[DOSSIER ] La Nouvelle-Calédonie sur le fil

Gérald Darmanin, visiblement agacé, lors de l'examen du projet de loi constitutionnelle, le 26 mars, au Sénat.© capture d'écran Sénat

Mardi 26 mars, une étape a été franchie au Sénat. Le principe du texte du gouvernement central sur le dégel du corps électoral a été validé. Le processus est enclenché. Le vote solennel interviendra le 2 avril au palais du Luxembourg. La réforme est partie pour suivre son chemin institutionnel. L’exécutif national, qui justifie son action par le fait de n’avoir toujours aucun accord global entre Calédoniens, déroule son calendrier, comme promis. Au risque de ne mettre personne en position de signer quelconque accord. Ce que souhaite tout de même l’ensemble de la représentation nationale, à l’instar de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe en visite sur le territoire.

En congrès, le FLNKS a demandé le retrait du projet de loi constitutionnelle et lancé la mobilisation des militants. Les indépendantistes dénoncent la méthode et promettent de s’opposer jusqu’au bout à ce qu’ils voient comme un passage en force, une « recolonisation ». Les mots sont forts, ils le sont aussi, on l’a vu, chez une partie de la mouvance non indépendantiste qui met en cause leur légitimité, s’insurge contre un régime « dictatorial » et manifeste. Tout cela semble extrêmement fragile.

Comment en est-on arrivés là ? Les indépendantistes ont-ils pris trop de temps pour commencer les négociations et maintenant pour se faire entendre (ils pensent à envoyer une délégation en Métropole) ? Ont-ils eu vraiment l’opportunité de négocier avec leurs partenaires calédoniens ? Aujourd’hui la situation est d’autant plus compliquée par le contexte préélectoral…

Cette instabilité lourde, source de tensions, est accrue par un autre foyer d’inquiétudes, et pas des moindres : le nickel. Et ce, sur deux niveaux. Sur le plan industriel, les directions des usines, frappées par une production indonésienne qui semble inarrêtable, tentent de réduire leurs coûts, avec des effets notamment sur la sous-traitance, et gèrent leurs comptes sans réel horizon. Leur situation financière est critique.

Sur le terrain politique, le pacte sur le nickel, voulu par Bercy pour sauver les complexes métallurgiques, rencontre le mécontentement d’élus du Congrès. Le président du gouvernement, Louis Mapou, tient à ce que les conseillers du boulevard Vauban examinent ce document engageant la Nouvelle-Calédonie. Le patron de l’exécutif sera-t-il habilité à le signer ou non ? Là encore, les rapports sont tendus, aussi bien entre personnalités calédoniennes, qu’au-delà du récif, avec les instances parisiennes.

C.M., Y.M.