KNS s’endort sans perdre l’espoir d’une reprise

L’ensemble des camions, arroseuses, cribleuses est au repos, stocké non loin de l’usine. (© C.M.)

L’usine du Nord a entamé les opérations de mise en sommeil. KNS a désormais six mois pour trouver un repreneur après le départ de Glencore. Des discussions seraient en cours.

Au cœur du site industriel de Vavouto, les deux fours de KNS ont livré leur dernière coulée de métal le 19 février à 19 h 30. Depuis, seule une vingtaine de personnes sont affectées en quart à sa surveillance, contre 240 ouvriers il y a encore 15 jours. La centrale électrique ne fonctionne tout simplement plus, remplacée par une turbine diesel. « On n’a plus besoin que de 20 mégawatts contre 200 lorsque les fours fonctionnent à plein. Donc ça ne sert à rien de faire tourner les deux lignes de la centrale à charbon », explique Jérôme Durieu, le directeur de la centrale.

Tous les emplois sont maintenus pendant six mois pour cette mise en sommeil « à chaud » pour permettre un redémarrage rapide, mais l’ambiance est un peu amère. « On a effectué le meilleur démarrage de production en 2024 et, fin 2023, on avait atteint notre objectif de 3 000 tonnes mensuelles », souligne Neil Meadows, le PDG de KNS qui veut croire que la mariée est belle. « On a un magnifique massif et notre business plan laisse entrevoir une rentabilité en 2027 », à l’issue des deux maintenances majeures prévues en 2025 et 2026.

Selon Neil Meadows,
« quatre groupes ont montré de l’intérêt pour le site ». (© C.M.)

PACTE SUR LE NICKEL

Si les discussions actuelles avec un éventuel repreneur sont confidentielles, Neil Meadows assure que « quatre groupes ont montré de l’intérêt pour le site ces derniers mois. L’idéal serait d’arriver à signer un accord de principe dans les six mois de la mise en sommeil et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, avec notre actionnaire la SMSP, pour convaincre un repreneur ». Mais pour y arriver, il faudrait également que « l’État garantisse au futur actionnaire l’offre faite à Glencore », à savoir un prêt de 12 milliards de francs et une subvention directe sur l’énergie. Pour cela, « il faut que le pacte sur le nickel aboutisse », indique Neil Meadows, tout en assurant que ce n’est pas le refus de la province Nord d’ouvrir les réserves métallurgiques aux exportations qui a pesé dans la décision de Glencore de partir.

En revanche le patron de l’usine du Nord en est sûr, « si KNS tombe, ce sera le premier des dominos. On est dans la même situation avec les autres opérateurs miniers ». Pour autant Neil Meadows n’imagine pas une Nouvelle-Calédonie sans usines contrairement à Christel Bories qui, il y a quelques jours dans le Financial Times, pronostiquait la fin de la métallurgie en Nouvelle-Calédonie au profit de l’exportation de minerai brut. « Nous, nous croyons en notre projet », répond Neil Meadows.

« On a un magnifique massif et notre business plan laisse entrevoir une rentabilité. »

Alors pour être prêt si nécessaire, tout le personnel de KNS s’est mis en ordre de marche. L’ensemble des camions, arroseuses, cribleuses a été descendu de la mine et est désormais stocké non loin de l’usine. Dans quelques jours, le site sera sécurisé et seuls demeurent en haut les engins à chenilles, plus difficiles à faire redescendre. Les pentes des verses à stérile ont été aménagées pour permettre à l’eau de s’évacuer. Les salariés se concentrent sur le nettoyage du site, puis se verront proposer des formations, « histoire de rester dans une bonne dynamique. Les difficultés, on en a connu d’autres depuis le début du projet, estime Jean-Christophe Ponga, surintendant des opérations minières. Même si là, l’enjeu est particulièrement sérieux, ils sont motivés pour relever le défi ».

À l’usine également, les salariés continuent de s’affairer pour terminer la première phase de la mise en sommeil. Depuis la dernière coulée, la température des fours est lentement abaissée. Lorsqu’ils sont en service, les hautes températures entraînent en effet leur dilation. Il faut donc contrôler le refroidissement pour qu’ils se rétractent mais sans « figer » ou s’abîmer. Une procédure bien connue des équipes, puisqu’elle est mise en œuvre lors des shutdown.

Dans une semaine, les fours seront endormis, « mais ils sont vivants », explique le directeur de l’usine, Aurélien Archambault. Prêts à être, les 1 300 salariés l’espèrent, réveillés dans six mois.

Charlotte Mannevy