La Grande Traversée, 50 ans d’histoire en eau libre

Alors que la Traversée BCI de l’île aux Canards se déroule le 21 février, elle accueille pour la première fois la Grande Traversée. Une vingtaine de kilomètres entre le phare Amédée et l’Anse-Vata devenus mythiques.

Juste un point blanc que l’on peut apercevoir depuis la terre et seulement par temps clair : le phare Amédée. Depuis 1865, il matérialise l’entrée dans le lagon aux bateaux qui se dirigent vers le port de Nouméa. Mais pour certains nageurs, c’est aussi un challenge : le point de départ d’un tracé d’une vingtaine de kilomètres jusqu’aux plages des baies de Nouméa.

Il y a plus d’un demi-siècle, trois nageurs de Nouméa se lancent dans ce défi fou pour la première fois. Le 26 avril 1970, André Bargibant, Jean-Pierre et Jean-Yves Mamelin auront mis 6 heures 35 minutes pour boucler cette première traversée. À l’époque, six bateaux accompagnaient les nageurs pour assurer la sécurité. « Pourquoi avoir tenté cette expérience ? Pour rien, un geste gratuit, nous voulions nous prouver que nous étions capables de le faire », expliquait à l’époque Jean-Yves Mamelin dans le Journal calédonien.

Lara Grangeon et son record

Trois pionniers qui ont ouvert une voie pas si souvent empruntée, puisque jusqu’en 2016, seuls 23 nageurs ont tenté et réussi ce tour de force. C’est à ce moment que l’événement prend de l’ampleur, avec une traversée organisée par les clubs de Dumbéa et de l’Olympique pour que de nombreux nageurs y participent. En avril 2016, ce sont donc 24 nageurs qui se lancent du phare Amédée. Seuls trois ont dû abandonner en cours de route. De retour pour les vacances, c’est Lara Grangeon qui bat le record de ce qui a alors pris le nom de Grande Traversée, avec un temps de 4 heures et 12 minutes.

Peut-être est-ce ces longues minutes dans les eaux du lagon qui l’ont convaincue d’affronter les compétitions en eau libre ? L’histoire ne le dit pas. Mais la certitude, c’est qu’au moment où elle atteint la plage du Château Royal, elle est seulement la deuxième femme à terminer la Grande Traversée. La première étant Isabelle Macé, en 1999, lors d’un retour à la nage du phare Amédée au Club Med. En 2016, dans le sillage de Lara, Charlotte Robin, Charlotte Priouret, Sandie Freulon et Isabelle Fenuafanote réalisent aussi la traversée.

Pour fêter le bac

Autre belle histoire, celle de Benoît Rivière et d’Adrien Thomas qui se sont lancés, en 2006, pour fêter… leur bac. Les deux jeunes de 18 ans avaient alors obtenu leur mention bien et s’était promis de traverser le lagon s’ils y arrivaient. Un moment informel dont la date a été fixée en fonction de la météo. C’est ainsi, un matin de décembre, que les garçons ont relevé le défi pour arriver à la pointe Magnin. Pas de grande organisation, deux bateaux et deux kayaks pour assurer la sécurité durant les 4 heures 38 minutes de nage.

Parmi les suiveurs, Cyril Huet, qui avait bouclé le même exploit en 1999. Encore plus impressionnants que Benoît et Adrien, trois nageurs ont décidé depuis 1970 de se lancer en solo dans cette aventure. Le premier à l’avoir fait, c’est Éric Laurençon, en 1989. Philippe Pitarch l’imite en 2014 avant que Fabrice Muller ne repousse les limites de cette épopée avec un aller-retour de presque 40 kilomètres. Il y a d’autres héros qui se sont fait remarquer entre le phare et Nouméa, parmi eux, Christian Araud. Quand il boucle les 20 kilomètres en 1991, il a 51 ans et ne sait nager que depuis deux ans. Depuis, il est de toutes les courses en eau libre.


Une répétition qui tombe à l’eau

Les organisateurs de la Grande Traversée espèrent l’inscrire dans une nouvelle ère, le 21 février. Lors d’un entraînement prévu samedi dernier, une quarantaine de nageurs se sont retrouvés entre la Baie-des-Citrons et l’Anse-Vata un mois avant l’événement. Le but étant de réaliser une répétition générale avec le même dispositif de sécurité. Les kayaks n’ont pas pu être mis à l’eau à cause de la houle et du vent, mais les nageurs ont pu réaliser près d’une dizaine de kilomètres à l’abri pour s’entraîner. Une nouvelle date est prévue, mais déjà cette édition s’annonce très prisée.


La Grande Traversée dans la petite

Ces 20 kilomètres, entre le phare Amédée et l’Anse-Vata, ne sont qu’une partie d’une grande journée dédiée à la natation en eau libre, le 21 février. Le point d’orgue sera la traversée de l’île aux Canards, course trentenaire qui a toujours autant de succès. Le principe sera le même que l’an dernier avec un aller-retour entre la plage et l’îlot, soit un peu plus de deux kilomètres et des départs en fonction de la catégorie (licenciés, non- licenciés, palmés…). Cette année, en plus de la Grande Traversée, deux autres parcours sont prévus. Un 1 500 et un 500 mètres pour les nageurs qui veulent se frotter pour la première fois à l’eau libre. Informations et inscriptions sur inlive.nc.

A.B.