« Il faut un député capable de dire non à l’État »

Thierry Santa, président du Rassemblement-LR, sera notamment opposé à Nicolas Metzdorf (majorité présidentielle) dans la seconde circonscription. Il serait le député le plus sensible aux attentes des Calédoniens, assure-t-il, estimant que la proximité avec le camp d’Emmanuel Macron n’est pas nécessairement un atout.

DNC : Vous vous présentez dans la seconde circonscription. Face au candidat du FLNKS, Gérard Reignier, vous serez plusieurs loyalistes. Comment envisagez-vous ce premier tour ?
Thierry Santa : Il y a effectivement un candidat du FLNKS, mais il y aussi une candidate du MNIS, Muneiko Haocas, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’unité du côté indépendantiste. Il y a plusieurs candidats non indépendantistes, effectivement, et je pense que c’est une bonne chose. Ça s’appelle la démocratie et cela permettra aux Calédoniens de pouvoir choisir leur vision de l’avenir et la méthode pour y parvenir.

À Paris, pourquoi seriez-vous plus écouté qu’un autre député ?
On a des candidats qui veulent porter la voix des indépendantistes, d’autres qui veulent porter la voix de la majorité présidentielle (Nicolas Metzdorf et Philippe Dunoyer, NDLR). Moi, je veux porter la voix des Calédoniens. Cela fait maintenant plusieurs semaines que je suis sur les routes et j’entends une volonté de construire l’avenir, tous ensemble. La question n’est pas de savoir si l’on sera indépendant ou non, cette question a été tranchée par trois référendums.

Mais quand on a dit ça, on n’a pas réglé le problème. La réalité de notre pays, c’est aussi une diversité de population, de modes de vie. On doit le respecter. Je suis pour une Calédonie forte et unie, une et indivisible au sein de la République française, qui respecte les principes démocratiques et qui prend en considérations ces spécificités.

Concrètement, que souhaitez-vous changer aux provinces ?
La structure actuelle est bonne. Par contre, il y a beaucoup de choses à faire pour l’améliorer. Il faut revoir la répartition des compétences entre les collectivités calédoniennes, ainsi que leur financement. Cela remet en cause la clé de répartition, qui est en train de tuer la province Sud. Il faut toutefois maintenir une forme de rééquilibrage : les provinces Nord et des Îles ont encore un retard de développement.

Il faut aussi changer les modalités d’élection des représentants. Il n’est pas normal de se retrouver avec deux présidents indépendantistes (au gouvernement et au Congrès, NDLR) alors que par trois fois, les Calédoniens ont dit leur volonté de rester dans la République.

Et enfin, il faut dégeler le corps électoral. Les personnes qui s’installent, investissent, paient des impôts, font des enfants en Calédonie, doivent avoir le droit de vote.

« Ceux qui parlent d’unité loyaliste, de nouveau RPCR… J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de loyalistes à l’extérieur de leur groupe qu’à l’intérieur. »

Après les législatives, souhaitez-vous une large union loyaliste ? Si oui, comment l’obtenir ?
C’est une évidence, c’est pour cela que le discours qui consiste à faire peur aux Calédoniens en disant qu’il faut absolument s’unir maintenant pour éviter l’élection d’un candidat indépendantiste, je n’y adhère pas. Ce sont les Calédoniens qui doivent choisir leur député et personne d’autre.

Les deux tours servent à cela. Beaucoup de ceux qui appellent à l’unité étaient candidats au premier tour en 2017. Il faut s’en souvenir. Et ceux qui parlent d’unité loyaliste, de nouveau RPCR… J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de loyalistes à l’extérieur de leur groupe qu’à l’intérieur quand je vois les candidatures.

Mais je suis convaincu qu’avant les discussions sur l’avenir de la Nouvelle- Calédonie, il faudra une démarche de concertation avec tout le monde, pour essayer de caler le discours loyaliste avant d’aller négocier un futur statut avec nos partenaires-adversaires indépendantistes, et aussi avec l’État, qui défendront leurs intérêts respectifs.

Il faut des députés qui représentent la Calédonie, d’abord et avant tout et qui soient capables de dire non à l’État lorsque c’est nécessaire. Donc la question n’est pas de savoir combien de partis soutiennent tel ou tel candidat ou si on est ami ou pas avec le président de la République. Un député n’est pas là pour vendre aux Calédoniens ce que veut le Président, il est là pour lui expliquer ce que veulent les Calédoniens.

Propos recueillis par Gilles Caprais