Gare au moustique !

Depuis le 25 mai, l’épidémie de dengue a été officiellement déclarée par les affaires sanitaires et sociales. Rien de bien nouveau pour la Nouvelle- Calédonie qui voit revenir les contagions au rythme du retour de la chaleur et de l’humidité. Les autorités redoutent toutefois que cet épisode hivernal se transforme une épidémie incontrôlable au retour des premières chaleurs.

Le moustique est un véritable fléau. Si le paludisme, qui a tué près de 500 000 personnes en 2015 n’existe pas en Calédonie, ce n’est pas le cas d’autres maladies, à commencer par la dengue, le chikungunya ou encore le Zika. Chaque année, le territoire n’échappe pas à une recrudescence des cas de dengue avec le retour des beaux jours. Mais il arrive parfois que la chaleur persistante provoque des épidémies en saison fraîche. C’est précisément le cas cette année, après que la barre des 200 cas a été franchie le 25 mai, les autorités sanitaires ont officiellement déclaré l’épidémie.

Déjà plus de 400 cas

Plus d’un mois après, le décompte se poursuit et atteint désormais plus de 400 cas, sans que l’on sache si l’on a atteint le pic de l’épidémie ou non. Il s’agit d’une épidémie de dengue de type 1 (*). Trois cas importés de chikungunya ont été recensés sans qu’il n’y ait de suites et sept cas de Zika ont été enregistrés sans susciter non plus davantage d’inquiétude. Géographiquement, les cas ont été principalement constatés sur le Grand

Nouméa, en dehors de quelques-uns relevés à Maré et Lifou. Si les épidémies se produisent de temps à autre en saison fraîche, l’importance de celle qui se déroule actuellement fait craindre une explosion du nombre de cas au mois d’octobre, dès le retour des premières chaleurs. Généralement, chaque année connaît une pause de la circulation de la maladie pendant trois à huit mois. Le fait que le virus circule de manière continue n’est pas encourageant. Le risque étant tout simplement de retrouver une mortalité importante, notamment liée aux symptômes hémorragiques de la dengue qui touche 10 % des personnes atteintes.

Un risque réel pour la saison chaude

Et s’il s’agit d’une épidémie relativement modeste, elle est toutefois plus importante que les précédentes, en particulier celles de 2008-2009 et 2013, qui avaient été à l’origine d’une contamination majeure de la population. Le nombre de cas est le double de l’épidémie hivernale de 2008-2009. Et c’est sans compter sur les cas non recensés de personnes qui n’ont pas consulté ou qui étaient porteuses mais sans symptôme. Les autorités sanitaires estiment le nombre de cas réels entre deux et quatre fois supérieur au nombre de cas confirmés notamment par les médecins au travers du réseau sentinelles (lire en encadré). La prudence est donc de mise. Seule la commune de Nouméa propose une information sur la dengue au travers de son site internet. On peut notamment s’y inscrire pour recevoir des alertes par SMS sur les épandages. Pour les autres communes, il est important de respecter les consignes des autorités sanitaires.

*Il existe quatre types de dengue, 1, 2, 3 et 4. Si les symptômes des différentes formes de cet arbovirus sont proches, ils génèrent bien des anticorps différents, d’où les quatre types. En d’autres termes, on est immunisé pour un type lorsque l’on est infecté par ce type mais pas pour les autres.

ATTENTION AUX MALADES !

La dengue, à l’instar du Zika ou du chikungunya, n’est pas une maladie endémique à la Nouvelle-Calédonie, le territoire n’étant pas situé dans la zone intertropicale. Cela signifie que sans cas importé, pas d’épidémie. Le premier cas de Zika a, par exemple, été importé en novembre 2013 (un premier cas autochtone a été confirmé en janvier 2014). Le type 4 de la dengue a pour sa part été importé en 2000 et 2009, un peu avant les premiers cas de dengue de type 3 introduits en 2012-2013.

Ce sont donc bien les malades qui infectent les moustiques en leur transmettant le virus lors d’une piqûre. Le virus se multiplie alors dans l’estomac de l’insecte avant de remonter dans les glandes salivaires qui assureront par la suite la transmission au gré des piqûres.

Il est donc indispensable de consulter à partir des premiers symptômes que sont de fortes fièvres. Selon la Dass, l’idéal, lorsque l’on voyage dans les zones à risque, est de se faire dépister 8 à 10 jours après le retour de voyage.
Une fois à la maison, il faut éliminer les gîtes larvaires qui peuvent se cacher dans les sous-pots, les pneus mais aussi les gouttières. Les Aedes aegypti, qui sont les seuls moustiques vecteurs des arboviroses en Calédonie, sont actifs de jour et dans un rayon de 100 à 150 mètres, soit le rayon dans lequel il faut détruire les gîtes. Les personnes contaminées doivent éviter au maximum de sortir. Étant donné qu’elles sont à l’origine des contaminations, elles doivent se protéger avec des répulsifs et une moustiquaire pendant au moins huit à dix jours.


UN RÉSEAU DE SENTINELLES

En 2010, pour mieux comprendre les épidémies régulières et en l’absence de données, la Direction des affaires sanitaires et sociales avait décidé de mettre en place un réseau de médecins sentinelles sur la grippe. En 2014, pour faire face à la circulation conjointe des virus de la dengue et du Zika, un autre réseau plus spécifique au suivi des arbovirus a été créé. Le territoire ayant vu circuler la dengue, le Zika et le chikungunya, les médecins se sont décidés à fusionner ces deux réseaux et de pérenniser ce nouveau réseau de surveillance.