[DOSSIER] Thierry Santa : « La Maison calédonienne de l’autonomie en place début 2025 »

Outre les secteurs du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, le membre du gouvernement Thierry Santa est chargé de la politique du bien vieillir et du handicap.© Y.M

Le plan d’action « bien vieillir en Nouvelle-Calédonie », finalisé l’an passé, s’appuie sur quatre piliers. L’un d’entre eux propose un guichet unique, notamment en faveur des personnes âgées. Explications de Thierry Santa, membre du gouvernement chargé de la politique du bien vieillir. 

DNC : Pourquoi insister sur la notion du bien vieillir, intitulé d’une politique dont vous avez la charge au gouvernement ?

Thierry Santa : Nous avons tous conscience que l’évolution démographique de la Nouvelle- Calédonie va dans le sens d’un vieillissement de la population. À l’horizon 2030, les plus de 60 ans représenteraient une personne sur cinq. Parmi eux, 23 % auront plus de 80 ans, soit deux fois plus qu’aujourd’hui, indique le plan d’action « bien vieillir » finalisé en mars 2023 [avec le gouvernement, le groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) et l’Agence française de développement (AFD)].

Ce plan fait apparaître quatre piliers au bénéfice des personnes âgées. Le premier propose un guichet unique et un réseau territorial. En province Sud, une structure dédiée, dénommée instance de coordination gérontologique, gère efficacement. Les prestations sont complètes. L’idée est d’élargir ce dispositif à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie afin d’améliorer la couverture territoriale car, hélas, le Nord et les Îles sont est moins bien dotés. Par exemple, il n’y a, dans le Nord, qu’une seule maison de retraite de 26 places, à Koumac. Il n’y en a pas du tout dans les Loyauté. Ce sont essentiellement des aides à domicile.

Quel est l’axe du deuxième pilier ?

Il porte sur la prévention. L’Agence sanitaire et sociale va être concentrée sur les mesures intéressant l’état de santé des personnes âgées. Pour, notamment, accompagner et préparer au bien vieillir.

Le maintien à domicile est le troisième point. C’est une demande très forte des personnes âgées et de leurs familles : la volonté de rester au maximum au domicile, plutôt que de se retrouver dans une structure d’accueil. Cela suppose des services d’aide à domicile pour les courses, le ménage, la cuisine, l’hygiène… La province Sud est largement, voire trop dotée, des structures étant en difficultés aujourd’hui. Ce qui impliquerait des fusions. En revanche, dans le Nord et les Îles, il y a beaucoup à faire, même si des choses existent.

Nous pensons, en outre, aux services infirmiers ainsi que d’hospitalisation à domicile, ce qui n’existe pas encore. Ce service hospitalier ambulant est en réflexion avec le Médipôle. Le quatrième sujet est lié au travail d’accompagnement et de formation des aidants, mais aussi au réseau de structures d’accueil de jour ou temporaires pour les soulager. Certains parlent d’un statut des aidants. Je ne suis pas forcément dans cette logique-là.

Pourquoi ?

Derrière le statut, il y a une notion de rémunération, et je pense que ce n’est pas la solution d’entrer dans cette démarche, parce qu’hélas, elle peut engendrer des dérives, comme le dévoiement des indemnités, nous l’avons observé ailleurs. Je suis plutôt favorable à une réflexion sur une formation des aidants afin de faciliter la poursuite de l’emploi, et sur leur couverture sociale.

« Certains parlent d’un statut des aidants. Je ne suis pas forcément dans cette logique-là. »

Un projet est-il en vue ?

Je me suis concentré sur le premier pôle, c’est-à-dire sur le réseau territorial, car c’est, selon moi, celui sur lequel nous allons nous appuyer pour développer tout le reste. La Nouvelle-Calédonie travaille sur la mise en place d’une Maison calédonienne de l’autonomie, qui aura pour objectif de rassembler en une entité – qui pourra ensuite avoir des antennes – toute l’information dont peut bénéficier une personne âgée. Aides à domicile, services des infirmiers, maisons de retraite, dispositifs seniors comme les réductions dans les magasins, etc., tout sera centralisé. Aujourd’hui, ces données sont dispersées.

Le site principal de la Maison calédonienne de l’autonomie sera installé au sein du GIP HDBV, pour Handicap, Dépendance et Bien Vieillir, qui gère la carte seniors. Ce GIP créé en 2013 est situé pour l’instant en face du Médipôle, dans l’immeuble le Santal. L’idée est, qu’à partir du site, nous ayons des permanences organisées dans toutes les communes, voire dans des centres médico-sociaux provinciaux. Bref, que l’on aille au plus près des habitants.

Quand ce guichet unique pourrait-il voir le jour ?

Mon objectif est que tout soit opérationnel en début d’année prochaine. Il y a aujourd’hui deux systèmes d’information : l’instance de coordination gérontologique et la direction des Affaires sanitaires et sociales. Demain, tout sera fusionné dans un seul et unique système. La collecte d’informations sera beaucoup plus efficace. Ce qui permettra de détenir des données beaucoup plus précises, et très utiles à l’anticipation et à la définition des politiques publiques.

 

Propos recueillis par Yann Mainguet