La relance économique par la concertation

« La parole aux entrepreneurs », c’est le nom du grand débat sur l’entreprise que le gouvernement a lancé officiellement la semaine dernière. La première rencontre aura lieu lundi à la Maison des artisans. Un rendez-vous qui réunira administrations, clusters, organisations patronales et chambres consulaires et donnera la parole aux chefs d’entreprise. L’objectif est d’établir une feuille de route pour remettre le monde économique local sur les rails, comme l’explique Christopher Gyges, membre du gouvernement en charge de l’économie et des mesures de relance.

DNC : Pourquoi organiser ce grand débat. Est-ce que cela veut dire que rien n’a été fait jusqu’à présent pour associer les acteurs du monde économique dans un objectif de relance ?

Christopher Gyges : Nous nous étions engagés, durant la campagne électorale, à mieux écouter pour mieux proposer. C’est exactement dans cette démarche que nous nous inscrivons avec ce grand débat. Le tissu économique calédonien est composé en très grande partie de TPE (très petites entreprises) et de PME (petites et moyennes entreprises). Des entreprises, qui ont été insuffisamment écoutées ces dernières années. Nous considérons que les chefs d’entreprise sont les mieux placés pour nous dire ce qui doit être amélioré, simplifié ou supprimé pour relancer l’économie.

Ce grand débat a pour objectif de rétablir la confiance entre le monde économique et le monde politique qui a été fracturée ces dernières années. Les contributions serviront à alimenter la loi de relance que nous présenterons au gouvernement en octobre.

Est-ce que des thèmes ont été définis ?

Depuis ma prise de fonction, j’ai rencontré beaucoup d’acteurs pour affiner les besoins des entreprises. Au cours de ces rencontres quatre thèmes sont apparus : la simplification, les mesures de relance, le pouvoir d’achat, puis enfin, la transformation et la diversification de l’économie calédonienne.

Les participants seront donc appelés à faire des propositions sur ces thèmes, de manière physique s’ils le souhaitent à l’occasion du premier grand débat qui se tiendra le 9 septembre à 18 h à la Maison des artisans, mais aussi de manière numérique sur www.debatentreprises.nc, une première en Nouvelle-Calédonie.

Est-ce qu’il y a déjà des propositions qui apparaissent de ces thématiques ?

Oui, nous avons des pistes importantes. Sur la question de la simplification, nous souhaitons créer un droit à l’erreur afin de passer d’une « administration sanction » à une « administration conseil » ou encore simplifier considérablement le processus de création d’entreprises avec un formulaire unique. Sur les mesures de relance, nous devrons agir sur certains seuils et alléger l’impôt sur les sociétés, la pression fiscale pour les plus petites entreprises. Sur la question du pouvoir d’achat, nous pensons à la défiscalisation des heures supplémentaires, à une prime exceptionnelle détaxée ou encore à un droit du consommateur renforcé. Enfin, pour ce qui concerne la nécessaire transformation de l’économie, l’idée de l’instauration de zones franches est beaucoup revenue dans les propositions.

L’objectif est, bien entendu, de prendre à terme des mesures économiques. Mais quand ? Je souhaite que la première loi de relance soit présentée au gouvernement en octobre et au Congrès d’ici la fin de l’année : il est essentiel d’aller vite ! Néanmoins, d’autres mesures sont déjà engagées comme le déblocage administratif de certains chantiers ou le remboursement anticipé des stocks de TGC.

Puisque vous parlez de la TGC et du remboursement anticipé des stocks, où le gouvernement va-t-il trouver ces 4 milliards ?

Concernant les stocks, lors de l’instauration de la TGC, le gouvernement précédent avait demandé aux entreprises de faire l’avance de ce qui avait déjà été payé par les entreprises. Ce que nous souhaitons, c’est solliciter les banques dans leur rôle d’accompagnement dans la relance de l’économie. C’est donc les banques qui financeront ces quatre milliards et non plus les entreprises. Cette mesure était attendue, c’est une question de survie pour les entreprises d’avoir ce retour de trésorerie. Il suffit de regarder le nombre d’entreprises qui sont en redressement, en sauvegarde ou en faillite. Cela va commencer à redonner les moyens à ces entreprises de redémarrer, de commencer à employer les gens, créer des embauches.

Certaines modalités doivent encore être validées avec l’État et la loi doit être votée au Congrès, mais j’ai bon espoir que cette mesure puisse être engagée d’ici la fin de l’année.

Et après ce grand débat qui va durer un mois, comment voyez-vous le calendrier économique ? Est-ce que ces concertations vont alimenter les deux lois que vous avez annoncées et qui sont en préparation, la première sur la relance économique et la deuxième sur la programmation fiscale ?

L’objectif est de travailler en parallèle à ce grand débat à la première loi de relance. J’insiste sur le fait que cette loi doit avoir un esprit pragmatique. C’est-à-dire qu’elle doit proposer des choses concrètes et non idéologiques pour relancer la croissance de l’économie calédonienne. Notre obsession doit être de mettre en place les conditions pour créer à nouveau des emplois.

La seconde loi permettra de redonner de la visibilité aux entreprises en définissant une programmation fiscale sur la mandature. Visibilité et stabilité sont des éléments essentiels à la relance économique.

Enfin, je considère que rien ne pourra se faire sans les salariés, pour cette raison j’irai à leur rencontre de manière régulière en rencontrant les organisations syndicales, mais également de manière directe au sein des entreprises. La croissance calédonienne sera de retour si nous arrivons tous à travailler ensemble.

D.P.