Grégoire Bernut : « Ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour l’emploi des Calédoniens ! »

Au-delà de l’impasse budgétaire qui se précise en 2018, Grégoire Bernut, lance des pistes pour une nouvelle politique économique et que le projet des Républicains calédoniens laisse aux futures générations, une Calédonie plus ouverte, plus libérale, plus solidaire. « Le fil conducteur de ce que nous proposerons aux Calédoniens sera une politique économique, sociale et fiscale au service de l’emploi et du pouvoir d’achat », martèle le secrétaire général du nouveau parti et s’en explique.

Le budget 2018 n’est pas encore voté. Mais à quoi les Calédoniens peuvent-ils s’attendre pour l’année à venir ? 

Nous sommes confrontés à un problème de recettes, qui dégringolent depuis trois ans. Et ce phénomène s’accentue. à la fin de l’année, la Nouvelle-Calédonie verra ses rentrées fiscales reculer de 10 milliards, après des baisses de 7 milliards en 2016 et de 5 milliards en 2015. Les marges de manœuvre se réduisent aussi bien en fonctionnement qu’en investissement et la rigueur, qui s’installe durablement, oblige le gouvernement à opérer des choix. Il doit trouver 4 milliards de recettes exceptionnelles et, en parallèle, réduire les participations, les subventions et les dépenses d’investissement pour équilibrer le budget 2018. La même problématique d’équilibrage budgétaire se posera pour 2019 et 2020.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Cette situation aurait-elle pu être évitée ? 

Cette situation, c’est le résultat de la politique menée depuis trois ans. Plutôt que de privilégier la mise en place de réformes structurelles, le duo Germain-Dunoyer a choisi de créer de nouveaux impôts et taxes dont l’empilement pèse désormais lourdement sur la croissance et l’emploi. Augmentation du taux de pression fiscale sur les sociétés, instauration d’une TGC inapplicable qui n’aura finalement servi qu’à racketter un peu plus les Calédoniens avec sa marche à blanc, réforme de l’impôt sur le revenu des personnes physiques pour pénaliser les familles avec enfants… Trois années de perdues, donc, pour constater aujourd’hui, impuissants, la poursuite de la dégringolade des recettes malgré cette politique d’augmentation de la pression fiscale exercée sur les ménages et sur les entreprises, dont les effets, en particulier sur l’emploi, sont désastreux. Oui, cette situation aurait pu être évitée. Pour redynamiser nos recettes fiscales et contrer leur recul, il aurait fallu jouer sur l’effet d’assiette. Pour jouer sur l’effet d’assiette, c’est d’une TVA simple à l’australienne (goods and services tax) à assiette large et stable, c’est-à-dire à un taux, dont la Calédonie a besoin. Il n’est pas trop tard… Pourvu que la volonté et le courage politiques soient au rendez-vous, il est encore temps de mettre en place un outil budgétaire moderne, ouvert à l’anticipation, simple et efficace.

Si elles sont adoptées par les élus, les nouvelles taxes prévues, sur l’alcool notamment, parviendront-elles à redresser le Ruamm ? 

Le produit de l’augmentation de la taxe sur les alcools ne sera pas prioritairement affecté au Ruamm, mais au soutien des provinces Îles, Nord et Sud pour la prise en charge, par la Nouvelle-Calédonie, de leurs dotations globales de fonctionnement hospitalières à hauteur de 3 milliards. En clair, rien n’est véritablement prévu pour financer les déficits et la dette du Ruamm puisque les taxes comportementales dont le vote est prévu avant la fin de l’année seront majoritairement affectées au soutien des provinces. Après le cadeau fiscal de 3 milliards accordé à la SMSP en 2015 en contrepartie des voix indépendantistes pour élire Philippe Germain, voilà la contrepartie financière de sa réélection fin 2017.

L’échéance du référendum d’octobre 2018 risque d’occulter nombre de questions économiques. Mais la crise est toujours là. Aussi et selon vous, à quelles réformes n’échapperont pas les Calédoniens cette année ?

Au regard des solutions proposées pour équilibrer le budget 2018, il semblerait que le gouvernement Germain ait finalement choisi de prolonger la fuite en avant jusqu’à l’impasse budgétaire. La plateforme a renoncé. Il n’y aura pas de réformes structurelles durant la mandature 2014-2019. Uniquement de nouveaux impôts ou de nouvelles taxes pour boucher les trous malgré leur caractère confiscatoire et qui pèsent lourdement sur la croissance et sur l’emploi. Les élus de la plateforme et les élus indépendantistes, qui permettent à Calédonie ensemble de réunir une majorité pour voter tous leurs textes, en porteront la responsabilité.

Quelles sont les propositions que feront Les Républicains calédoniens pour relancer l’économie ? 

L’urgence, c’est que le gouvernement s’engage à ne plus créer d’impôts et taxes à la charge des entreprises calédoniennes qui, aujourd’hui, se battent pour survivre. Parce que ce sont les entreprises qui créent des emplois et non pas le secteur public dont les budgets sont désormais exsangues.

Certains prétendent détenir la vérité et avoir tout essayé… sauf ce qui marche partout ailleurs. Ce qui marche ailleurs, c’est d’accepter que ce sont les entreprises qui créent les emplois et que ce qui est bon pour l’entreprise est bon pour l’emploi et ce qui l’entrave est mauvais pour l’emploi. C’est le fil conducteur de ce que nous proposerons aux Calédoniens : une politique économique, sociale et fiscale au service de l’emploi et du pouvoir d’achat. Et nous allons consacrer l’année 2018 à construire notre projet. J’invite d’ailleurs toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à venir s’inscrire aux groupes de travail des Républicains calédoniens pour construire l’après-2018.