La bataille du CTOS se poursuit devant les juges

Près de trois mois après l’élection de Christophe Dabin à la tête du Comité territorial olympique et sportif, contestée par son adversaire Paul Poaniewa, les débats se sont poursuivis devant le tribunal cette semaine.

Dans la salle d’audience du tribunal de Nouméa, l’un est posé, les bras croisés et le visage fermé, dépité de devoir revenir sur une élection qu’il a remportée en mai dernier. L’autre, le regard baissé, pensif, concevant l’espoir de récupérer le trône. Depuis trois mois, Christophe Dabin défend une élection à la présidence du CTOS que Paul Poaniewa conteste. Cette fois cependant, ce n’est pas à coup de communiqués que la dispute s’est déroulée, mais bien par avocats interposés devant le juge de première instance, lundi dernier.

C’était attendu, le camp Poaniewa s’est appuyé sur des arguments déjà présentés par ailleurs. Seul effet de surprise, une attaque sur la régularité de la candidature même de Christophe Dabin. « Sa candidature a été autorisée par le comité directeur de l’Usep (Union sportive de l’enseignement du premier degré, NDLR) dont il est le vice-président, a expliqué devant la juge, Maître Christelle Affoué, avocate de Paul Poaniewa. Mais le mandat de ce comité n’était plus valide. » Elle s’appuie sur un article des statuts de l’Usep qui précise que la durée des mandats des élus est de quatre ans et qu’ils se terminent d’office six mois après les Jeux du Pacifique, donc en janvier dernier.

Si la validation de la candidature a été faite avant en décembre 2019, le camp Poaniewa avance que le PV de cette séance n’a été validé que deux mois plus tard et que la candidature était ainsi hors des clous. De son côté, Maître Philippe Reuter, avocat du CTOS et de Christophe Dabin, a rappelé que les deux candidatures ont été validées par les anciens présidents, Roger Kaddour, Daniel Cornaille ou encore Éric Gay. « Tous extrêmement expérimentés et pas une bande de margoulins du genre à vouloir truquer des élections. »

L’intervention de Charles Cali

Les autres points soulevés étaient donc déjà connus. Notamment l’intervention de Charles Cali, lors de la présentation du bilan moral et financier du CTOS, quelques heures avant le scrutin. « Elle a instillé le doute dans l’esprit des électeurs », selon Me Affoué. Le président sortant avait alors voulu se défendre, après des propos tenus par Paul Poaniewa dans une récente interview. Il l’avait alors traité de menteur. Cette intervention, « n’a pas eu lieu pendant l’AG élective, mais juste avant, lors d’une autre assemblée générale », a souligné Me Reuter. Pour les plaignants, cela ne change rien puisque les deux AG se sont déroulées dans la même matinée. Dans l’interview, Paul Poaniewa accusait le CTOS de ne pas avoir rencontré les élus de la Ligue de pétanque depuis 30 ans, une affirmation démentie par le président de la ligue en question, le matin de l’élection.

Entre la légitimité de vote du comité d’escrime, l’utilisation de logos du CTOS par Christophe Dabin dans sa profession de foi ou encore « le fait que Jean-Pierre Djaïwé, membre du gouvernement en charge des sports, a encensé le candidat adverse », l’avocate de Paul Poaniewa a aussi attaqué les conditions de vote. Elle a déploré « l’absence d’enveloppe et d’obligation de se rendre dans les isoloirs ». Dans les faits, ces derniers étaient installés pour aller choisir son candidat avant de placer son enveloppe dans l’urne. Pour rappel, le scrutin avait donné la victoire à Christophe Dabin et son équipe, avec 126 voix contre 113, soit 13 voix d’écart. « On a affaire à une bande de mauvais perdants », s’est insurgé Me Reuter.

Rendez-vous le 28 septembre

Le jugement du tribunal est désormais attendu pour le 28 septembre. À la suite de la séance, aucun des deux acteurs n’a voulu s’exprimer, laissant la place à leurs avocats respectifs. Une victoire de Paul Poaniewa signifierait que toutes les délibérations actées lors de l’assemblée générale élective du 16 mai dernier sont annulées et donc que Christophe Dabin devra repasser devant les électeurs, sous réserve d’appel. Dans le cas contraire, la vie poursuivra son cours dans les bureaux de la maison des sports, mais la plaie pourrait être longue à panser après un sacré coup de canif sans l’unité du monde sportif. Reste à la justice de décider qui est dans son bon droit.

A.B.