Dominique Katrawa, président du conseil d’administration de la SLN

Dominique Katrawa a été nommé président du conseil d’administration de la SLN, jeudi 16 novembre, et succède à Pierre Gugliermina. Le Calédonien originaire de Lifou arrive dans un contexte de profonde mutation à la SLN qui cherche à réduire drastiquement ses coûts d’exploitation.

Le symbole est fort. Si Dominique Katrawa a largement démontré ses qualités professionnelles, sa nomination à la présidence du conseil d’administration de la SLN est un symbole fort. Il est le premier Kanak à occuper une telle fonction. L’idée de nommer un Calédonien était toutefois depuis un moment sur la table, notamment afin de montrer l’ancrage de la société en Nouvelle-Calédonie.

Mais au-delà du symbole, c’est un bon connaisseur de l’entreprise qui vient de prendre la tête du conseil d’administration. Originaire de Lifou, Dominique Katrawa a commencé sa carrière au Nickel en 2007, après avoir occupé différents postes dans les collectivités et au CESE, désigné en tant que personne qualifiée par le gouvernement. Il entre tout d’abord en tant qu’auditeur interne à la direction administrative et financière du groupe, à Paris. Il revient fin 2010 en Nouvelle-Calédonie pour devenir le secrétaire général de la société. Il est alors en charge des services juridiques et fiscaux, de la communication et des relations avec les parties intéressées de l’entreprise.

Une parfaite connaissance de l’entreprise

Cette connaissance de la SLN et de la Nouvelle-Calédonie sera un atout indispensable au nouvel homme fort du conseil d’administration, qui va devoir mettre en œuvre les profondes mutations nécessaires à la survie de la SLN. Christel Bories, la nouvelle présidente-directrice générale du groupe Eramet, était d’ailleurs présente, jeudi, et n’a pas manqué de rappeler la situation délicate dans laquelle se trouve toujours le métallurgiste calédonien.

D’ici la fin de l’année, la SLN devrait avoir perdu plus de 10 milliards de francs. Des pertes considérables que la reprise des cours a toutefois permis de limiter. Le début de l’année a été particulièrement difficile, tant sur mines, avec le passage d’un cyclone, qu’à l’usine. La seconde partie de l’année a été nettement meilleure et a permis à la SLN d’atteindre son objectif de coût-cash de 4,5 dollars la livre de nickel. Un coût qui permet à la SLN de sortir la tête de l’eau, mais pas de couvrir les investissements. Autrement dit, à ce stade et malgré une certaine reprise des cours, la SLN continue de perdre de l’argent.

Christel Bories a profité de son deuxième passage sur le territoire en quelques mois pour annoncer un nouveau plan de compétitivité. Après le plan SLN 2018, le nouvel horizon est fixé à 2020. D’ici là, le métallurgiste calédonien devra atteindre un coût de production de l’ordre de quatre dollars la livre et pourquoi pas encore moins, comme l’espère Dominique Katrawa.

4 dollars la livre : une question de survie

Comme l’a souligné la P-DG d’Eramet dans une interview accordée à nos confrères des Nouvelles calédoniennes, cet objectif est une question de survie. Si les perspectives sont bonnes pour le nickel pur, notamment en raison d’un boom attendu pour la production de batteries des voitures électriques, ce n’est pas le cas des ferronickels qui sont désormais fortement concurrencés par le pig-iron chinois, un acier peu cher à faible teneur en nickel.

Selon Christel Bories, la SLN ne devrait bénéficier de la hausse des cours liée à l’essor des véhicules électriques que de manière très indirecte. Il se pourrait même que la SLN, qui produit désormais uniquement des ferronickels après l’arrêt des mattes en 2015, n’en bénéficie pas du tout si une rupture devait s’opérer sur le marché du nickel entre le nickel pur et les ferronickels. Dans ce cas, et c’est ce que redoute la direction de la SLN, les cours pourraient bien rester à un niveau relativement faible rendant d’autant plus nécessaire une amélioration de la compétitivité. Outre les réorganisations internes et l’augmentation du temps de travail sur mine, de nouvelles réductions d’effectifs sont prévus via le non remplacement des départs et des départs à la retraite.