Filière porcine : la voie du plein air

Des cochons en parcelles à Moindou. / © CAP-NC

S’il constitue une part minime de l’élevage porcin, le plein air a des qualités qui méritent qu’on s’y intéresse, estime Yoann Kerhouas, ingénieur à la Chambre d’agriculture et de la pêche.

Le plein air, c’est l’avenir. En partie du moins. Yoann Kerhouas, ingénieur conseil au pôle animal de la Chambre d’agriculture et de la pêche, est en charge de son accompagnement. « C’est une voie parmi d’autres qui permet à ceux qui veulent faire autrement de se lancer sans gros investissements de départ, mais aussi de répondre aux demandes des consommateurs. » À l’opposé de l’élevage hors sol hérité de l’industrialisation de l’agriculture dans les années 1960-1970. « Ce modèle nous mène un peu dans le mur, estime l’ingénieur. C’est performant mais fragile, notamment vis-à-vis des besoins en céréales, qui sont majoritairement importées. »

La seule contrainte reste l’accès au foncier. Dans le cadre du programme européen PROTEGE, l’ingénieur agronome suit les professionnels ayant adopté cette façon de faire. C’est le cas, depuis deux ans, de l’élevage Mati, à Moindou, à la tête du Collectif des éleveurs de porcs en plein air. Si une partie hors sol a été conservée, ils se sont lancés, dans le cadre d’un projet d’installation d’un jeune agriculteur, avec pour objectif de procéder différemment et de valoriser leurs produits en circuit court. « Quand ils ont vu, la première fois, les cochons dehors, ils ont passé une heure et demie à les regarder, ils retrouvaient leur comportement naturel et semblaient heureux », raconte Yoann Kerhouas, parlant de l’élevage Mati comme d’un « symbole ». « Ils veulent innover et se donnent les moyens de le faire. »

« MARCHÉ DE NICHE »

Il a été démontré que le plein air apporte une viande d’une meilleure qualité organoleptique, poursuit le technicien. « Quand les bêtes sont en bâtiment, les conditions d’élevage peuvent impacter leur état de stress, leur santé et leurs performances de croissance peuvent être altérées. » Le collectif s’est doté d’une charte qui fixe les règles de cette production émergente. Yoann Kerhouas a également partagé ses connaissances en agroécologie.

L’idée est de développer l’autonomie alimentaire. Implanter des systèmes de cultures adaptés aux porcs qui pâturent, changer régulièrement les cochons de parcelle, afin que l’herbe continue de pousser, sont les voies d’expérimentation à développer et évaluer.

Parallèlement, en vue d’améliorer l’autonomie, des tests de mélanges de plantes comme le maïs, la luzerne et les légumineuses sont réalisés dans les parcelles dédiées aux animaux. « Il s’agit d’un marché de niche, mais qui représente un débouché économique », estime Yoann Kerhouas. Certes, la viande serait plus chère, mais certains consommateurs sont prêts à y mettre le prix. « Et les boucheries recherchent différents produits à proposer à leurs clients. » D’autres initiatives sont portées à La Foa, dans le Nord et les Îles, à Lifou et Maré. « Tout est à écrire. »

A.-C.P.