L’allocation Covid prolongée jusqu’à la réouverture des frontières

Le prolongement de l’allocation Covid a été voté à l’unanimité par les élus du Congrès le 9 mars. Ils ont profité de l’occasion pour valider le dispositif tant que les frontières restent fermées, évitant au Congrès de revoter les mêmes textes.

L’allocation Covid-19, c’est ce dispositif plutôt généreux qui a pris le relais du chômage partiel et du chômage tout court en mars 2020, lors du premier confinement. L’idée était de maintenir le pouvoir d’achat des salariés et d’éviter un effondrement de la consommation avec de fâcheuses conséquences économiques et sociales. L’évolution favorable de la situation sanitaire avait permis une reprise des activités économiques plus ou moins normale, au détail près que la Nouvelle-Calédonie a dû mettre en place un sas pour éviter l’introduction du virus. Un sas qui a, de fait, empêché l’exercice de certaines professions et activités. C’est le cas des entreprises du secteur touristique, du transport aérien international, mais aussi local.

Cinq milliards

Le dispositif a donc été étendu hors de la période initiale. À deux reprises, le gouvernement avait soumis plus ou moins le même texte pour prolonger le dispositif, en fonction des dates prévues de réouverture des frontières. Une date repoussée de loin en loin, mais qui n’était pas la seule problématique nécessitant l’adoption d’un même texte à plusieurs reprises. Face à l’incertitude de disposer des financements nécessaires à la prise en charge des indemnités des salariés, le gouvernement pilotait un peu à vue. À noter que le chômage partiel représente le poste de dépenses le plus important avec près de cinq milliards de francs. Bien plus que les réquisitions d’avions qui s’élèvent à 2,4 milliards de francs.

Lors de la séance publique et en commission, plusieurs conseillers ont réclamé une évaluation de l’impact budgétaire d’une nouvelle extension. Pour une fois, les élus ont eu la bonne surprise d’apprendre que l’enveloppe n’avait pas entièrement été consommée. Il restait entre 500 et 600 millions de francs, soit de quoi tenir un peu moins de trois mois dans la situation actuelle (avant le début du confinement). Il manquait tout de même quelque 80 millions de francs pour boucler trois mois de budget. L’UC-FLNKS avait proposé, au travers d’un amendement, de réduire l’indemnisation afin de pouvoir en allonger la durée. Une proposition rejetée par la majorité des autres groupes. Finalement, les élus ont décidé de reprendre la rédaction du texte en profondeur afin de prolonger le dispositif jusqu’à la réouverture des frontières.

Les Calédoniens attendent davantage d’égalité

Une décision qui a été motivée par une autre bonne nouvelle, celle de rentrées fiscales largement supérieures aux prévisions et qui permettront à l’exécutif de ne pas financer l’allocation Covid avec le prêt de l’AFD, mais sur les recettes fiscales propres du territoire. De la même manière, le dispositif de report de cotisations sociales s’est avéré moins coûteux que prévu, de l’ordre de 1,3 milliard de francs contre trois milliards prévus dans l’enveloppe. Lors des échanges, certains élus ont toutefois souligné l’importance d’introduire davantage d’égalité au sein des dispositifs. Si les salariés de quelques secteurs particulièrement touchés ont vu leur pouvoir d’achat relativement préservé, à raison de 70 % de la rémunération brute dans une limite de 4,5 SMG (salaire minimum garanti), ce n’est pas le cas des entreprises individuelles (patentés) ou des petites sociétés. Si certaines de ces structures ont bénéficié des aides de l’État, ces dernières restent sensiblement moins élevées que le dispositif d’allocation Covid. Sans compter les salariés qui bénéficient seulement du chômage partiel classique, qui est d’ailleurs en suspens, la Cafat n’ayant pas les moyens de le verser aux entreprises.

En décidant de l’extension de l’allocation, les élus préserveront assurément mieux le pouvoir d’achat des Calédoniens, mais pas forcément les comptes publics. Certains élus ont conscience qu’il faudra passer à la caisse tôt ou tard. De la même manière il a été question de savoir s’il ne faudrait pas accompagner ces entreprises et les salariés dans des reconversions. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réflexions sur le « monde d’après », mises en avant par le gouvernement il y a maintenant un an, n’ont pas franchement porté les fruits annoncés.

M.D.