La presse invitée dans les établissements scolaires

La Semaine de la presse est l’occasion pour les jeunes de rencontrer les journalistes est de démystifier certaines croyances. L’inverse est tout aussi vrai. Pour les professionnels de la presse, il est toujours intéressant d’avoir des retours directs sur leur manière d’exercer leur profession.

La Semaine de la presse fête cette année son vingt-septième anniversaire en métropole. La Nouvelle-Calédonie y est venue beaucoup plus tardivement puisque il s’agit cette année de sa cinquième édition. Si les thèmes changent, l’objectif de sensibiliser les élèves aux médias dans leur diversité demeure.

À la question « Combien d’entre-vous lisent le journal ? », peu de bras se lèvent. Quelles que soient les classes, les élèves lisent de moins en moins la presse et lisent de moins en moins tout court. C’est le constat un peu amer d’un professeur qui souligne les difficultés de lecture d’un grand nombre d’adolescents. Mais en dehors de ces difficultés, si les élèves ne s’intéressent plus aux publications « traditionnelles », c’est avant tout parce que leurs habitudes en termes d’information ont évolué. Pour Patrick Rétali, le proviseur du lycée polyvalent Jules-Garnier, si les élèves entendent une information sur les réseaux sociaux, ils la prendront pour vraie. Si les médias s’en emparent, elle le sera tout de suite beaucoup moins et ce sera tout simplement un mensonge si c’est le proviseur lui-même qui la donne. Bref, ce qui était au cœur du métier de journaliste est en train de disparaître : la confiance entre le journal et son lectorat.

S’informer à l’heure du Net

L’Internet est l’autre grande raison du bouleversement que connaît le monde des médias. À la question, « Comment vous informez-vous ? », ce sont des noms de sites qui fusent, en particulier NCI, le petit dernier de ces sites d’information, qui semble s’être imposé sur la toile en quelques mois, détrônant ses prédécesseurs dont Calédosphere, qui régnait jusque-là sans partage. Un média proche des jeunes et de leur manière d’aborder l’actualité. Ces nouveaux médias posent toutefois de nouvelles questions, tout l’enjeu étant de faire le « buzz », parfois au détriment de la qualité de l’information et des analyses proposées.

Mais au-delà de ces sites, qui s’affichent comme des alternatives aux médias traditionnels, ce sont les réseaux sociaux comme source d’information qui posent problème. Des réseaux tels que Facebook véhiculent des informations dont les sources ne sont pas vérifiables et relèvent parfois davantage de la rumeur que de l’information. Le Smartphone, désormais partout, n’arrange pas les choses et, à grand renfort de photos, chacun y va de son interprétation de faits plus ou moins bien compris. Les enseignants documentalistes travaillent tout particulièrement sur ces questions de rumeurs.

Pendant quinze jours, la soixantaine d’établissements inscrits auprès du Centre de documentation pédagogique, lui-même rattaché au Clémi, le Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information, pourront bénéficier de revues auxquelles ils n’ont pas accès le reste de l’année, faute de moyens. C’est d’autant plus vrai pour les petits établissements qui n’ont pas ou peu de budget d’acquisition. C’est tout particulièrement le cas en brousse et aux îles et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Semaine de la presse est une quinzaine en Nouvelle-Calédonie. Pour les documentalistes, ces ressources pédagogiques fournies grâce au soutien des Nouvelles messageries calédoniennes de presse sont le moyen de travailler sur l’esprit critique et la liberté d’expression.

Un comité pour mieux éduquer

Étant donné l’évolution des pratiques, certains documentalistes aimeraient toutefois travailler sur de nouveaux outils et en particulier les réseaux sociaux. Reste que l’Éducation nationale, son cadre administratif assez contraignant et le manque de moyens ne le permettent pas forcément. Accéder à Facebook au lycée n’est tout simplement pas permis.

En matière d’éducation aux médias, d’autres projets sont dans les cartons. Pour Marie-Pierre Fèvre, une des enseignantes documentalistes au lycée Jules-Garnier qui a relancé l’opération il y a deux ans, une heure par semaine pour les secondes n’est pas suffisante. Elle souhaite créer un groupe de pilotage qui réunirait l’ensemble des acteurs : enseignants, professionnels, parents d’élèves ainsi que les différents partenaires institutionnels. L’objectif de ce comité serait de réfléchir sur les façons de mieux faire connaître les médias aux jeunes, et notamment afin qu’ils puissent mieux se protéger. L’enjeu est tout simplement de définir quelle société on souhaite construire.