Harry Potter : la voix française, c’est lui

Après son intervention à l’université, Kelyan Blanc s’est rendu à l’As de Trèfle pour une séance de dédicace. Il sera au Cinécity samedi 14 octobre, pour la projection des deux derniers films de la saga. (© B.B.)

Kelyan Blanc jure solennellement que ses intentions sont… bonnes. Le doubleur français du sorcier de J. K. Rowling est de passage sur le territoire à l’occasion du Week-End Geek, organisé du 13 au 15 octobre, à la Maison des artisans. Pour les fans qui ont grandi avec les films, il demeure aussi célèbre que Daniel Radcliffe, interprète officiel d’Harry Potter. Il lui suffit simplement de prendre la parole.

Il ne possède pas de baguette magique. Son front n’est pas marqué d’une cicatrice en forme d’éclair. Ses journées ne se résument pas à combattre les forces du mal. Et Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne fait pas partie de ses pires ennemis. Pourtant, toutes ces caractéristiques qui définissent Harry Potter collent à la peau de Kelyan Blanc. Il suffit de fermer les yeux et de l’écouter parler. Attendre quelques minutes et… ça y est. Sa voix nous transporte à Poudlard.

Oui, c’est bien lui qui a été choisi pour incarner la voix française de Daniel Radcliffe dans la célèbre saga tirée des livres de J. K. Rowling. Le moldu a été transformé en sorcier en 2001. « J’ai commencé le doublage à 10 ans. Comme c’est un petit monde, mon nom a circulé dans le milieu, et deux ans plus tard est arrivé le projet Harry Potter. La directrice artistique a eu la bonne idée de me faire passer le casting. » Kelyan Blanc devient alors l’élu. Celui qui, durant une décennie, va prêter sa voix au sorcier légendaire. Il le dit sans détour : c’est le rôle de sa vie. Difficile de faire « plus énorme ».

Deux semaines tous les ans et demi, il enfile avec plaisir l’uniforme de la maison Gryffondor. L’adolescent de l’époque attend chaque nouveau film avec impatience. Il s’imagine les scènes, de quelle manière il va pouvoir les doubler. Ce regard professionnel va l’empêcher de devenir un vrai fan même s’il adore les histoires et « dévore les bouquins », comme presque tous les enfants de sa génération.

DIX ANNÉES SURNATURELLES

Kelyan Blanc évolue en même temps que son personnage. Grandit en même temps que Daniel Radcliffe. Prend des cours de théâtre pour endosser le rôle de ce garçon malheureux et dépressif. Tout le contraire de Kelyan. « On ne respire pas à notre façon, mais comme l’acteur original. C’est beaucoup d’habitude, comme un instrument de musique. On travaille les gammes jusqu’à ce que ça devienne naturel. »

Cette expérience le marque et crée des souvenirs indélébiles. Surtout avec ses acolytes Olivier Martret et Manon Azem (voix françaises de Ron Weasley et Hermione Granger) avec qui ils s’amusaient beaucoup sur le plateau. Beaucoup trop. « On se faisait virer car on rigolait trop. Il y avait tellement une bonne ambiance. Notre grand jeu, c’était de faire rater Manon. »

Des anecdotes, il pourrait en raconter des centaines. Pour le quatrième film par exemple, Harry Potter et la coupe de feu, Daniel Radcliffe tourne une scène sous l’eau. Kelyan, âgé alors d’une quinzaine d’années, doit respecter cette contrainte. « C’était un jour où on avait beaucoup de retard. L’ingénieur du son me dit : je vais chercher un bol rempli d’eau et tu vas mettre ta tête dedans. Et me voilà à 23 heures avec un saladier, à parler, à m’en mettre partout ».

Cette voix qui l’a fait connaître va aussi lui jouer des tours. « J’ai remarqué que ça fermait plus de portes que ça en ouvre au final. Il y a des rôles que je n’ai pas eus car il ne voulait pas mettre la voix d’Harry Potter dessus. »

« C’EST COMME SI JE RENCONTRAIS L’ACTEUR »

Il garde, et gardera toujours en lui un bout d’âme d’Harry Potter. Le dernier film date peut-être de 2011, mais sa voix fait toujours son petit effet lorsqu’il « déclare solennellement que ses intentions sont mauvaises » ou que « Voldemort est de retour ».

Les fans ont les yeux qui pétillent à chacune de ces répliques. « C’est impressionnant et très étrange. C’est une voix avec laquelle j’ai grandi. Je n’ai pas rencontré l’acteur mais c’est tout comme. On connaît plus la voix française qu’anglaise quand on est gosse », confie Marine, 21 ans, étudiante, qui recherchait désespérément dans son sac un bout de papier à lui faire signer, vendredi 6 octobre, après son intervention à l’UNC. Aujourd’hui encore, aucun maléfice ni sortilège n’est nécessaire pour que la magie autour du célèbre sorcier opère.

 

KELYAN BLANC RÉPOND AU CHOIXPEAU

Kelyan Blanc apprécie rencontrer ses fans. (© B.B.)

Harry Potter en livres ou en films ?

Forcément, les livres ! L’adaptation est très bien faite. Ils ont été forts, mais rien ne remplace le livre et tous les détails qu’on ne peut pas mettre dans les films. Déjà qu’ils durent 2 h 30, il aurait fallu tous les faire en trois films…

Votre tome préféré ?

Mon film préféré, c’est Le Prisonnier d’Azkaban, mais mon livre préféré, c’est le quatrième, La Coupe de feu.

Plutôt Severus Rogue ou Albus Dumbledore ?

Clairement, plutôt Dumbledore. Rogue, ce n’est pas qu’il est surcoté, mais il a quand même mis la misère à Harry pendant toute sa scolarité. Alors on a beau dire : « c’est son amour pour sa mère », il n’en reste pas moins qu’il a déglingué Harry Potter. Il l’a victimisé pendant cinq ans. Donc pas si cool Rogue.

Plutôt version originale (VO) ou version française (VF) ?

Plutôt VO. Comme c’est un milieu où on se connaît tous, je reconnais tous les copains quand j’entends en VF donc ça me sort du film.

Vous avez aussi doublé Boba Fett dans l’épisode II de Star Wars : l’Attaque des clones. Vous êtes plutôt film de science-fiction ou de sorciers ?

Les deux. Je suis très bon public, j’aime beaucoup ces deux univers.

 

11E ÉDITION DU WEEK-END GEEK

La Maison des artisans accueille la 11e édition du Week-End Geek du 13 au 15 octobre. Kelyan Blanc sera présent le vendredi et le samedi pour des interventions et dédicaces. « Il va faire un peu de doublage, montrer comment ça marche, faire tester des personnes », précise Kilian Le Troadec, un des organisateurs de l’événement. Au programme également : des initiations à des jeux de société, de plateaux, de figurines, de cartes, de jeux de rôle, mais aussi des tournois de jeux vidéo, des concours de cosplay, des stands marchands etc. La journée de dimanche sera consacrée aux jeux de rôle. Plus d’informations sur le groupe Facebook Week-End Geek Nouméa.

 

LEXIQUE POUR LES SORCIERS NON-INITIÉS

Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom : désigne Voldemort, le pire ennemi d’Harry Potter.

Poudlard : école de sorcellerie dans laquelle étudie Harry Potter.

Moldu : se dit d’une personne née sans pouvoir magique.

Gryffondor : une des quatre maisons de Poudlard.

Choixpeau : chapeau parlant magique qui lit dans les pensées et qui annonce la maison correspondant aux élèves de Poudlard.

 

Edwige Blanchon