[DOSSIER] Une Nouvelle-Calédonie moins jeune

L’Institut de la statistique le relève : la baisse progressive du nombre moyen d’enfants par femme réduit inéluctablement la part des moins de 15 ans dans la population. (© Y.M.)

Le phénomène est mondial et la Nouvelle-Calédonie a pris une place à bord du train : la fécondité baisse d’année en année, les femmes font de moins en moins d’enfants. Si la pyramide des âges témoigne encore d’une vigueur à sa base, une transition démographique, en cours depuis les années 1990, amène clairement à passer d’une population jeune, avec des taux de natalité et de mortalité élevés, à un vieillissement déclaré avec des taux plus bas. Au point où l’archipel voit désormais son indicateur de référence camper sous le seuil de renouvellement des générations. Le recensement de la population, prévu cette année, permettra d’analyser les tendances à long terme et d’établir des projections démographiques.

De moins en moins d’enfants, des Calédoniens de plus en plus vieux… Finalement, est-ce grave, docteur ? Une évidence : l’équilibre du système de solidarité des plus jeunes envers les plus anciens se fragilise progressivement. Des alertes sonnent au niveau des régimes de la Cafat, du financement des retraites ou de la prise en charge de la dépendance. Les démographes et économistes sont unanimes : l’évolution observée de recensement en recensement doit être anticipée au moyen de politiques publiques adaptées.

Des choix construits et assumés à l’échelle du territoire doivent se faire. Lesquels ? Au moins deux leviers peuvent se présenter. Tout d’abord, instaurer un programme visant à accroître la natalité. Ensuite, développer des actions pour favoriser l’attractivité de la Nouvelle-Calédonie et l’arrivée d’actifs… Un sujet sensible, et pas seulement dans l’hémicycle du Congrès. Les plus optimistes verront aussi une nouvelle économie s’ouvrir, celle des plus de 60 ans. Ce qui nécessitera d’orienter les formations, parce que se créeront de nouveaux besoins, une nouvelle façon de consommer, de nouveaux marchés finalement. Mais sans bouleverser la société. Le défi est de taille.

Yann Mainguet