Des avancées pour le service civique

Le service civique calédonien est en cours d’élaboration. Le gouvernement a adopté mardi matin en collégialité la possibilité de verser les allocations aux familles d’enfants intégrant les différents dispositifs. Une pierre de plus à l’édifice de ce projet qui est loin de faire l’unanimité.

Devoir en profondeur la politique en faveur de la jeunesse. C’est tout l’objectif du projet éducatif qui s’applique depuis la rentrée et qui va encore se décliner avec l’instauration du service civique. Le dispositif prévoit trois parcours en fonction de la situation des jeunes et de leur âge, l’idée étant qu’en bout de course, ils aient pu acquérir un minimum de compétences leur permettant de s’insérer socialement. Le premier parcours concerne l’école, donc les élèves normalement scolarisés. Le dispositif prévoit l’enseignement d’instruction civique et la transmission de valeurs communes. Le second dispositif, « engagement et accompagnement » s’adresse aux quelques 600 jeunes âgés de 16 à 18 ans qui quittent chaque année le système scolaire sans diplôme. Quatre options seront proposées. La première sera la mise en place d’outils permettant le maintien à l’école. La seconde consiste à élargir l’accès à la formation professionnelle continue, pour les 18 ans et plus pour le moment. La troisième option prévoit le développement des formations par alternance, comme l’apprentissage, les missions de service civique en alternance ou encore les contrats de professionnalisation. La dernière alternative passe par la création de la maison du service civique « pour les plus éloignés de l’inclusion sociale ». La structure pourrait prendre en charge entre 60 et 80 jeunes et reposerait sur le principe des Épide (établissements pour l’insertion dans l’emploi, lire par ailleurs).

Des questions en suspens

Le projet de loi du pays, adopté mardi par le gouvernement, prévoit la possibilité de servir les prestations familiales aux familles des jeunes inscrits dans ce parcours, ce qui était déjà le cas des jeunes inscrits dans des formations en alternance. Ce deuxième parcours a suscité des réserves de la part du Conseil économique social et environnemental. Le CESE souligne que le public concerné est « en rupture avec le modèle social commun ». Avant d’intégrer des formations, il estime donc que ce public nécessite l’acquisition de compétences psychosociales de base, transmises par des éducateurs spécialisés et non de simples « conseillers » ou « informateurs ».

Une autre question se pose par ailleurs, celle du caractère obligatoire de ce parcours. La Maison du service civique sera en charge de s’assurer de l’assiduité des stagiaires. Dans le cas contraire, comment obliger les jeunes à suivre ce parcours ? Quelles sont les sanctions envisagées ?

Le caractère obligatoire pose également question pour le troisième parcours, le « service civique citoyen pour tous ». Ce service calédonien a pour vocation à permettre aux jeunes de partager des valeurs communes, républicaines et océaniennes. Le CESE estime qu’il pourrait être contreproductif d’obliger les jeunes alors qu’il s’agit de promouvoir l’engagement citoyen. La question du financement inquiète par ailleurs les représentants de la société civile, même si une partie devait être intégrée dans les contrats de développement. En fonction de la durée de un à six mois, le coût serait compris entre 850 millions de francs et plus de cinq milliards de francs. Autre écueil, le CESE regrette que les futurs principaux partenaires de la mise en œuvre de ce service pour tous n’aient pas été consultés, notamment la MIJ. D’une manière plus générale, le monde associatif n’a pas été associé ou de manière partielle aux réflexions alors qu’il aura un rôle essentiel dans la réussite du SCC. Des associations qui, par ailleurs, ont vu leurs subventions se réduire et donc leur capacité à assurer la prise en charge des jeunes.

M.D


Les Épide, des établissements originaux

Les établissements pour l’insertion dans l’emploi sont des structures qui accueillent les jeunes les plus éloignés de l’emploi. Les jeunes sont intégrés dans un cadre d’inspiration militaire impliquant l’internat et l’apprentissage des règles de vie en communauté. Créé en 2005 par le ministère de la Défense, la prise en charge était essentiellement assurée par d’anciens militaires. Les équipes sont désormais un peu plus ouvertes et permettent d’offrir une meilleure pluridisciplinarité aux volontaires qui pourront acquérir des formations générales et spécialisées.


Une convention pour le service civique universel

Une convention a été préparée par le gouvernement afin que le service civique universel métropolitain puisse être une alternative au service civique calédonien. Une façon de faire des économies puisque le financement serait alors assuré par l’État. La convention devrait être signée mi-mars, à l’occasion de la venue d’Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer.