La Nouvelle-Calédonie au bout du plongeoir ?

Les derniers indicateurs économiques viennent de tomber. Ils sont plutôt contrastés et traduisent à la fois une certaine stabilisation du marché de l’emploi et une rechute de l’incertitude des chefs d’entreprise. En parallèle, le marché du nickel connaît une reprise sur le marché londonien.

Bien malin celui qui pourra prédire l’avenir. Il existe en revanche quelques indices donnés par les différents indicateurs. Les derniers viennent de tomber et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont plutôt contrastés. Il convient donc de les prendre avec une certaine prudence. Une fois n’est pas coutume, la note de tendance conjoncturelle de l’IEOM, Institut d’émission d’outre-mer, est relativement sombre. Une analyse sur la période du deuxième trimestre 2017 qui repose en grande partie sur le climat d’indice du climat des affaires (ICA). Après avoir connu une importante remontée depuis un an, l’ICA perd 2 points, repassant en dessous des 88 points, soit un niveau en dessous de sa moyenne de long terme de plus de 10 points.

Baisse sensible du chômage

Mais plus inquiétant que le climat des affaires généralement très sensibles aux événements électoraux, l’Ieom enregistre un relatif tassement de la consommation des ménages, le principal pilier d’une économie calédonienne repliée sur elle-même. On note un léger recul de l’encours de crédits au ménage et une baisse de l’importation de biens de consommation. En contrepoint, on peut souligner le caractère relativement stable du marché de l’immobilier et la vigueur des crédits à l’immobilier à destination des particuliers. Les perspectives d’investissement des entreprises restent en dessous de leur tendance de long terme, mais retrouvent leur niveau de début d’année après une bonne reprise sur l’année 2016. Paradoxalement, l’inflation atteint tout de même les 2 %, soit son plus haut niveau depuis quatre ans. Un niveau relativement important malgré la conjoncture. L’IEOM avance comme explication la marche à blanc de la TGC, taxe générale à la consommation, qui pourrait impacter les prix.

Le marché de l’emploi connaît, pour sa part, une nette amélioration avec la diminution de 8 % du nombre de demandeurs d’emploi par rapport au deuxième trimestre 2016. Le nombre de demandeurs d’emploi s’établit à 7 163 demandeurs d’emploi selon l’IDC-NC. Des chiffres encourageants qui sont toutefois à nuancer avec la réduction du nombre d’offres nouvelles. Elles diminuent de 4 % pour atteindre leur plus bas niveau depuis 2010. À noter que les offres concernent davantage de CDI que d’emplois précaires. Au niveau des comptes sociaux, cela pourrait se traduire positivement, en dehors des emplois exonérés de cotisations sociales (mais les chiffres que les entreprises embauchent davantage en CDI) prévus par les dispositifs de soutien à l’activité du gouvernement et des provinces. Après plus d’une année, il conviendrait d’ailleurs de les évaluer de façon à mesurer leurs impacts au regard de leurs différents coûts. Cette amélioration du marché de l’emploi devrait par ailleurs mécaniquement jouer positivement en faveur de la consommation et donc avoir un effet positif sur la croissance.

Crise institutionnelle versus reprise économique

Ces différents signaux laissent à penser que l’économie calédonienne stagne. Mais les chiffres du tourisme, après un léger tassement, semblent repartir à la hausse et pourraient terminer l’année sur une note positive. De la même façon, les exportations de nickel qui ont connu une forte chute en valeur sur le premier trimestre (- 19 %), devraient bénéficier d’une reprise au London Metal Exchange. Le cours frôle actuellement les 12 000 dollars la tonne, soit une amélioration sensible et surtout tendancielle. Pour les analystes, les nouvelles normes environnementales en Chine y compliquent la production et pénalisent l’offre, entraînant un effet positif sur les prix. De la même façon, la réduction des stocks et les perspectives de développement de la voiture électrique rendent l’immense majorité des spécialistes plutôt optimistes pour les mois à venir.

Reste les incertitudes liées à l’avenir institutionnel du territoire et l’impasse, une nouvelle fois, dans laquelle la classe politique semble se complaire en dehors de messages incantatoires et peu constructifs. L’incapacité des responsables politiques à sortir du blocage pourrait faire basculer dans une crise plus profonde, au moment où les remises en question sont plus nécessaires que jamais face aux réformes cruciales à conduire comme celle des comptes sociaux.