Interview : Isabelle Lafleur candidate aux sénatoriales

Candidate des Républicains calédoniens à l’élection sénatoriale du 24 septembre, Isabelle Lafleur et son suppléant, Marc Zeisel, proposent une alternative parlementaire loyaliste au tout plateforme. « On pourra tordre les chiffres dans tous les sens, 18 000 électeurs n’ont pas voté pour cette plateforme aux législatives et nous ne voulons pas qu’ils soient oubliés », souligne la candidate…

Quelles est la raison qui a motivé votre candidature à l’élection sénatoriale ?

La raison est très simple. Le paysage politique s’est redessiné entre les deux tours des dernières élections législatives, puisqu’il a vu naître une plateforme composée de Calédonie ensemble, du Rassemblement, du MPC et de Tous Calédoniens, ce qui leur a permis, bien évidemment, d’obtenir les deux députés. Je préciserais que je n’ai personnellement jamais été consultée pour savoir si je souhaitais en faire partie… Malgré cela, le groupe que nous formons au Congrès a recueilli les voix de plus de 18 000 électeurs. Et on pourra tordre les chiffres dans tous les sens, ces 18 000 personnes n’ont pas voté pour cette plateforme. Il nous semblait donc impossible de ne pas en tenir compte et indispensable de continuer à exprimer leur volonté… par une candidature aux sénatoriales, puisque cette élection intervient très peu de temps après.

En ne présentant qu’une seule candidate, Les Républicains calédoniens offrent aux grands électeurs la possibilité de « panacher » leur vote. De quoi s’agit- il exactement ?

Je rappellerais qu’à cette élection, tout le monde ne peut pas y participer puisqu’il s’agit d’un suffrage indirect composé de 552 grands électeurs (élus, délégués, etc.), mais il a ceci de particulier qu’il permet le panachage. À savoir que chaque grand électeur a le choix de ses candidats. Quatre bulletins seront à leur disposition, un bulletin avec les noms de Pierre Frogier et Gérard Poadja (et leurs suppléantes), un autre avec les noms d’Émile Nechero et de Jean Creugnet (et leurs suppléantes), un avec celui de Manuel Millar et sa suppléante et un dernier bulletin avec mon nom et celui de mon suppléant, Marc Zeisel (adjoint à la mairie de Nouméa). Le panachage permet de voter soit pour une seule liste, donc un seul bulletin sans y toucher, soit de rayer un nom (le titulaire plus son suppléant) et de le remplacer en l’écrivant à la main par la personne que l’on souhaite, sans oublier d’inscrire le suppléant également (et cela sans le changer, un suppléant ne pouvant pas en remplacer un autre). Ce qui, en résumé, peut se traduire par : si je ne souhaite pas voter pour untel ou untel, j’ai le choix et je l’exprime !

Avec votre candidature, vous portez les convictions de votre mouvement politique, mais vous défendez aussi l’héritage et les ambitions qu’avait votre père, Jacques Lafleur, pour la Nouvelle-Calédonie ?

Bien sûr ! Et je remercie le groupe des Républicains calédoniens auquel j’appartiens de m’avoir demandé de les représenter parce que c’est bien l’héritage de Jacques Lafleur qui est reconnu, sa capacité à dialoguer, à respecter ses adversaires, sa volonté de trouver une solution pérenne pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie et de la développer pour le bien de ses populations. Ce que je porte depuis que je suis entrée en politique.

Quel rôle un sénateur de Nouvelle- Calédonie doit-il tenir dans le processus de sortie de l’Accord de Nouméa ? Plus précisément, comment voyez-vous le vôtre si vous êtes élue le 24 septembre ?

Tout d’abord, si je suis élue ce n’est pas que pour « un » groupe, mais pour tous les Calédoniens. Cela permettra de faire entendre à Paris notre vision de l’avenir, notre attachement à la République française, à ses valeurs, à ce qu’elle nous permet d’être dans le Pacifique et, bien sûr, notre projet pour l’après-Accord de Nouméa. Il faut savoir que le gouvernement français « se repose » en grande partie sur ses parlementaires. Et si les quatre parlementaires n’appartenaient qu’à la plateforme, nous n’aurions que peu de chances de nous faire entendre. Un sénateur a toute sa place pour pouvoir intervenir dans le processus de sortie et je m’y consacrerai en ayant toujours à l’esprit les valeurs qui m’ont été transmises.

Actuellement, à l’heure pourtant de la parité, moins de 25 % des sénateurs sont des sénatrices… Une opportunité pour ce scrutin, où seuls des hommes sont candidats en Nouvelle-Calédonie ?

Je crois qu’on a encore beaucoup de progrès à faire de ce côté là ! Je suis la seule femme tête de liste… Merci à Marc Zeisel (mon suppléant) de rompre avec cet état de fait.

Le Sénat représente les collectivités territoriales et principalement
les communes de la République. Avez-vous un message particulier à l’attention des conseils municipaux calédoniens, qui sont tous confrontés à la baisse continuelle des finances publiques ?

Souvent les gens se posent des questions sur « l’utilité des sénateurs » dans le fonctionnement des institutions… Leur rôle est plutôt mal connu et la question de leur nombre peut valablement être envisagée. En réalité, un sénateur pourrait être considéré comme un « agent » des communes. Il représente les collectivités territoriales et est leur interlocuteur naturel. Mon grand- père faisait d’ailleurs le tour des communes « au volant de sa Traction avant », paraît-il ! La baisse de leurs dotations est un réel problème et quel que soit le résultat de cette élection, ce devra être le chantier prioritaire de ceux qui seront élus.

 

Propos recueillis par M.Sp.