La Terre est en crise

PARIS, FRANCE - MAY 6: British Chemist Sir Robert Watson (L) listens as French President Emmanuel Macron (R) speaking to the media after a meeting with scientists of the Intergovernmental Science Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services at the Elysee Palace in Paris, France, 06 May 2019. Mustafa Yalcin / Anadolu Agency

L’activité humaine ne provoque pas seulement un réchauffement global du climat. Après avoir fait la synthèse de milliers de documents scientifiques, le verdict des experts de la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), réunis à Paris du 29 avril au 4 mai, est sans appel : l’érosion de la biodiversité s’accélère à un rythme alarmant.

Il ressort que près de 75 % du milieu terrestre est sévèrement altéré par les activités humaines qui impactent aussi 66 % du milieu marin. Déforestation, utilisation de pesticides, artificialisation des sols, surpêche, émission de CO2, pollution par les plastiques… Le président de l’IPBES, Robert Watson, explique que « la santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. »

L’exploitation non durable des ressources est en cause. Chaque année, près de 60 milliards de tonnes de ressources non renouvelables sont extraites. Un million d’espèces est menacé dans les prochaines décennies si rien n’est fait rapidement et de manière globale. Les 145 experts ont ainsi défini six scenariipour tenter de modifier la trajectoire. Il est notamment question d’adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles, de mieux gérer les ressources d’eau douce et des zones côtières ainsi que de trouver un équilibre entre consommation d’énergie et production alimentaire. Comme l’ont montré les scientifiques, l’alimentation est la première cause de la perte de biodiversité.

Des annonces et du scepticisme

À l’issue d’une rencontre d’Emmanuel Macron avec les représentants de la plate-forme de l’Onu le 6 mai, le Président a annoncé plusieurs orientations qu’il souhaitait prendre. Il a notamment été question de gaspillage alimentaire. Un travail pourrait être effectué dans les écoles, chez les restaurateurs et les distributeurs. Aujourd’hui, près de 30 % de la nourriture est gaspillée en France. Plus généralement, le Président appelle de ses vœux un changement dans nos modèles de production. Il a notamment rappelé la volonté de se passer de glyphosate d’ici trois ans et de réduire de manière plus générale l’emploi de pesticides de 50 % à l’horizon 2025. Il a également évoqué le projet de la Montagne d’or, en Guyane, qu’il a jugé non compatible avec ces nouveaux engagements.

Une évaluation complète du projet devrait être réalisée prochainement afin que l’État se prononce définitivement sur son avenir.
Le chef de l’État a par ailleurs annoncé l’augmentation de la surface des zones protégées. D’ici 2022, la part des aires marines et terrestres protégées devrait être porté à 30 % du territoire contre 20 aujourd’hui. Une loi sur l’économie circulaire, qui prévoit le recyclage de 100 % des plastiques d’ici 2025, pourrait être présentée dans quelques semaines. Autant de mesures qui laissent perplexes les responsables des associations de protection de l’environnement : elles estiment qu’un grand nombre d’entre-elles étaient déjà connues, mais pas ou peu appliquées.

M.D.

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