Ariane Klotz : « Je me sens privilégiée »

Installée à Lausanne ces dernières années, licenciée au Golf Club de Lyon, Ariane Klotz s’est qualifiée en 2023 pour la 2e division européenne. (© Gil Chabaud)

Passée professionnelle, Ariane Klotz intégrera au mois d’avril le Ladies European Tour Access Series (LETAS), la 2e division européenne. Heureuse de pouvoir faire de sa passion son métier, la joueuse formée au Golf Club de la Ouenghi aborde ce nouveau défi « avec le sourire ».

DNC : Au moment d’entamer votre carrière professionnelle, quel sentiment domine, l’excitation ou l’appréhension ?

Ariane Klotz : J’ai hâte ! J’ai forcément un peu d’appréhension en ce qui concerne la logistique, parce que c’est beaucoup d’organisation. Ce sera une vie un peu plus vagabonde, un peu plus solitaire, jamais chez soi… Ce sera une année de découverte. J’attends de voir si ce style de vie me convient, mais je me connais, je ne suis pas du tout casanière, donc je pense que je vais aimer. Je suis assez impatiente de faire des golfs dans de nouveaux pays, de jouer avec des filles de nationalités différentes.

Pour votre première saison en 2e division européenne, quel est votre objectif ?

J’ai plusieurs objectifs. Le plus important, c’est de finir dans le top 7 à l’ordre du mérite pour me qualifier pour le LET (la première division) l’année d’après. Pour y parvenir, il faut bien jouer sur l’ensemble des tournois. Donc mon deuxième objectif sera de gagner un tournoi. Et j’aimerais être invitée sur un tournoi du LET en 2024. Si je fais de bonnes performances sur les premiers tournois du LETAS, j’aurai une chance d’obtenir une invitation à l’un des deux tournois qui se déroulent en France.

Vous avez fait le choix atypique de terminer vos études de génie civil avant d’entamer votre carrière professionnelle dans le golf. Comment avez-vous pris cette décision ?

Je savais qu’après ma licence aux États-Unis, je voudrais une équivalence européenne pour pourvoir travailler en Europe et en Nouvelle-Calédonie. Je savais aussi que je n’aurais pas la foi de me relancer dans les études si le golf ne fonctionnait pas. J’ai pu vivre l’expérience d’être étudiante en Europe, c’est quand même sympa. Il y a eu des hauts et des bas, mais je ne regrette pas. Je n’ai perdu que cinq ans par rapport à d’autres. Le golf est l’un des rares sports où l’on peut se permettre de finir ses études d’abord. Si on s’entretient parfaitement physiquement, si on est rigoureux sur l’alimentation, on peut durer. On peut avoir une carrière jusqu’à 40 ans.

Dans votre jeu, que comptez-vous améliorer cette année ?

Je sais qu’il faudra être affûtée au putting-chipping [le petit jeu, NDLR]. Ma force a toujours été le grand jeu. Mais les semaines où il faut gagner, il faut que ça tombe. Quand tu rates un peu le grand jeu, il faut te rattraper avec le petit jeu. Au golf, tout est constamment en travail… Et le premier tournoi de l’année, c’est toujours un peu la loterie. Donc avant le LETAS, je vais commencer ma saison en Afrique du Sud avec quatre tournois professionnels. Ça va me permettre de me tester avant le vrai début de saison, et ça m’enlèvera cette pression de jouer pour la première fois en tant que pro.

Il y a eu des hauts et des bas, mais je ne regrette pas. Je n’ai perdu que cinq ans par rapport à d’autres. Le golf est l’un des rares sports où l’on peut se permettre de finir ses études d’abord.

Côté mental, quelle est votre préparation ?

Dans le cadre de GolfHER [un programme d’accompagnement accordé à une golfeuse française chaque année, NDLR], j’ai une préparatrice mentale attitrée. Elle est basée en Espagne, donc on a uniquement travaillé en visio pour l’instant. J’ai déjà des devoirs à faire et on a réalisé une grosse analyse de la façon de gérer sur le parcours. Elle a repéré des aspects que je peux améliorer, notamment la visualisation.

Jouer en tant que pro, ce sera une pression supplémentaire ?

Je ne sais pas encore… Je vais découvrir ça sur le premier tournoi. Je me sens privilégiée que ce soit mon métier, j’y vais avec le sourire. On m’a beaucoup dit de garder au maximum le plaisir de jouer au golf. J’espère que j’aurai le même état d’esprit, la même compétitivité.

À plus long terme, de quoi rêvez-vous ?

À moyen terme, j’espère évoluer sur le LET et rester sur ce circuit confortablement. Ça permet de jouer contre l’élite du golf européen et d’aller un peu plus loin dans les voyages. Et sur le plus long terme, ce serait d’évoluer sur le LPGA [le circuit américain, qui réunit les meilleures joueuses du monde, NDLR], de jouer les majeurs et de pouvoir prétendre à une sélection aux Jeux olympiques et à la Solheim Cup.

Propos recueillis par Gilles Caprais