La SLN dans l’impasse en janvier ?

Le SGTINC, premier syndicat de l’entreprise, craint une cessation de paiement dans moins de trois mois. La direction « met tout en œuvre pour surmonter la crise de trésorerie ».

Mi-septembre, la SLN avait effectué le dernier « tirage » du prêt de 63 milliards de francs consenti en 2016 par son actionnaire Eramet et par l’État. Deux mois à peine après l’injection de ces 4,4 milliards, le SGTINC craint le drame.

Vendredi 18 novembre, les représentants du syndicat majoritaire ont annoncé qu’ils redoutent une cessation de paiement d’ici deux mois, synonyme de liquidation judiciaire de la société, sauf nouvelle intervention de dernière minute pour sauver la SLN. Quelques heures avant la prise de parole du syndicat, la direction de la société avait diffusé un communiqué de presse pour dire sa détermination à « surmonter la crise de trésorerie ».

À six semaines du terme de l’exercice 2022, elle revoit ses objectifs de production à la baisse : 40 000 tonnes de nickel métal à Doniambo (-25 %) et 3 millions de tonnes d’export de minerai (-33 %). Et annonce deux mesures : « réduction drastique des coûts dans tous les secteurs de l’entreprise » et « remobilisation des équipes » dans l’objectif de revenir à un rythme de production supérieur, « seul garant de (la) rentabilité ».

L’ÉTAT (ENCORE) APPELÉ AU SECOURS ?

Ces mots font écho à l’avertissement lancé l’an dernier par Eramet : son prêt de 39 milliards (associé aux 24 venus de l’État) serait le dernier. Le SGTINC soupçonne l’actionnaire de vouloir se débarrasser de Doniambo pour ne garder que les mines, et l’accuse de privilégier les investissements dans ses autres usines, en Indonésie notamment. Christel Boris, PDG d’Eramet est actuellement sur le territoire.

Si Eramet refuse de sauver la SLN, qui le fera ? L’État, seul ? Une nouvelle aide publique pourrait être discutée dans le cadre des négociations sur l’avenir institutionnel. Les ministres Gérald Darmanin et Jean- François Carenco seront en Nouvelle- Calédonie fin novembre et apporteront peut-être des réponses.

Gilles Caprais

Photo : Glen Delathière, délégué syndical du SGTINC.