[ Dossier ] Dix cases dans l’Histoire

Emmanuel Kasarhérou et Octave Togna, directeur culturel et directeur de l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK), célèbrent avec l’architecte Renzo Piano l’inauguration du centre culturel Tjibaou le 4 mai 1998. (Photo © ADCK-CCT, photogr. Pierre-Alain Pantz)

Éclos sur la presqu’île de Tina en mai 1998, le centre culturel Tjibaou allie la force de la culture kanak et une beauté architecturale unique. L’ancien responsable technique Thierry Plantagenest se souvient des débuts du lieu.

« Il fallait préserver l’environnement. Je me battais pour laisser le site dans l’état où il était », se rappelle Thierry Plantagenest. L’ancien responsable technique du centre culturel Tjibaou, arrivé en novembre 1997 à la presquîle de Tina, pour 17 ans d’activité, garde encore en mémoire la phrase de l’architecte inspiré, Renzo Piano : « l’extérieur est aussi important que l’intérieur ». Cette symbiose entre la beauté naturelle du lieu, entre végétal et lagon, et l’élégance des bâtiments en fait un endroit unique, germé à quelques centaines de mètres de l’espace où a pris vie le festival Mélanésia 2000 en 1975, organisé par Jean-Marie Tjibaou.

Sur proposition du Premier ministre Michel Rocard en 1990, est décidée la construction des locaux de l’Agence de développement de la culture kanak (ADCK) dans le cadre des grands travaux de la République. Son conseil d’administration propose un nom : « centre culturel Jean-Marie Tjibaou ».

DOUBLE PAROI

Sur le terrain de 8 hectares offert par la mairie de Nouméa, se lance en 1995 un chantier, sous le pilotage de la Secal, long de près de trois ans. Le dispositif imaginé était « à la pointe des technologies » observe Thierry Plantagenest, qui a travaillé aux côtés de Renzo Piano, « un Monsieur exceptionnel ». À l’image du système de ventilation. « La double paroi des cases laisse passer le vent, puis le capte avant de le renvoyer vers l’intérieur, dotant ainsi le centre d’une climatisation naturelle », écrivait l’anthropologue Alban Bensa, dans l’ouvrage Nouvelle-Calédonie, vers l’émancipation.

Seul hic, les clips tenant les pièces des panneaux cassaient. « Un point important mais facile à régler » avec des vis et écrous, note l’ex-responsable technique du CCT, qui apprécie toujours « une souplesse dans l’architecture. Tout est un peu mobile ». Le site, baptisé Ngan Jila, La maison des richesses en langue pijé de Hienghène, est inauguré le 4 mai 1998 par Lionel Jospin, alors Premier ministre, la veille de la signature de l’accord de Nouméa.

Yann Mainguet

La plantation du premier arbre, en mai 1995 sur le site de Tina, lance officiellement les travaux, avec Dominique Perben, ministre des Départements et Territoires d’Outre-mer, mais aussi Marie-Claude Tjibaou, Octave Togna, Jean Lèques, Jacques Lafleur ou encore Simon Loueckhote. (Photo © ADCK-CCT)
Le chantier se poursuit en février 1996 sur le terrain de 8 hectares : les espaces bâtis occuperont 8 000 m2, avec une allée centrale de 235 mètres. Un volume global de 800 m3 de bois sera nécessaire pour les dix cases.
(Photo © ADCK-CCT / D. Becker)
Sous le crayon de l’architecte italien Renzo Piano, apparaissent trois types de cases, d’une hauteur respective de 20, 22 et 28 mètres. Les poteaux en lamellé-collé d’iroko sont des œuvres d’art.
(Photo © ADCK-CCT / D. Becker)