KNS : six mois pour s’inscrire dans un avenir

L’actionnaire Glencore cherche désormais un repreneur de ses parts à Vavouto. (© Archives Y.M.)

Après l’Australie, où les fermetures de sites industriels se sont enchaînées, la dépression sur le marché du nickel a produit son premier dommage clair en Nouvelle-Calédonie. Actionnaire de Koniambo Nickel à hauteur de 49 % et financeur à 98 %, Glencore se retire de Vavouto.

Le géant suisse du négoce des matières premières avait prévenu à la fin du mois de septembre 2023 : hors de question désormais de financer seul les opérations de l’usine du Nord, un complexe déficitaire depuis son inauguration en 2014. Neuf milliards de dollars US ont déjà été investis depuis le début du projet. Un ultimatum était posé pour ce mois de février.

En début de semaine, après de longues négociations, la sentence est tombée. L’État avait mis sur la table une offre de 205 millions d’euros, ou 24 milliards de francs, découpée en 60 millions d’euros de subvention sur le prix de l’énergie, 45 millions d’euros de ressources supplémentaires et 100 millions d’euros de prêt. Toutefois, « même avec l’aide proposée, KNS reste une opération non viable, et Glencore ne peut justifier de continuer à financer des pertes au détriment de ses actionnaires », a indiqué le groupe, arrivé dans le Nord en raison de la fusion avec Xstrata en 2013.

CARREFOUR COMPLEXE

Une phase de transition s’ouvre durant laquelle le géant du négoce va chercher à céder ses parts, avec le soutien de la SMSP, son partenaire calé à 51 % au capital de Koniambo Nickel. Lors de cette période de six mois, les opérations du site industriel seront suspendues, une mise en sommeil « à chaud » est prévue. Autrement dit, les installations seront alimentées en énergie, et l’emploi de tous les salariés locaux de KNS sera maintenu.

Si la décision ne renvoie pas à une fermeture, la recherche d’un nouvel associé préoccupe. Car l’état du marché, violenté par l’afflux de la production indonésienne et la chute du cours du nickel, n’est pas propice à l’investissement. L’équation est d’autant plus complexe que cette quête se place au carrefour de l’économie, de l’industrie et de la géopolitique. Le potentiel chinois, très ancré en Indonésie, n’entre pas du tout dans l’axe Indo-Pacifique voulu par le président de la République, Emmanuel Macron. Le sérieux et la fiabilité de l’investisseur intéressé seront étudiés, entend-on néanmoins. L’État accompagnera le processus. Prony Resources dans le Sud recherche également un partenaire financier solide sur le long terme.

KNS doit donc compter sur ses atouts. Investissements les plus importants déjà réalisés, site intégré mine-usine-port, qualité du minerai, exploitation respectueuse des droits humains et conforme aux normes environnementales… L’instant est déterminant.

Y.M.