Georges Naturel : « Le temps est à l’unité »

Georges Naturel demandera à l’élu Pierre Médevielle, auteur d’un amendement pour une révision de la représentation du Congrès, « de rejoindre (son) initiative ». (© FB G.Naturel)

Le sénateur Georges Naturel appelle les députés calédoniens à dépasser leurs nuances pour convaincre le maximum d’élus, à l’heure du vote du projet de loi constitutionnelle.

DNC : Dans quel état d’esprit abordez-vous l’examen du projet de loi constitutionnelle le 26 mars au Sénat qui instaure le dégel du corps électoral provincial ?

Georges Naturel : Depuis plusieurs mois, l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie est au cœur de mes priorités. Je poursuis les entretiens et les consultations avec l’ensemble des forces politiques nationales afin de permettre une adoption la plus large possible de ce projet de loi.

Je tiens à exprimer tout mon soutien et toute ma détermination aux milliers de Calédoniens qui ont fait de la Nouvelle-Calédonie leur terre de cœur, mais qui restent privés de leur droit de vote aux élections provinciales. Je ne peux accepter les propos récents de certaines personnalités indépendantistes qui considèrent ces personnes comme de simples immigrés. À l’heure où nous manquons cruellement d’attractivité. Quel message voulons-nous sur le plan régional ? Quel message donnons- nous à la jeunesse calédonienne sur l’avenir ? Aux potentiels investisseurs qui souhaitent développer notre économie ?

Défendrez-vous l’amendement proposant une révision de la composition du Congrès de la Nouvelle-Calédonie ?

Si cette ouverture du corps électoral calédonien, attendue de longue date, permettra de rétablir l’équilibre démocratique sur notre territoire, elle n’est pas suffisante. J’appelle tous les parlementaires calédoniens non indépendantistes à l’unité sur ce sujet. Il est essentiel que le principe de répartition des sièges par province au sein du Congrès soit revu en fonction du poids démographique respectif de chacune des provinces. Pour cela, il est nécessaire qu’un amendement en ce sens puisse être adopté lors de la révision constitutionnelle.

Les conditions de réussite d’un vote positif pour cet amendement sont doubles. Tout d’abord, unir les parlementaires calédoniens des formations non indépendantistes sur un amendement unique. Ce dernier serait présenté à mon initiative au Sénat, ainsi que par nos députés à l’Assemblée nationale. Nous devons éviter toute initiative individuelle qui viendrait rajouter de la cacophonie. Chacun de nous représente par ailleurs les différents groupes majoritaires au sein de nos assemblées respectives.

Ensuite, favoriser autour de cette initiative calédonienne un large consensus en recueillant le plus de signatures possibles pour rétablir un principe démocratique essentiel à la Nouvelle-Calédonie. Malgré les nuances que nous avons avec mes collègues députés calédoniens, le temps est à l’unité pour convaincre la représentation nationale.

« L’amendement unique serait présenté à mon initiative au Sénat. »

La réunion des 3/5e des parlementaires au congrès à Versailles peut-elle constituer une difficulté ?

Oui, dans la mesure où cela nécessite une majorité qualifiée des 3/5e des suffrages exprimés, ce qui représente plus de parlementaires à convaincre. Les soutiens du président Emmanuel Macron au sein du congrès sont moins de 300, environ 250 députés et une petite quarantaine de sénateurs. Mes collègues députés et sénateurs Les Républicains sont près de 200. Mon travail consiste donc à leur expliquer la situation et à les convaincre. Mais ce travail doit aller au-delà, notamment en direction du Rassemblement national qui compte plus de 90 parlementaires. Je mène depuis plusieurs semaines des consultations approfondies avec ces différents groupes politiques au Sénat et à l’Assemblée nationale, et nous travaillons ensemble pour trouver un terrain d’entente sur les questions clés. Je suis convaincu que les parlementaires sauront faire preuve de responsabilité et de sagesse pour adopter ce texte dans l’intérêt des Calédoniens.

Pensez-vous qu’un accord global entre politiques calédoniens est toujours possible ?

Je ne peux pas prédire l’avenir, mais je pense qu’un accord global entre élus calédoniens est toujours possible. Cependant, cela nécessite une volonté politique forte et une capacité à dépasser les clivages politiques et idéologiques. Toutes les parties prenantes doivent être disposées à faire des concessions et à travailler ensemble pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent.

Le dialogue doit reprendre son cours entre chaque parti. La Nouvelle-Calédonie a besoin d’institutions stables et d’une majorité claire. Dans ce contexte, je salue la visite prochaine des représentants de la commission des lois au Sénat en Nouvelle-Calédonie, dans le cadre de l’examen du report de la date des élections provinciales et de la prochaine révision constitutionnelle pour dégeler le corps électoral des provinciales. Cette visite sera l’occasion de poursuivre les discussions et de trouver des solutions concrètes pour avancer vers un accord global.

 


Le COLLÈGUE XOWIE AGACÉ

Le sénateur indépendantiste Robert Xowie dénonce la nomination à l’Assemblée nationale du député Philippe Dunoyer comme rapporteur du projet de loi organique sur le report des élections provinciales. « Comment espérer une quelconque neutralité quand le rapporteur est lui-même partie prenante des discussions en cours entre les mouvements politiques calédoniens ? » pointe le parlementaire UC.

Propos recueillis par Yann Mainguet