiscales, le Congrès a voté un budget primitif de la Nouvelle-Calédonie, le 8 février, sans piocher dans les caisses des établissements publics (OPT, port…) ou de l’État. Si le budget supplémentaire est bouclé de la même façon, il s’agira du premier exercice autonome depuis 2019, qui fut lui-même le premier depuis 2016. « Moins contraint » qu’en 2022 et 2021, pas libre pour autant, le budget 2024 « est placé sous le signe de la rationalité », insiste le gouvernement, notamment par « la maîtrise des subventions », mieux contrôlées.

♦ DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT : 37,5 MILLIARDS

La rémunération globale des agents (16,6 milliards) est en augmentation de 2,3 % par rapport au budget 2023 sans augmentation du point d’indice : le glissement vieillesse- echnicité fait monter mécaniquement l’enveloppe, et l’augmentation des cotisations à la Caisse locale de retraites (CLR) apporte à elle seule 1 %. Le reste est surtout composé des achats courants (6,5 milliards : -1,5 %) et des interventions et subventions (12,2 milliards : -11 %), dont 4,5 milliards de contribution obligatoire aux établissements scolaires.

♦ DÉPENSES D’INVESTISSEMENT : 11,3 MILLIARDS

Les investissements concrets s’élèveront à 6,9 milliards (-7,3 %) : rénovation des lycées (900 millions), entretien des routes (565), extension du musée de la Nouvelle-Calédonie (451), rénovation de la bibliothèque Bernheim (248), mise en 2×2 voies de la RT1 jusqu’à La Tontouta (215), rénovation du stade Numa-Daly (200), requalification du site de l’ancien CHT (197)… Le reste de la section investissement est constitué de 4,4 milliards de francs de remboursement d’emprunts, où l’on mesure le poids de la dette.

♦ LA DETTE, FREIN À LA RELANCE

Le budget 2024 n’est pas un budget de relance économique, regrettent tour à tour les Loyalistes et le Rassemblement. « La relance, il faut trouver les moyens de la faire », répond le président du gouvernement, Louis Mapou. Déjà forte en 2019, encore gonflée de 42 milliards sous l’effet des deux emprunts Covid, la dette de la Nouvelle- Calédonie dépasse actuellement les 80 milliards. Elle restera élevée fin 2024 : 76,6 milliards, qui pèseront longtemps sur les finances publiques. De plus, deux dépenses majeures pourraient être inscrites au budget supplémentaire anticipé dès le mois de mai : la subvention annuelle au Ruamm et la participation au sauvetage des trois usines.

+3 MILLIARDS POUR LES COMPTES SOCIAUX

Avant le budget propre de la Nouvelle-Calédonie, les élus votent toujours l’imposant budget annexe de reversement (79 milliards), qui finance les établissements publics, principalement via des taxes affectées (TGC, tabac et alcool, CCS…) et les centimes additionnels. Les réaffectations internes au budget profitent surtout à l’Agence sanitaire et sociale (ASS), qui recevra désormais près de 26 milliards, les trois supplémentaires étant destinés aux comptes sociaux (Ruamm, etc.).

 

Gilles Caprais