« La parole se libère, mais la route est encore longue »

« Sexisme ordinaire, conséquences fatales », le sketch de Maud Le Bar et Guénolé Bouvet, a ouvert la 4e édition de la soirée JMX. (© G.C.)

La soirée Je m’exprime contre les violences faites aux femmes (JMX), organisée samedi 25 novembre par la province Sud, a réuni plus de 200 personnes au Conservatoire. Les organisateurs espèrent que cette 4e édition aidera d’autres victimes à briser le silence.

« Poser les bases », littéralement, de la pyramide des violences masculines faites aux femmes : telle était la mission de Maud Le Bar et Guénolé Bouvet. Méthodique, implacable, refusant la caricature ou la moquerie, leur sketch introductif repose sur un empilement d’injustices. Un château de cartons destiné à s’écrouler lorsque le personnage masculin est finalement convaincu de s’attaquer à la racine du problème. « Expliciter le lien entre le sexisme ordinaire et les violences, c’est aussi montrer que l’on peut tous et toutes agir pour les empêcher », résume Maud Le Bar.

Expliciter le lien entre le sexisme ordinaire et les violences, c’est aussi montrer que l’on peut tous et toutes agir pour les empêcher.

Ceux qui n’auraient pas été convaincus par la raison l’ont peut-être été par l’émotion, l’indignation suscitée par les témoignages glaçants de Martina Bedini et Janice, victimes, notamment, de violences sexuelles au cours de leur enfance. « Le public n’est pas ressorti indemne. Les sujets ont été traités avec force, avec talent », félicite Guénolé Bouvet, qui a accompagné les intervenantes, trois mois durant, dans la douloureuse rédaction de leur texte.

LE COURAGE D’EXPRIMER « DES OPINIONS CONTRAIRES »

« Elles ont réussi par leurs mots et leur cœur à toucher toutes les personnes présentes », veut également croire Laura Vendegou, élue de la province Sud. Année après année, « la parole se libère, mais la route est encore longue et sinueuse avant de parvenir à éliminer toutes les formes de violence envers les femmes ». Car dans l’immense majorité des cas, « les auteurs sont des proches », ce qui renforce souvent le mur du silence, rappelle la présidente de la commission de la condition féminine.

Dans « tout ce que tu ne connais pas sur moi », Martina Bedini a livré le terrible récit de son adolescence meurtrie et de sa lente reconstruction. (© G.C.)

« Il faut un immense courage pour prendre la parole sur scène et pour y exprimer des opinions contraires à celles de la majorité », insiste Joane Païdi. La responsable du Centre d’information – Droits des femmes et égalité (CIDFE) de la province Sud est satisfaite d’avoir vu près de 200 personnes dans la grande salle du Conservatoire. « Cela montre bien que le sujet des violences est pris au sérieux par une partie de la population calédonienne. Surtout par des femmes, mais il y avait aussi des hommes. Et ça nous donner espoir de voir émerger d’autres prises de parole sur ce sujet complexe, multiple et systémique. »

Gilles Caprais