Duel d’idées dans la rue face au projet de dégel

Militants et sympathisants indépendantistes ont gagné par deux fois les rues de Nouméa en cinq jours. (© Y.M.)

Le projet de dégel du corps électoral provincial, inclus dans la loi constitutionnelle adoptée au Sénat, soulève l’opposition des indépendantistes et la ferveur des Loyalistes-Rassemblement.

Le projet de dégel du corps électoral provincial cristallise les tensions et renvoie même à du vocabulaire disparu depuis les années sombres des Événements. Une myriade de drapeaux indépendantistes a gagné les artères de Nouméa mardi, à peine une semaine après une première mobilisation moins dense. Ces milliers de sympathisants et militants – plus de 30 000 selon les organisateurs et plus de 6 000 d’après les forces de l’ordre -, qui avaient répondu à l’appel de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), s’opposent au projet de loi constitutionnelle visant l’ouverture du corps électoral provincial.

Ce texte, adopté mardi au Sénat, avant son passage à l’Assemblée nationale, puis au Congrès de Versailles, rendra électeurs 12 000 natifs et surtout 13 000 habitants domiciliés en Nouvelle-Calédonie depuis dix ans. La crainte d’ « une recolonisation », claque l’Union calédonienne. « Une colonie de peuplement » avance une large banderole dans la manifestation. Les indépendantistes demandent le retrait du projet de loi.

Soutiens forts de cette initiative législative gouvernementale, les élus Loyalistes et Rassemblements-LR avaient eux réuni quelques milliers de Calédoniens devant le Congrès, jeudi 28 mars, sous le slogan « Y’en a marre », pêle-mêle, de « saboter le dégel du corps électoral », de « sacrifier l’industrie du nickel » ou encore de « la vie chère ». Ces représentants exigent, à travers le dégel, un retour à la démocratie, après les trois consultations d’autodétermination et en vue du prochain scrutin provincial. « On est chez nous ici ! », a clamé la cheffe de file et présidente de la province Sud, Sonia Backès, devant le public.

Pour Victor Tutugoro, président indépendantiste de l’UPM, « il faut changer d’interlocuteurs, car la tension est telle avec le ministre Gérald Darmanin… ». Le signataire de l’accord de Nouméa milite, comme d’autres membres du FLNKS, à la mise en place d’une mission du dialogue, présidée, pourquoi pas, par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, récemment en visite sur le territoire. Un homme qui « avait fait preuve d’impartialité » en fonction à Matignon.

Les élus des groupes Loyalistes et Rassemblement-LR ont fustigé les prises de position du FLNKS, mais aussi la gestion indépendantiste du gouvernement. (© Y.M.)

Y.M.