Du nouveau à la GBNC

La Grande Brasserie de Nouvelle-Calédonie a de grands projets. Déjà présente dans le capital de la Siem, Société des eaux du Mont-Dore, elle a entrepris les démarches pour racheter les parts de Charles Lavoix, actionnaire principal. Elle communique, par ailleurs, sur son souhait d’accroître sa « responsabilité » sociétale dans le pays.

Les dés sont jetés. Alors que Charles Lavoix, président-directeur général, fondateur et actionnaire principal de la Siem, a annoncé vouloir se retirer, son partenaire historique, la GBNC, également dans le capital, veut « logiquement » racheter ses parts « pour poursuivre le développement de l’entreprise ». Une demande va être formulée auprès de l’Autorité de la concurrence, encore représentée actuellement par la Direction des affaires économiques du gouvernement, qui devra examiner si l’opération est ou non de nature à porter atteinte à la concurrence, au nom de la fameuse loi antitrust.

Ce que prévoit la loi

En effet, tout projet de rachat d’une entreprise par une autre ou de fusion est, depuis 2013, soumis à autorisation dès que le chiffre d’affaires total réalisé en Nouvelle-Calédonie par les entreprises concernées est supérieur à 600 millions F, incluant le cas échéant le chiffre d’affaires des maisons mères ou des filiales. Par ce rachat, la GBNC cumulerait plus de 50 % des actions et deviendrait majoritaire dans la Siem. Et le chiffre d’affaires cumulé des deux sociétés dépasse largement le seuil en question : celui de la GBNC est d’environ 6 milliards et, après cette opération, sous réserve de l’autorisation de l’Autorité de la concurrence, il augmentera d’environ 11 % avec l’apport de la Siem « dans la mesure où les ventes restent stables ». Une montée en capital de la GBNC dans la Siem viendrait-elle modifier les équilibres ? Aux yeux de l’entreprise, il s’agit là d’une opération « relativement petite », et qui « n’aurait pas de conséquence négative en matière de concurrence sur le marché ». La GBNC de rappeler que le marché des eaux en Nouvelle-Calédonie est « très compétitif » avec environ 10 acteurs et 20 marques. « Il nous semble qu’après cette opération, le marché des eaux sera mieux réparti entre les acteurs actuels. »

« Développer toutes les entités »

La part de marché des Eaux du Mont-Dore est d’environ 50 %, cependant explique Andy Hewson, président-directeur général de la brasserie, cette part a diminué progressivement d’environ 1 % par an ces 10 dernières années. « Notre volonté est donc de stopper cette tendance à la baisse pour préserver l’emploi local, mais aussi de développer l’activité des Eaux du Mont-Dore en offrant à nos consommateurs une gamme plus large et diversifiée de bières, boissons sans alcool et eaux. » L’objectif principal sur le long terme étant « de développer un portefeuille de boissons de qualité et plus saines, destinées au marché de la Nouvelle-Calédonie, et de commencer à exporter dans la région Pacifique ». Pour ce faire, la GBNC insiste sur la logique et le bénéfice d’une telle opération qui permettrait en particulier d’apporter aux Eaux du Mont- Dore son expertise au niveau international – par la force du réseau Heineken – en matière de production, logistique et ventes. Andy Hewson ajoute qu’il s’agit là d’un « signe fort de confiance de la GBNC dans l’économie locale, la fabrication locale et l’emploi local ». Charles Lavoix a publiquement avalisé cette position : « Je suis fier d’avoir fondé la société aux côtés de la GBNC et je suis fier de voir que la GBNC va poursuivre, avec mon héritage son développement futur. C’est une excellente nouvelle pour l’économie locale et les emplois locaux, car elle permet de poursuivre la bonne gestion et la production de grande qualité. » « GBNC responsable »

Autre grand projet pour la GBNC, la mise en œuvre d’un programme de responsabilité sociétale qui répond à une volonté de « contribuer au développement durable du pays, mais aussi au bien-être de sa population ». Le programme, déjà lancé, repose sur quatre piliers : encourager une consommation responsable et modérée de l’alcool (en interne, chez les clients et consommateurs via des campagnes de prévention et des actions), réduire l’empreinte environnementale (réduction de la consommation industrielle depuis 2013, plan de réduction de la consommation énergétique engagé, installations photovoltaïques, véhicules hybrides à l’étude) ; s’impliquer localement et créer des partenariats avec les communautés (formation, soutien aux évènements sportifs, artistiques, et établir dans la durée d’autres partenariats avec le monde agricole, favoriser l’économie circulaire) ; promouvoir et garantir la santé et la sécurité de tous au travail (programme « zéro accident », certification Iso 22000 pour la sécurité des denrées alimentaires et système HACCP pour l’hygiène). La GBNC insiste en particulier sur sa volonté de favoriser la consommation responsable d’alcool et de poursuivre la modification engagée en 2015 de son portefeuille de boissons sucrées, pour qu’elles soient « moins, peu ou pas sucrées ».


Le dossier à l’étude

Dans un délai de 40 jours ouvrés,
le gouvernement pourra autoriser l’opération ou, s’il estime qu’il subsiste un doute sérieux d’atteinte à la concurrence, engager un examen approfondi. Puis dans un délai de 100 jours, il statuera entre trois possibilités : soit il donnera son feu vert sans conditions, soit il imposera le respect de certaines prescriptions « de nature à apporter au progrès économique une contribution suffisante pour compenser les atteintes
à la concurrence », soit il interdira tout bonnement l’opération.


La GBNC en bref

La Grand Brasserie de Nouvelle-Calédonie est une entreprise calédonienne fondée en 1974 et issue de la fusion entre la GBN (1970) et la GBC (1953), elle même issue de La Glacière (1920). Heineken en est l’actionnaire majoritaire, mais elle compte aussi près de 100 actionnaires locaux. Elle est dirigée depuis 2014 par Andy Hewson, président directeur général. L’entreprise, dont le siège est au 6e km, compte 150 salariés. 20 à 40 personnes supplémentaires viennent renforcer l’équipe en saison chaude. Elle contribue à plus de 600 emplois indirects, compte 900 clients sur tout le territoire et 500 fournisseurs locaux. La GBNC brasse, embouteille et distribue plusieurs marques de bière (Number One, Heineken, Desperados, Havannah et Hinano) et de boissons sans alcool (Amigo, Schweppes, Lipton, Pepsi, Seven Up, Solo). Elle distribue des jus de fruits et de l’eau (Tropicana, Eaux du Mont- Dore, …). La GBNC est l’un des plus importants contribuables de l’industrie avec des contributions fiscales avoisinant les deux milliards de francs par an.


La Siem

La Société industrielle des eaux du Mont-Dore a été fondée en 1987 par un partenariat entre la famille Lavoix et la GBNC. Elle met en bouteille la gamme des eaux du Mont- Dore captée à la base de la source du même nom. Elle emploie 70 salariés. Sa filiale Cienc (Compagnie internationale des eaux du Mont-Dore) est chargée de la distribution des bonbonnes aux particuliers et entreprises du territoire.

C.M