[DOSSIER] « On essaie toujours d’éviter la fermeture d’une école »

Ces dernières années, la baisse des effectifs en collège « est bien moins soutenue qu’auparavant », note le vice-rectorat. © G.C.

De la maternelle au lycée, la diminution des effectifs est quasi générale. Maintien d’un service public de proximité mais rationalisation des moyens, adaptations rapides mais vision de long-terme… Pour les pouvoirs publics, l’exercice est « délicat ».

Avec 32 450 élèves recensés à la rentrée 2024, l’enseignement primaire de Nouvelle-Calédonie a perdu 7 % de ses effectifs en douze ans. Cette diminution provient en grande partie du Grand Nouméa (16 800 élèves aujourd’hui), où l’évolution globale de -10 % recouvre des situations très contrastées. « Nouméa et Mont-Dore se vident au profit de Dumbéa et Païta », constate Florence Seytres, directrice de l’éducation et de la réussite de la province Sud, qui mène cette année un « travail approfondi » sur la carte scolaire.

Réaffectation des rues, ouverture ou fermeture de classes et d’écoles… L’exercice est « délicat », demande une « fine analyse », et commence un an en avance. « Notre principale préoccupation, ce sont les classes où les effectifs sont trop importants. C’est là qu’il faut anticiper. » La province se fixe un objectif de 25 élèves maximum par classe, ce qui implique notamment du changement du côté de Dumbéa-sur-Mer, où les écoles Dorbritz et Delacharlerie-Rolly sont « quasiment à saturation ». En miroir, celles de Vallée-du-Tir, quartier « qui se vide », sont en sursis.

« IL FAUT TOUJOURS ESSAYER D’ÉVITER DE FERMER »

La baisse d’effectifs y est « inquiétante », confirme Jean-Pierre Delrieu, qui refuse pour l’heure d’envisager une fermeture. « On va préserver Vallée-du-Tir. » Le premier adjoint au maire de Nouméa regarde avec espoir du côté de Sakamoto, où 180 lots seront construits d’ici 2027. « Il y a aura des jeunes couples en primo accession, on a imposé nos conditions au FSH, ce qui annonce, je l’espère, un afflux d’enfants. »

Jean-Pierre Delrieu a déjà été contraint de fermer cinq écoles depuis 2014, dans les quartiers de Tindu, Rivière-Salée (deux fois), Vallée-des- Colons et Anse-Vata. « Il y a de quoi faire une dépression, mais on le fait dans l’intérêt des élèves. Quand on tombe à une douzaine par classe, on perd la dynamique, l’échange socioculturel qui est indispensable. »

À Magenta, la mairie a tenu un raisonnement similaire. « On aurait pu fermer Michel- Cacot », où manquaient les CP. « Mais je me suis dit qu’il fallait réfléchir d’une autre façon. C’est une des seules zones où le foncier est disponible. Il y a de la construction. On essaie toujours d’éviter la fermeture d’une école, parce que la rouvrir dans 20 ans, ce sera encore plus compliqué... » La solution a été une réorganisation au sein du quartier, Christine-Bolletti arrêtant l’élémentaire pour devenir une maternelle.

SECONDAIRE : UNE BAISSE SURTOUT DANS LE PRIVÉ

Du côté des collèges et lycées, la baisse des effectifs est également importante. Les statistiques sont éloquentes : avec 28 650 élèves à la rentrée 2023 contre 32 500 onze ans plus tôt, le taux d’évolution affiche -12 %. Hormis le secteur du Nord-Ouest, qui a connu croissance de 21 %, la chute est générale : -24 % dans les Loyauté, -32 % sur la côte Est, -9 % dans l’agglomération. « La baisse se poursuit principalement dans les établissements privés », analyse le rapport sur les effectifs, publié par le vice-rectorat en 2023.

L’enseignement religieux a perdu près de 2 000 élèves, soit un cinquième de ses effectifs, ce qui explique en grande partie les difficultés de l’Alliance scolaire de l’église évangélique (Asee), liquidée en décembre 2023, ses établissements étant désormais gérée par des associations sous contrat avec la Nouvelle-Calédonie.

« Ce n’est pas parce qu’il y a une baisse de population qu’il faut tout fermer », estime- t-on du côté du vice-rectorat. D’une part, la tendance baissière s’affaiblit. D’autre part, il est essentiel de « maintenir une certaine proximité du service public » dans un territoire où l’indice d’éloignement est déjà « le plus élevé de France ».

Le vice-rectorat est tiraillé entre cet objectif et celui de « ne pas disperser les moyens ». « On est attentif au seuil de fonctionnement correct. Il faut trouver un juste équilibre. » Avec 180 élèves, le collège de Thio est en dessous du seuil des 300, considéré comme un minimum. Mais les facteurs de décision sont multiples. « Si, par exemple, on fermait une école à Ouayaguette, il faudrait envoyer les élèves à Hienghène, avec tous les coûts de transport et d’internat que cela implique. On enlève des coûts d’un côté, mais on les retrouve de l’autre. »

 

Gilles Caprais