La piste de La Tontouta s’offre un lifting

À partir du 15 février, la piste de l’aéroport international sera en travaux. Les 3 250 mètres de bitume vont être restaurés. Une bouffée d’oxygène pour les entreprises du BTP qui ont remporté ce marché dont le montant est estimé à 780 millions de francs.

« Le projet de réfection de la piste d’atterrissage est l’un des quatre chantiers identifiés par le BTP pour soutenir le secteur », se réjouit David Guyenne, président de la Chambre de commerce et d’industrie, qui exploite l’aéroport international de La Tontouta. C’est dire si son annonce, faite lundi 31 janvier, était attendue. Sur l’enveloppe globale de cet ambitieux projet estimé à un milliard de francs, 780 millions seront consacrés aux travaux, une aubaine pour la dizaine d’entreprises qui partagent le marché dont JLP, Colas, Sogea Pacifique, Menaouer et le bureau d’études A2EP.

Au total, 200 salariés seront mobilisés pour réparer la chaussée glissante, éliminer les nids-de-poule et corriger les déformations. Le chantier, qui consiste à poser un nouveau revêtement, va nécessiter des moyens techniques exceptionnels ainsi qu’une quantité importante de sable, gravier et bitume. Dans la foulée, les canalisations, datant de 1958, seront rénovées et des raquettes de retournement créées afin d’étendre la piste. Viendront, enfin, la réfection de la voie de circulation parallèle et le changement de balisage prévu dans une seconde phase. Durant les travaux, la réfection de la piste de décollage et d’atterrissage perturbera le trafic aérien, mais dans une moindre mesure.

La baisse de trafic : une aubaine

Évidemment, ce chantier ne s’improvise pas. « Il a fallu limiter les perturbations et la crise du Covid représente une opportunité, car le trafic va être encore très contraint dans les prochains mois. Les annonces du Premier ministre australien sont encourageantes, mais il est peu probable d’envisager une réouverture des frontières mi-avril. Nous ferons un point quand nous aurons plus de visibilité », précise Lionel Adrian, directeur général délégué d’Aircalin.

Au final, il ne devrait pas avoir d’impact sur les trois vols au départ et à l’arrivée de Tokyo. Seul le vol sur Wallis, prévu le jeudi, sera décalé au vendredi pendant les phases de travaux. Les vols Sydney-Los Angeles de Qantas ou Auckland-Tokyo d’Air New Zealand qui auraient besoin de se poser à La Tontouta en cas de mauvais temps, par exemple, seront déroutés sur l’aéroport de Nandi à Fidji, Port-Vila au Vanuatu, voire Brisbane en Australie. Les évacuations sanitaires, déroutements domestiques et vols militaires urgents pourront décoller ou se poser ponctuellement sur un petit tronçon 1 800 mètres qui restera disponible, à l’exception d’une tranche de 49 heures où la piste sera totalement fermée.

Moins de trois mois de réfection

Cette organisation permettra de segmenter les travaux en sept créneaux horaires de 49 heures, de mi-février à avril. Ces périodes, relativement longues, permettront aux entreprises de réaliser 600 mètres de piste à chaque fois, sur 3 250 mètres de long et 30 de large. Les équipes se relayeront du mercredi au jeudi, jour et nuit, afin de raboter, poser la nouvelle couche de revêtement et réinstaller le marquage au sol. Les autres travaux, sans conséquence sur le trafic aérien, se poursuivront dans le courant de l’année.

Initialement prévue en 2021, la réfection a été retardée du fait de la crise sanitaire. Cependant, « cela ne met pas du tout les usagers en danger, car nous avions une marge », assure Charles Roger, directeur général de la CCI. Ces travaux, qui font partie de l’entretien classique d’une piste d’aéroport international, doivent être réalisés tous les 20 ans environ.

À La Tontouta, les dernières rénovations datent de 2004. « On aurait donc pu encore attendre un petit peu, mais cela signifie qu’il aurait fallu des interventions ponctuelles à certains endroits », précise-t-il. Si, pour les usagers, ce retard n’a pas de conséquences, les entreprises du BTP, elles, auraient sans doute aimé passer à l’action un an plus tôt.

 


L’État à la recousse

Les travaux, dont le montant global est estimé à un milliard de francs, sont financés à 100 % par la CCI qui a souscrit un emprunt à hauteur de 90 % du montant auprès des banques locales. « Je remercie l’implication personnelle du haut-commissaire, Patrice Faure, souligne David Guyenne, directeur de la CCI. Cet emprunt n’aurait pu se faire sans son intervention, car nous n’avions pas les moyens de garantir le remboursement. »
En apportant un avenant au contrat de concession, qui se termine fin 2024, le haut-commissaire a rassuré les banques.

 

Virginie Grizon (© CCI)