[ DOSSIER ] Astiquage, la grande confusion

Le sociologue Jone Passa a donné une conférence-débat sur le sujet de l’astiquage, le 29 juin 2023, aux tours de Magenta, en présence notamment de Petelo Sao (de dos, à droite), président du conseil d’administration de la SIC. (@ G.C.)

La délinquance est le résultat du manque de punition par la violence physique : cette croyance, très répandue dans la société calédonienne, est combattue par la direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse.

Ses pléthoriques dossiers se confondent parfois avec ceux du tribunal correctionnel de Nouméa, qui traite chaque année près de 400 affaires de violence sur mineurs de toutes ethnies et toutes classes sociales. À la barre, il est régulièrement question de coups de poing, de fil électrique, de fers à béton…

Condamnés à un stage de parentalité, des auteurs décrivent la violence comme leur seul moyen de résolution des conflits, faute de mots pour exprimer les frustrations. Interpellé par « l’impuissance » des parents, le sociologue Jone Passa propose une réflexion sur l’astiquage – qu’il n’approuve, ni ne condamne – visant avant tout à souligner le « défaut de parole » qui affaiblit la société calédonienne, et l’incompréhension de deux mondes : celui de la loi de la République en 2024 et celui des anciennes générations, dans la coutume en particulier.

Constatant une « perte de repères » généralisée, Gilbert Tein, ancien président du Sénat coutumier, et Hippolyte Sinewami, grand chef de La Roche, revendiquent l’astiquage comme outil de régulation sociale dans un cadre précis, où la parole reste le principe et la violence physique l’exception, où les aînés ne mélangent pas « correction et maltraitance ».

G.C.