La désolation à Houaïlou

Cinq morts, huit blessés et trois disparus… Le bilan provisoire des glissements de terrain, durant les intempéries du début de semaine dans la région de Houaïlou, est extrêmement lourd. Les opérations de secours se poursuivent et les preuves de soutien affluent pour aider les sinistrés.

Abominable journée du 22 novembre.
Des pluies diluviennes, d’une violence exceptionnelle (400 mm en 12 h) se sont abattues sur la Grande Terre provoquant dans leur sillage des dégâts considérables. Kouaoua, Thio, Houaïlou, Canala, Bourail, Koné, Pouembout et Poya ont été surprises par l’intensité du phénomène. Mais c’est à Houaïlou, au centre de la côte Est, dans les tribus de Ouakaya et de Gouareu, que l’épisode s’est concentré et a tourné au cauchemar.
Pas moins de six habitations ont été détruites par d’importants glissements de terrain. La roche est littéralement tombée sur les maisons. Le dernier bilan des autorités fait état de cinq morts dont deux enfants de 4 et 8 ans, huit blessés et de trois personnes encore portées disparues.

Recherches

afp-5

Le gouvernement a activité son plan opérationnel de crise (niveau 2) dépêchant hélicoptère de la Sécurité civile, agents d’intervention et sauveteurs. La gendarmerie et les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (Fanc) se sont également mobilisées pour venir en aide aux populations sinistrées, coupées du monde. Priorité : assurer les recherches des personnes manquant à l’appel, apporter de l’eau, secourir les blessés, déblayer …

Mercredi soir, la direction de la Sécurité civile indiquait poursuivre les recherches des deux personnes encore disparues à Gouareu, après avoir terminé le « ratissage des surfaces ». Elle évoquait néanmoins un environnement marqué par « une épaisse accumulation de matériaux » laissant présager « de grandes difficultés pour retrouver les dernières victimes ». (Une opération de déminage a même été nécessaire après suspicion de présence d’explosifs dans les décombres, ralentissant les recherches sur une partie du secteur).

À Ouakaya, les équipes de secours poursuivaient également les recherches pour retrouver le dernier disparu.
Le désenclavement de la tribu de Gouareu a été effectué. Néanmoins, la route municipale reliant cette tribu à celle de Ouakaya demeurait impraticable. Les travaux de rétablissement de la liaison se poursuivaient tandis que les équipes d’Enercal travaillaient au rétablissement du réseau électrique.

Une partie de la vallée de la Houaïlou était mercredi de nouveau alimentée en électricité mais le téléphone fixe restait indisponible et le réseau Mobilis partiel. Les services techniques de la commune ont identifié une rupture de canalisation au captage de Poro sur une centaine de mètres, privant d’eau les tribus desservies par cette canalisation. Les travaux devaient donc se poursuivre pour rétablir l’alimentation en eau des villages et des tribus mais restaient fortement pénalisés par les difficultés d’accès aux sites concernés.

En attendant l’engagement des troupes du Rimap a été reconduit « après une relève et un allégement des effectifs » tandis que les moyens de la Sécurité civile devaient être renforcés, ce jeudi, par la mobilisation de 14 sauveteurs supplémentaires. Trois camions d’intervention et une pelle hydraulique de plus sont par ailleurs attendus sur les différents sites. Les conditions météo, favorables dans les prochaines heures « devraient permettre la poursuite des opérations dans de meilleures conditions », a fait savoir la Sécurité civile.

afp-houailou

Soutien

La Croix-Rouge a installé une unité de potabilisation de l’eau et 5 000 litres ont pu être distribués. Une opération de transport d’eau vers les tribus doit être réalisée en collaboration avec les Fanc et la commune. De son côté, la Dass a mobilisé une cellule d’assistance médico-psychologique. La province Nord a saisi le Secours Catholique, ouvert l’internat aux personnes dans le besoin, et la mairie a aussi ouvert ses portes. Dans tout le pays, les Calédoniens ont fait part de leur compassion, de leur volonté d’apporter leur aide et des collectes s’organisent.

« Catastrophe naturelle »

Le drame est tel que le député de la deuxième circonscription, Philippe Gomès, qui s’est rendu sur place mercredi, a demandé à la ministre des Outre-mer que l’état de catastrophe naturelle soit immédiatement déclaré pour les communes sinistrées sollicitant la mobilisation du fonds gouvernemental d’indemnisation. On pense également à l’inscription de la commune dans le cadre des contrats de développement actuellement en discussion avec le ministère des Outre-mer. À Paris, François Hollande, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve et Ericka Bareigts ont fait part de leur émotion et rendu hommage aux secours engagés.

Localement les autorités ont pris la mesure des problèmes se posant dans cette zone, où comme bien d’autres, les habitations sont construites à flanc de montagne et sujettes également à la montée des rivières. Le gouvernement a annoncé plusieurs pistes de réflexion et des actions pour faire en sorte que ce genre de drame ne se reproduise plus. L’exécutif évoque notamment une étude des zones à risques avec cartographie, une étude sur les lâchers d’eau des barrages de la commune ;  il songe par ailleurs à la faisabilité du déplacement des populations et à la mise à disposition de foncier…

 

C.Maingourd / © AFP / Gaël Detcheverry