[DOSSIER] Les résidences pour seniors doivent s’adapter

La Résidence Magnin accueille des personnes dépendantes mais aussi autonomes. © Y.M.

Face au vieillissement de la population, des Ehpad tels que la Résidence Magnin, ouverte en début d’année, disposent d’une prise en charge des résidents atteints de maladies neuro-évolutives.

La répartition est vite analysée. Selon les chiffres officiels, 70 % des plus de 60 ans vivent en province Sud. Cette population a été multipiliée par plus de 5 en 40 ans. Le groupe Magnin s’est appuyé sur cette évolution pour construire, sur l’ancien site de la clinique du même nom, un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, ou Ehpad, en plein centre-ville de Nouméa. La Résidence Magnin, ouverte depuis le 8 janvier, est la benjamine des structures de ce type et la plus grande du territoire, avec une capacité de 100 chambres et 4 places d’accueil de jour.

La mise en place est progressive, 58 résidents y ont posé leur valise, et « il y a beaucoup de demandes », souligne la directrice, Pauline Vicherat. « Toutes les semaines, des familles viennent se renseigner pour faire entrer leur proche. » Si cette tendance se poursuit, les cent lits devraient être occupés avant la fin de l’année. Facilement.

L’âge moyen des locataires est de 85 ans, assez classique dans ce genre d’établissement. Deux centenaires figurent déjà dans l’effectif. La majorité des résidents – 60 à 70 % – est atteinte de troubles cognitifs à divers degrés. Autrement dit, de polypathologies et de maladies neuro-évolutives telles que Alzheimer et Parkinson, plus prégnantes qu’il y a 40 ans. Car « on vit beaucoup plus vieux », note Pauline Vicherat. Une unité de vie protégée a ainsi été créée au sein de la résidence et des professionnels de santé œuvrent : infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeute, pharmacien, psychomotricien… L’établissement est sécurisé et médicalisé.

« UN MANQUE DE STRUCTURES »

Les familles n’hésitent plus à confier leur parent, car la prise en charge est maintenant trop compliquée. D’ailleurs, sur le territoire, « il y a un manque de structures pour les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer ou apparentée », ajoute la directrice. Qui dit vieillissement de la population, dit coût d’accompagnement de plus en plus élevé. Ce qui peut présager une refonte de la tarification des Ehpad et des versements de la Cafat, le public étant amené à devenir de plus en plus dépendant.

Au sein des résidences Les Orchidées à Ouémo et Les Cerisiers bleus à Trianon, une institution, le schéma est différent. Ces enseignes, gérées en partenariat entre la SIC et la Croix-Rouge française, accueillent des personnes âgées autonomes. « Elles vont se sentir en sécurité, rompre l’isolement » dans ces logements, explique Claire Masson, directrice. « Chacun vit sa vie ici. Nous avons de la demande en permanence ». Les Orchidées comptent 87 résidents, Les Cerisiers bleus, 108, qui bénéficient d’un service de restauration, de blanchisserie et d’animations. Ces locataires vieillissent et les centres ont dû répondre à leurs besoins.

La création de deux postes il y a quelques années traduit d’ailleurs cette nécessité d’un renforcement de l’accompagnement : une infirmière coordinatrice ainsi qu’un travailleur social, qui soutient le résident dans les démarches administratives.

De même, « il y a eu une évolution des activités, avec des exercices d’autonomie et de stimulation », détaille Claire Masson. Sont proposés des ateliers de gym-douce avec un professeur pour le renforcement musculaire et la gestion de l’équilibre, de mémoire avec une psychologue, mais aussi d’art-thérapie « pour se détendre, prendre un temps pour soi ». La mutuelle de santé Malakoff Humanis participe de façon importante à la prise en charge de ces activités.

 


« INVERSER LE PARADIGME »

Pour le membre du gouvernement en charge de la politique du bien vieillir, Thierry Santa, il y a nécessité d’« inverser complètement le paradigme. La Nouvelle-Calédonie doit être à la manœuvre dans la mise en œuvre des programmes au bénéfice des personnes âgées et handicapées ». L’idée est que « les opérateurs ensuite répondent à ces appels à projet et propositions de la Nouvelle-Calédonie ». Le territoire compte 14 Ehpad. Les projets ont très majoritairement germé en province Sud, là où est concentrée une grande part de la population.

D’ailleurs, le 19 mars, la première pierre de l’extension de l’Ehpad de Tina a été posée. L’établissement va étendre sa capacité d’accueil de 31 places supplémentaires. Achèvement des travaux : fin 2025. Néanmoins, « les besoins sont aujourd’hui dans le Nord et dans les Îles », constate Thierry Santa, qui souhaite ainsi réorienter les initiatives d’implantation.

 


ET AU MÉDIPÔLE ?

Le centre hospitalier Gaston-Bourret observe une évolution du nombre de patients de plus de 70 ans. En 2022, la structure en a accueilli 3 030 en hospitalisation complète et, en 2023, 3 217. Ces personnes âgées occupent en moyenne 91 lits sur 501. Sur ces 91 lits, seuls 17, en moyenne, sont situés en service de gériatrie. Les patients sont donc orientés prioritairement vers le service dont dépend leur pathologie.

 

Yann Mainguet