Jeux paralympiques : les places sont chères

Avec ses 11’’ 76 sur 100 mètres, Félicien Siapo a de bonnes chances d’être sélectionné en catégorie T44 (handicap tibia-pied). (© G.C.)

Félicien Siapo, Pierre Fairbank et Vitolio Kavakava ont réalisé les minima A, mais leur sélection n’est pas encore acquise. Le nombre de places pour les athlètes français étant fortement limité, le comité national n’enverra à Paris que les meilleures chances de médailles.

♦ IMPITOYABLES STATISTIQUES

Pour espérer faire partie de l’équipe de France paralympique, les athlètes sont sommés d’atteindre un niveau de performance fixé par la Fédération : les minima A correspondent approximativement à une place dans le top 6 mondial, les minima B sont basés sur le top 10. Nécessaire, mais pas suffisant, car les places sont extrêmement limitées. « La Fédération enverra entre 20 et 25 athlètes aux Jeux », handisport (handicap physique) et sport adapté (handicap mental) compris, indique Olivier Deniaud, responsable du pôle France de Nouméa. « Neuf athlètes ont déjà été sélectionnés. Il reste donc au maximum 16 places à prendre. » Le comité de sélection aura lieu au lendemain des championnats de France (12 et 13 juillet). Sa décision sera basée sur le travail de statisticiens qui évalueront les chances de médailles de chacun, en fonction de la concurrence dans sa discipline.

♦ FAIRBANK, SIAPO ET KAVAKAVA : MINIMA A EN POCHE

L’insatiable Pierre Fairbank a de bonnes chances de participer une 7e fois aux Jeux. À 52 ans, il a réalisé un excellent 14’’ 85 sur 100 mètres fauteuil (T53) au mois de janvier, à Canberra, à 6 centièmes de son record personnel, et sous les minima A. « Je veux toujours progresser ! », lâche dans un éclat de rire le médaillé d’or de Sydney 2000, neuf fois décoré aux Jeux. Il participera au marathon de Paris, au mois d’avril, « pour refaire du foncier avant d’attaquer les distances courtes ». Il aura ensuite rendez-vous aux championnats du monde, au Japon, en mai. « Je vais me servir de ce tremplin pour préparer les Jeux. »

Aux Mondiaux, il sera accompagné de Félicien Siapo, descendu sous les minima A grâce à ses 11’’ 76 sur 100 mètres à Canberra. Âgé de 20 ans, relevant de la catégorie T44 (handicap tibia-pied), le Drehu est un espoir du sprint mais aussi du lancer du javelot. Troisième aux championnats d’Europe juniors en 2022, il espère participer aux Jeux dans cette discipline également. Son entraîneur, José Marques, croit beaucoup en lui. « Il a quelque chose que je n’avais pas vue depuis Pierre Fairbank et Thierry Cibone : sur le stade, il s’amuse. C’est un énorme avantage. »

Vitolio Kavakava pourrait également faire partie de la délégation, grâce à ses 45,77 m au javelot fauteuil (F57) réalisés l’an dernier. « Vito, c’est un très fort potentiel. Il ne pratique véritablement que depuis 2021. Il est capable de gagner encore 5 mètres cette année », dit Olivier Deniaud de son protégé, également entraîné par Éric Reuillard.

♦ LES OUTSIDERS : BRIGNONE, VENDEGOU, WELEPA, CIBONE, WALICO…

Le lanceur Thierry Cibone, sextuple médaillé aux Jeux, a des chances de se qualifier au javelot, mais espère un changement de catégorie qui n’est pas encore validé. Au lancer du poids F41 (petite taille), Rose Vendegou est proche des minima B et aura « de fortes chances d’aller aux Jeux » si elle progresse au cours des prochains mois, estime Olivier Deniaud. Nicolas Brignone a réalisé les minima B sur 100 mètres fauteuil, mais espère aussi une qualification sur 400 mètres (sa spécialité). Les lanceurs Rose Welepa (T12, déficience visuelle) et Marcelin Walico (T57, fauteuil) ont également une chance d’être sélectionnés.

 

À DOMICILE, « LES GENS SONT FOUS »

Recevoir les Jeux, est-ce un avantage ou un inconvénient ? « C’est une motivation supplémentaire, mais c’est aussi une pression », notamment vis-à-vis des résultats. « Les élus, les encadrants, les athlètes… En Métropole, les gens sont fous », constate Olivier Deniaud, habitué des Jeux paralympiques, qui anticipe des tribunes pleines, ce qui serait une première depuis Londres 2012. Les organisateurs de Paris 2024 attendent 3 millions de spectateurs, du 28 août au 8 septembre, pour assister aux épreuves des 23 sports paralympiques, qui réuniront 184 délégations et 4 400 athlètes.

 

Gilles Caprais