Des baleines et des artistes

Alors que va s’initier une Année de la baleine dans le Pacifique, neuf artistes locaux et internationaux ont accepté de mettre leur créativité au service de la sensibilisation du grand public à la protection de ces grands cétacés, espèces emblématiques de notre région.

Nos si chères baleines vont être au centre des intérêts régionaux dans les prochains mois. Le Proe (Programme régional océanien de l’environnement), en charge de la protection et de la gestion durable de l’environnement des îles du Pacifique – et notamment des espèces menacées et migratrices – souhaite initier une Année de la baleine qui servirait de support à une grande campagne de sensibilisation.
À cette occasion, l’antenne calédonienne de l’organisation non gouvernementale Pew a réfléchi à un projet qui puisse s’inscrire dans cette démarche régionale. Suite au succès d’une initiative avec des artistes de la région et le centre culturel Tjibaou aux îles Kermadec, l’occasion était trop belle de renouveler ce partenariat qui place l’art et la création contemporaine au service de la sensibilisation à la protection de l’environnement.

La baleine comme inspiration

Intitulé Des baleines et des hommes pour la protection des océans, le projet rassemble six artistes de Nouvelle-Calédonie : Ito Waia (sculpteur photographe), Kapoa Tiaou (sculpteur), Nicolas Mole (dessinateur et vidéaste), Arnaud Elissalde (photographe), Christelle Montane (peintre), et Sacha Terra (compositeur, programmateur et chanteur). À leurs côtés, trois artistes de la région : George Nuku, sculpteur (Nouvelle-Zélande), John Puhiatau (Niue), l’un des plus grands artistes du Pacifique, écrivain, poète, plasticien et peintre et Ruha Fifita (Tonga), danseuse et peintre sur tapa.

L’idée est de rassembler ces artistes durant des « temps de réflexion », comme ce week-end à l’île Ouen à l’occasion de la Fête de la baleine, pour qu’ils imaginent ensemble (lire ci-dessous) une exposition sur la baleine à bosse, les migrations, la problématique de la protection des océans, la relation à l’igname, la pollution des mers par le plastique, la connexion des peuples avec les océans, les baleines et les autres créatures… Les compétences artistiques et artisanales de la tribu de Ouara seront également mises à contribution pour cette exposition.

Le projet prévoit un certain nombre de résidences, au centre culturel Tjibaou et à l’île Ouen, jusqu’au mois de novembre, durant lesquelles le public pourra voir et participer à l’évolution des créations artistiques.

L’exposition est prévue entre mars et août 2017 au centre culturel Tjibaou. Elle migrera ensuite, entre septembre et octobre, au centre culturel provincial Ponémie de Koné voire à celui de Voh, avant de prendre le large vers d’autres pays de l’Océanie, où elle prendra toute sa signification.


Fête de la baleine à l’île Ouen

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L’île Ouen célèbre la baleine ce week-end et l’événement est envisagé comme « un temps et un espace fondateur » pour le projet Des baleines et des hommes.

La rencontre, qui implique la population de la tribu de Ouara, les artistes et les artisans, doit en effet servir de point de départ à ce projet de résidence et d’exposition et constituera un temps d’immersion propice à nourrir les projets de création.

Initiée par le comité de gestion de l’île Ouen suite à l’inscription, il y a huit ans, de la Nouvelle-Calédonie au patrimoine mondial de l’Unesco, cette fête coordonnée également par la province Sud, Tourisme Grand Sud, en partenariat avec des associations, propose au public des ateliers de sensibilisation, de valorisation culturelle de certaines pratiques traditionnelles en lien avec la baleine, la découverte des oiseaux de l’île Ouen, des animations autour des tortues et des entretiens avec les associations de protection des espèces et de l’environnement.

Renseignements : www.destinationgrandsud.nc


Nicolas Mole

(Nouvelle-Calédonie / Dessin, animation, vidéo)

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« Ce sont toujours des défis intéressants à mener et c’est toujours enrichissant de rencontrer des artistes extérieurs au pays. J’ai déjà abordé l’environnement dans mes travaux et je suis sensible à ces thèmes-là. Et en matière de sensibilisation, je pense que l’art apporte une autre approche, peut-être moins rébarbative et plus efficace et c’est bien de passer le message aux enfants qui sont nombreux à voir ce genre de projets. Après, concrètement, on ne sait pas où cela va nous mener, ce sera la surprise !»

 

 

 

 

 

 

Ito Waia

(Nouvelle-Calédonie / Peinture, sculpture)

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« La baleine est une référence culturelle dans la tradition du calendrier de l’igname. Mais aussi, très important, elle navigue dans un courant marin qu’on appelle la thermohaline qui permet justement de donner la vie aux espèces sur Terre. L’océan est le plus grand poumon du monde, avant les arbres, et c’est important que les gens prennent conscience de notre biodiversité. On ne peut pas parler d’avenir sans tenir compte de cette biodiversité. Personnellement, je suis impliqué dans la protection de l’environnement parce que je veux apporter une garantie pour l’avenir. Sur ce projet, je vais continuer à ouvrir des portes en travaillant avec mon appareil photo. La photo est une passion et j’ai envie d’aller plus loin. Ce sera enrichissant de travailler avec les autres. »

 

 

 

Ruha Fifita

(Tonga-Brisbane / Danse, peinture sur tapa)

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« Je suis ravie de faire partie de ce projet. C’est intéressant artistiquement de participer à la création d’une exposition collective. Et c’est fantastique en tant qu’Océanienne et Tongienne de s’inspirer de ces créatures. Personnellement, je viens de village de Vava’u, à Tonga, situé à l’embouchure d’un canal qui est témoin de la migration des baleines. Mais contrairement à ici, j’ai l’impression que nous avons perdu avec le temps la connexion avec ces espèces. La société a beaucoup changé avec le développement. J’ai senti que j’avais quelque chose à dire, un message à faire passer peut-être. Je viens de passer trois semaines chez moi pour préparer les matériaux… et je suis déjà très inspirée. »

 

 

DNC / Arnaud Elissalde