L’affaire Le Froid : deux versions

Plus qu’un buzz, l’affaire Le Froid n’arrête pas d’alimenter les posts sur Facebook et les discussions depuis la mise en ligne, jeudi, d’une vidéo accusant le producteur de fournir en boissons alcoolisées le marché noir. Si la direction de l’entreprise se défend, les pouvoirs publics ont demandé à la justice de se saisir du dossier pour faire toute la lumière sur cette affaire « épineuse ».

La société Le Froid est accusée d’approvisionner le marché noir de boissons alcoolisées. Des accusations qui proviennent d’une vidéo mise en ligne jeudi denier par un ancien commercial de la société, licencié en 2016. Elle montre des extraits de réunions de travail, des enregistrements réalisés à l’insu des participants. Cette homme a attendu presque deux ans pour dévoiler les méthodes commerciales de la société quant à sa participation et son intégration dans la vente de boissons alcoolisées sur le marché noir. Un dossier qu’il a également déposé sur le bureau du procureur.

Des informations qui ont immédiatement été réfutées par la direction de la société Le Froid. Nicolas Troboas, le directeur général, parle de « montage audio » et se défend des informations lancées par l’ancien commercial, ajoutant : « Nous nions toute implication avec le marché noir. Ces enregistrements sont sortis de leur contexte. » Le directeur général a dû également s’expliquer sur un courriel adressé au personnel par la direction commerciale qui évoque des « vendeurs de marché noir » aux îles. Explications faites en direct au journal télévisé par le directeur sur ce point : « La personne écrivant l’e-mail a malencontreusement écrit marché noir, au lieu de revendeurs en vrac », ajoutant « qu’il serait bien qu’il y ait une enquête judiciaire » pour faire toute la lumière sur cette a aire.

Réactions des institutions

Les pouvoirs publics, avec en tête la province Sud, n’ont pas tardé à se saisir du dossier, son président, par voie de communiqué, se dit : « particulièrement inquiet de voir que des sociétés ayant pignon sur rue se rendent complices de trafic d’alcool [et] va saisir le procureur de la République afin que l’authenticité de l’enregistrement mis en ligne soit vérifiée et, le cas échéant, que ces pratiques soient sévèrement sanctionnées ». Le gouvernement a immédiatement emboîté le pas, alors que le jour même, il présentait à l’examen du Congrès le plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance. Le gouvernement écrivant : « Ce plan comporte un important volet consacré à la lutte contre les addictions, en particulier la lutte contre l’alcoolisme, érigée en Grande Cause territoriale. Dans ce contexte, les informations diffusées par les réseaux sociaux sur les comportements commerciaux de certains fabricants et distributeurs, inquiètent et interpellent le gouvernement, mais également tous les Calédoniens (..) Dans ces conditions, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie saisit, dès aujourd’hui, le procureur de la République, en application de l’article 40 du Code de procédure pénale, afin de faire toute la lumière sur cette affaire. » Le procureur devant les faits et ces demandes a bel et bien décidé d’ouvrir une enquête.

C.S