Gilles Erb : « Ce tournoi fera partie de l’héritage des Jeux »

Gilles Erb est à la tête de la Fédération française de tennis de table jusqu’à la fin de l’année. © D.R.

Nouméa accueillera du 10 au 12 mai le tournoi de qualification olympique de la zone Océanie. L’événement contribuera à populariser le tennis de table en Nouvelle-Calédonie, se réjouit Gilles Erb, le président de la Fédération, dont les effectifs atteignent des records grâce notamment aux exploits des frères Lebrun.

DNC : Comment la Nouvelle-Calédonie a-t-elle obtenu l’organisation de ce tournoi ?

Gilles Erb : La Ligue cherchait à organiser un événement pour connecter son programme aux Jeux olympiques de Paris. Rapidement, l’idée de postuler pour le Tournoi de qualification olympique (TQO) de la zone Océanie a surgi. J’ai trouvé cela plutôt intelligent, mais c’était quand même loin d’être gagné. Il fallait convaincre la Fédération d’Océanie, et le mérite revient à la Ligue et à son président Patrick Gillmann. Ce tournoi fera partie de l’héritage des Jeux et contribuera à faire rayonner le tennis de table en Nouvelle-Calédonie.

Vous avez signé une convention visant à développer le « ping » en Calédonie. Quel est son contenu ?

La Fédération va investir sur plusieurs grands sujets. Il y a besoin d’un entraîneur-animateur qui puisse mieux encadrer les enfants et accompagner les meilleurs vers la performance, et qui soit aussi une sorte d’agent de développement du tennis de table capable d’attirer davantage d’enfants, c’est peut-être là le sujet le plus important.

Deuxièmement, on va créer une nouvelle formation des cadres techniques, via un CQP [certificat de qualification professionnelle, NDLR] nouvelle génération, qui permettra d’enseigner contre rémunération. Ce sera une innovation : la Nouvelle-Calédonie sera la première ligue à mettre en œuvre ce CQP. Et puis nous avons la perspective des Jeux olympiques de Brisbane 2032. En tant que patron de la Fédération, je me dis que Nouméa sera peut-être le camp de base de l’équipe de France pour préparer les Jeux.

Cela nécessite d’avoir des installations capables d’accueillir une équipe ambitieuse, puisque l’on a aujourd’hui des filles et des garçons au top niveau mondial. Il faut peut-être trouver une nouvelle salle pour que l’on puisse se préparer dans les meilleures conditions possibles.

Dans l’immédiat, comment envisagez-vous Paris 2024 ?

Tout le monde attend ces Jeux. Il y a un engouement fort en Métropole, d’autant que les résultats de l’équipe de France nous autorisent à rêver d’une médaille olympique [qui serait la première depuis le bronze de Jean-Philippe Gatien et Patrick Chila en double à Sydney 2000, NDLR].

On renoue avec l’ambition grâce à nos pépites. On a les frères Lebrun, qui sont des champions charismatiques, talentueux, sympas. Avec Simon Gauzy, ils formeront l’ossature de l’équipe de France masculine. Les filles [Prithika Pavade, Charlotte Lutz et Jia Nan Yuan, NDLR] sont allées chercher le bronze aux championnats du monde. Donc on peut avoir une très belle surprise aux Jeux.

Derrière ces têtes d’affiche, existe-t-il une dynamique profonde ?

Aujourd’hui, il y a un engouement extraordinaire autour du tennis de table. Les médias s’intéressent de plus en plus à nous : la finale des championnats de France a été diffusée sur L’Équipe TV et on a fait 1,8 million de téléspectateurs. Sur place, à Montpellier, deux journées de la compétition se sont disputées à guichets fermés. On avait 211 000 licenciés en juin 2023 [dont 379 en Calédonie, NDLR], et on est en avance de 10 000, donc on va battre le record.

L’engouement se traduit dans les clubs par un afflux de nouveaux pratiquants. Cela pose aussi des problèmes d’accueil ‒ il faut plus d’entraîneurs, d’animateurs ‒ mais ce sont de formidables problèmes. Je suis aujourd’hui un président de Fédération très heureux de cette dynamique, et je crois qu’en Nouvelle-Calédonie, ce sport a un avenir, car c’est un sport populaire, facile d’accès, que tout le monde peut pratiquer.

Propos recueillis par Gilles Caprais.


Trois jours de haut niveau à Jean-Noyant

Du vendredi 10 au dimanche 12 mai, la salle Jean-Noyant (Motor-Pool) accueillera deux compétitions en une : le tournoi de qualification olympique sera combiné à la Coupe d’Océanie, qui regroupera les huit meilleures joueuses et les huit meilleurs joueurs de la région. Grandes favorites, les équipes d’Australie sont d’ores et déjà qualifiées pour Paris 2024. La Nouvelle-Zélande, Fidji et le Vanuatu se disputeront les billets restants. « On va voir du très haut niveau », promet Patrick Gillmann, président de la Ligue calédonienne.