Elizabeth Rivière veut « se battre pour les artisans »

La Chambre de métiers et de l’artisanat est « sortie de l’impasse » le 2 février, après de longs mois de conflit interne. La nouvelle présidente, fleuriste de profession, adjointe au maire du Mont-Dore, compte mettre à profit son expérience politique pour améliorer la défense des intérêts des 11 000 entreprises concernées.

Elle veut « passer à autre chose », oublier le tumulte des derniers mois. « Quand je suis entrée à la Chambre, en 2019, c’était avec la volonté de parler des difficultés des artisans, de les aider. On doit se recentrer là-dessus. »
Elizabeth Rivière, 51 ans, a pris les commandes de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) et les conservera jusqu’aux prochaines élections, en 2024. « On ne pourra pas faire en deux ans ce que l’on aurait dû faire en cinq ans, prévient la présidente, mais on va remettre la Chambre au service des artisans. »

Une histoire de formation

Première étape, « davantage de communication » avec les professionnels. « De nombreux artisans ne connaissent pas l’ampleur des dispositifs de soutien. On doit leur apporter l’information. » Fleuriste, installée à Ducos depuis une dizaine d’années, Elizabeth Rivière a mené sa reconversion à une époque où cette étape délicate était « plus compliquée qu’aujourd’hui ».

« J’ai découvert l’artisanat après vingt ans dans l’administration, à la direction des sports d’une municipalité. Quand j’ai racheté la boutique, je ne connaissais rien à la fleuristerie, admet-elle sans détour. Il n’y avait pas de formation sur le territoire. J’ai commencé à apprendre avec des cours par correspondance, vous imaginez la difficulté… » Les conseils d’une consœur, Peggy, lui feront gagner un temps précieux. Cette épreuve de la reconversion aura fait éclore « un fort intérêt pour les questions de formation », dont elle s’occupe au sein de la Chambre depuis 2019, année de son élection.

Une politique… pour parler aux politiques

Au-delà du petit cercle de la CMA, Elizabeth Rivière était déjà connue au Mont-Dore, où elle réside, côté Sud, « depuis 45 ans ». Militante du Rassemblement « depuis de longues années », élue en 2020 sur la liste d’Eddie Lecourieux, elle occupe la fonction de 4e adjointe chargée du développement économique, artisanal et agricole. Anciennement membre « du cabinet d’un maire », elle compte mettre à profit son expérience de la politique pour « défendre au mieux les intérêts des artisans auprès des décideurs ».

La CMA est moins présente dans le débat public que la Chambre de commerce et d’industrie, qui regroupe globalement de plus grosses entreprises. La présidente veut changer les choses. La nouvelle version de la TGC, et plus largement la réforme fiscale, font partie des sujets sur lesquels elle sera amenée à prendre position prochainement. « Il faut faire entendre la voix des artisans sur ces sujets cruciaux, il faut se battre pour eux. » Pour cela, « il faudra être capable de discuter avec les responsables de toutes tendances, et j’en ai l’habitude. »


 

Une indemnité « extravagante »

Elizabeth Rivière est devenue présidente le 2 février, au terme d’une assemblée générale convoquée par le gouvernement. Comme une majorité d’élus, l’ancienne 2e vice-présidente souhaitait ardemment le remplacement de Daniel Viramoutoussamy, président depuis 2011, critiqué pour un manque de « transparence » et de « dialogue ».

« En arrivant à la Chambre en 2019, j’ai réalisé que l’on ne fonctionnait pas comme on le devait. On voulait faire évoluer le produit, améliorer le service aux artisans, mais on n’était pas écouté. » Un « déclic » a fait surgir la fronde. « On a été un peu bernés par le premier budget. On ne reprochait pas le fait que des indemnités soient versées, mais il y avait un problème de transparence. Et celle du président était extravagante : 650 000 francs, c’était indécent par rapport aux revenus des artisans, d’autant que certains connaissent des difficultés liées au contexte économique. » Le nouveau règlement intérieur, qui devrait être adopté prochainement, proposera une indemnité maximale de 400 000 francs, « conformément à la loi ».

Pour tourner la page des mois de tension, Elizabeth Rivière affiche sa volonté de travailler avec tous les membres de l’assemblée générale, y compris Daniel Viramoutoussamy et ses soutiens. « Ils ont été élus, ce sont des artisans, il faut entendre leurs positions. »

 

Gilles Caprais (© G.C.)