Dans le cadre de la transition énergétique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est une priorité. Or, en Nouvelle-Calédonie, le transport est le 2e émetteur de CO2.
Le Stenc 2.0, Schéma de transition énergétique, voté par le Congrès en août 2023, a donc fait du développement de la mobilité décarbonée sa deuxième priorité, avec un objectif ambitieux : passer 50 % du parc automobile en électrique en 2035. Mais, l’engouement pour ces voitures reste relatif. Les ventes décollent très doucement (147 en 2023), alors que les acheteurs peuvent bénéficier d’un bonus jusqu’à 600 000 francs à l’achat pour atténuer un prix relativement élevé. Changer les mentalités est un challenge. Et des réticences existent, notamment de la part des concessionnaires, inquiets du changement de modèle qui implique moins d’entretien, sur lequel ils se rémunèrent.
Pourtant, les avantages sont nombreux, témoigne Thierry, un des premiers acquéreurs d’un véhicule électrique sur le territoire. Le Dumbéen avance le faible coût du plein et de l’entretien, la conduite silencieuse, la non-émission de CO2 au roulage. Même si des questions se posent sur la performance énergétique de ces automobiles, notamment quant à la façon dont est produite l’énergie utilisée pour les recharger. En Nouvelle-Calédonie, la part du renouvelable grimpe à 49 % pour 51 % de fossile. S’y ajoute la problématique des véhicules hybrides, dont la vente se porte mieux (1 309 en 2023), alors que cumulant, pour certains, la partie carburant fossile et batterie, ils sont moins intéressants que le tout électrique.
Ce que regrettent des acteurs de la mobilité, c’est que la politique de l’écomobilité prenne en compte seulement l’électromobilité, qui n’en est qu’une facette. Les autres solutions consistant à mieux et à moins se déplacer (bus, vélo, covoiturage, télétravail, etc.). D’où l’intérêt de repenser le transport dans sa globalité, ce qui permettrait aux politiques publiques de s’adresser à l’ensemble des Calédoniens. Car 29 % des ménages n’ont pas de voiture. Et « les transports publics ont besoin d’argent, il faut faire les bons choix en termes d’affectation des ressources », souligne Catherine Glanois, du bureau d’études Tilt. Caroline Nicolleau, représentante territoriale de l’Ademe, pointe le manque d’infrastructures, le besoin « de politiques ambitieuses de développement de pistes cyclables et de mettre le piéton au centre de l’aménagement ». Une carte à jouer quand on sait que dans l’Hexagone, 40 % des trajets de moins de 5 km se font en voiture. Le message sera-t-il entendu ? Le gouvernement plancherait sur une feuille de route sur l’écomobilité…
A.-C.P.