Horizon incertain pour les législatives … en Calédonie aussi

L’élection présidentielle à peine terminée, tous les yeux sont désormais tournés vers le troisième tour de cette élection présidentielle que constitueront les législatives des 11 et 18 juin prochain. En Nouvelle- Calédonie, où la campagne pour la présidentielle a été plutôt atone, le débat promet d’être rugueux et l’analyse du scrutin qui vient de porter le candidat de En Marche ! à l’Elysée ouvre la porte à des perspectives plutôt ambiguës.

La liste des candidats des deux circonscriptions de la Nouvelle-Calédonie ne sera définitive que le 19 mai prochain, mais sans attendre d’avoir officiellement déposé leurs dossiers auprès des services de l’État, les protagonistes s’activent et se positionnent. Les résultats du second tour de la présidentielle mettent en lumière quatre points majeurs : plus de la moitié de l’électorat s’est prononcée en faveur d’Emmanuel Macron, c’est-à-dire quatre fois plus qu’au premier tour, Marine Le Pen l’emporte, même si c’est parfois de justesse, dans tous les bastions non indépendantistes, les votes blancs et nuls représentent près de 10 % des voix, enfin, l’abstention s’établit 10 points plus haut que ce qu’elle n’avait été aux législatives de 2012. Au regard de la spécificité des deux candidats qui leur étaient proposés dimanche dernier, les électeurs ont été amenés à faire des choix qui ne sont pas en exacte adéquation avec leurs convictions profondes.

Ceux qui ont voté pour Marine Le Pen seront évidemment tentés de confirmer leur choix en apportant leurs suffrages aux candidats qui feront campagne sur un non ferme à l’indépendance, sur un retour de la fermeté en matière de sécurité et de justice et sur une méfiance légitime à l’égard d’un nouveau président de la République dont la méconnaissance du dossier calédonien fait craindre bien des dérives. Il y a ceux qui, ayant voté pour Emmanuel Macron au second tour après s’être portés sur Fillon au premier, reviendront « à la maison » et ce d’autant plus naturellement que le cœur du débat reposera sur la sortie de l’Accord de Nouméa et le référendum de 2018. Il y a l’électorat de Calédonie ensemble, plutôt centre-gauche, mais qui n’a pas fait pencher la balance dimanche dernier. Le vrai test pour le parti aura donc lieu à la mi-juin.

De l’autre côté de l’échiquier, progressistes et indépendantistes qui se sont, eux aussi, mobilisés en faveur du candidat Macron se tourneront en toute logique vers les candidats indépendantistes, Louis Mapou dans la 2e circonscription et Charles Washétine dans la 1re. L’inconnue repose essentiellement sur le fait de savoir si, comme elle l’a annoncé, l’Union calédonienne restera en dehors de cette élection à portée nationale, ou si, comme l’a laissé entendre en début de semaine Roch Wamytan, elle appellera officiellement et sur le terrain ses sympathisants à prendre part au vote. Quid de ceux qui ont voté Macron par conviction ? Si l’on en croit les résultats du premier tour, ils ne représentent que 10 % environ du corps électoral, mais il serait dangereux d’occulter l’effet d’entraînement lié à l’élection de l’ancien ministre de l’Économie à la présidence de la République. Tout dépendra donc de la personnalité des candidats que présentera En Marche ! au mois de juin et de leur positionnement pendant la campagne sur ce qui fera l’enjeu du vote à savoir la sortie de l’Accord du Nouméa.

Quelle sera l’attitude de ceux qui ont voté blanc ou nul, ou qui ne se sont tout simplement pas déplacés pour ne pas avoir à choisir ? S’ils ont boudé Macron, il est peut probable qu’ils apporteront leur confiance aux candidats qui seront investis par le parti du nouveau Président et la logique voudrait qu’ils reviennent dans le jeu des partis classiques et notamment des candidats de la droite locale.

Les jeux sont donc ouverts et la campagne peut commencer.

C.V.