Dumbéa fait aussi le pari du sport pour diminuer la délinquance

De g.à d. : Laurent Calleja, entraîneur de Teddy Riner, Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa, et Gérard Piolet, premier adjoint. / © G.C.

Vendredi 3 novembre, la mairie a signé le permis de construire du dojo de la nouvelle association Apolima sport solidaire. Le projet s’insère dans le plan de revitalisation des quartiers voisins du Pic aux chèvres, à la fois récents et en souffrance.

Au mois de juillet, un « dojo solidaire » a été inauguré aux tours de Magenta, celui des Kimonos du cœur. Toujours sous l’impulsion de Laurent Calleja, l’entraîneur de Teddy Riner, un deuxième club social verra le jour début 2024, cette fois à Dumbéa-sur-mer, du côté du Pic aux chèvres, jeune quartier déjà en souffrance. « C’est une opération très importante, estime Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa. C’est la première pierre du travail que nous effectuons tous ensemble pour revitaliser la zone. »

Le maire a autorisé vendredi 3 novembre le lancement des quatre mois de travaux destinés à transformer un parking au rez-de chaussée d’Apolima, résidence du bailleur social Sud Habitat, en une salle de sport de 400 mètres carrés.

CÉDRIC DO AUX COMMANDES

Le club créé par la même occasion, Apolima sport solidaire, sera multisports. Il y aura évidemment du judo : c’est en vertu d’un partenariat avec la Fédération française que l’État finance l’essentiel du projet. On y pratiquera aussi le crossfit ainsi que des sports de combat. Cédric Do, récent champion d’Europe de boxe thaï, coordonnera les entraîneurs affectés par chaque ligue. Laurent Calleja lui fait entièrement confiance. « Il réalise déjà un gros travail social. Il va chercher des gamins dans les structures pour les faire boxer à 6 heures du matin. À Apolima, on devrait avoir environ 60 % de boursiers. C’est un projet qui lui correspond parfaitement. »

Gérard Piolet, premier adjoint au maire, se réjouit de voir aboutir un programme « qui va dans le sens du bien-vivre ». Car « force est de constater que Takutea, qui fut le premier quartier de Dumbéa-sur-mer, ne fonctionne pas comme on le voudrait ».

PLUS QUE DU SPORT

Dumbéa est « victime de surpeuplement et de délinquance », insiste Muriel Malfar-Pauga, élue de la province Sud, présidente du conseil d’administration de Sud Habitat (ex-Sem agglo). En matière de projets urbains, les bailleurs sociaux ont trop longtemps négligé l’importance de la consultation des habitants et des élus locaux, estime-t-elle. « Pour que ces projets puissent réussir, il faut des partenariats avec les communes. » Fermement convaincue de la nécessité d’« amener le sport dans les quartiers sociaux », Muriel Malfar-Pauga espère mener à bien deux projets similaires dans des résidences de la SIC et du FSH, où elle siège également.

Les activités sportives sont une réponse à la fois pertinente et très incomplète au mal-être de la jeunesse et de la délinquance qui en découle parfois, rappelle régulièrement le sociologue Jone Passa. Dans le cas présent, les partenaires mettent en avant un projet global. Baptisé Apogitea ‒ il couvre Apogoti, Brigitte et Takutea ‒ le plan implique depuis 2022 la mairie, la province Sud, l’État et les bailleurs sociaux, pour une grande rénovation qui vise à la fois « le logement, les commerces et les loisirs », insiste Yoann Lecourieux.

Gilles Caprais

L’État, premier contributeur

La Fédération française de judo est en plein déploiement du dispositif « 1000 dojos solidaires pour 2024 », largement financé par l’État, qui apporte 26 millions de francs dans le cas d’Apolima, sur la quarantaine de millions qui seront investis au total.

La province Sud, dans le cadre de son budget participatif, fournit environ
5 millions. Le bailleur social Sud Habitat met gratuitement à disposition l’endroit pour une durée de cinq ans. Les entreprises du BTP Vinci et Dumez financent respectivement 1,3 et 3 millions de francs.