Gouvernement contre indépendance-association propose le Palika

En ordre de marche pour la préparation du référendum de 2018, le Palika tenait aussi le week-end dernier son 42e congrès à Arama. L’occasion de proposer un drôle de deal au président du gouvernement, Philippe Germain…

Pour le parti de Paul Néaoutyine, la feuille de route est claire, avant comme après le congrès : « En 2018, osons Kanaky Nouvelle-Calédonie ! », selon les termes de Charles Washetine. « Le mot d’ordre de ce 42e congrès doit résonner comme une invitation à chacun d’entre nous d’assumer le choix de l’indépendance de notre pays, un choix construit au fil du combat politique pour la dignité et la liberté de notre peuple », ajoute-t-il.

D’ordinaire plus mesuré, Charles Washetine fait appel à l’histoire pour densifier son propos : « Nous n’avons pas le droit de douter, de nous laisser dissiper par les discours conformistes ou entendus. Discours colportés notamment par nos adversaires politiques qui usent du langage de la peur pour préserver le statu quo ou au mieux contrecarrer le projet politique porté par les indépendantistes. Après tant d’années de combat, de sacrifices et d’abnégations, si près du but, nous n’avons d’autre choix que d’aller à la pleine souveraineté. »

Pour autant la politique politicienne reprend vite le dessus au Palika, surtout quand arrive la question du gouvernement, toujours borné à l’expédition des affaires courantes : « On ne peut pas continuer comme cela, il faut essayer de faire bouger les choses et de prendre des initiatives », affirme Jean-Pierre Djaïwé. « Il y a possibilité de débloquer la situation au gouvernement », poursuit-il. Laquelle ? En échange de « l’ouverture de discussions sur un projet d’indépendance avec partenariat », le Palika pourrait faire pencher la balance en faveur de Philippe Germain.

Quelque chose comme un marché de dupes, mais un marché quand même. Car, pour que la France accepte un partenariat avec un pays tiers, il faut d’abord qu’il soit indépendant. Indépendant, oui ! Puis, surtout le président de la République, Emmanuel Macron a été suffisamment clair avant que ne s’ouvre le Comité des signataires : en 2018, ce sera ou « l’indépendance ou la France ». Pas de « bricolages » entre les deux. En d’autres termes, si le Palika finit par voter en faveur de Philippe Germain à la présidence du gouvernement, c’est que son parti, Calédonie ensemble, se sera engagé sur la promesse d’une « négociation » pour l’indépendance association.

Or, si au gouvernement, Philippe Germain est candidat, c’est Philippe Gomès qui a la main. Et jamais il ne ferait cette erreur déjà pointée par un Premier ministre (qui arrive) et un président de la République (qui a la mémoire féroce). Ou ?

M.Sp.