Demi-classes : le choix de la province Nord fait débat

Effectifs complets de la maternelle au lycée, pas de masque obligatoire avant le collège : les décisions du gouvernement, des provinces Sud et des Îles sont accueillies favorablement par les syndicats et les associations de parents d’élèves. La stratégie de la province Nord, en revanche, suscite une certaine incompréhension.

« On s’interroge sur le bien-fondé de ces décisions. » Rassuré par les annonces du gouvernement et du vice-rectorat lundi, Christophe Dabin (syndicat UT CFE-CGC) a déchanté le lendemain, lorsque la province Nord a dévoilé sa propre stratégie pour le primaire. Justifié par le fort taux d’incidence, le protocole sera similaire à celui de la fin d’année 2021 : la rentrée aura lieu en deux temps, le 14 puis le 21 février, le masque sera obligatoire dès le CP, et les autotests seront hebdomadaires. « Les enseignants ne comprennent pas une telle différence de procédure, et les parents se posent beaucoup de questions, puisqu’ils devront trouver des solutions pour garder leurs enfants une semaine sur deux. »

Pour Benoît Lamothe (Fédération des fonctionnaires), il est « difficile de juger » ce choix. « La province Nord préfère prendre des précautions supplémentaires. Si cela rassure les parents et les enseignants, je n’y vois pas d’inconvénient, d’autant que cela ne doit durer que jusqu’au 28 février… Mais une chose est sûre, les enfants ont besoin de revenir à l’école rapidement. »

Jean-France Toutikian, secrétaire de l’UGPE.

Christophe Dabin, secrétaire général pour l’enseignement primaire à l’UT CFE-CGC.

Benoît Lamothe, secrétaire général pour l’enseignement à la Fédération des fonctionnaires.

Erick Roser, vice-recteur.

 

« Un gros effort de remise à niveau »

« Il est pénible qu’il n’y ait pas d’uniformité, déplore Sylvain Hons, président de la Fédération calédonienne des parents d’élèves (FCPE). L’an dernier, avec la demi-jauge, beaucoup d’enfants n’étaient pas revenus en classe en fin d’année. À mon avis, il faudra un gros effort de remise à niveau, même si je ne m’inquiète pas trop. On peut faire confiance à nos enseignants. » Jean-France Toutikian, secrétaire de l’Union des groupements de parents d’élèves (UGPE), ne se fait pas davantage de soucis. « Il y a tellement de répétitions dans les programmes scolaires que ça ne devrait pas poser de problèmes. Il n’y a que le CP, classe de l’apprentissage de la lecture, qui peut nous inquiéter. »

Christophe Dabin n’est pas du même avis. « Le fort taux d’absentéisme de fin 2021 signifiera un surcroît de travail important pour les enseignants et les nouvelles mesures ne vont rien arranger. » L’UT CFE-CGC sera attentive à leurs réactions au cours des prochaines semaines. « Si la situation est intenable, on verra si l’on organise quelque chose. »

Pas assez de remplaçants

Quant aux décisions du gouvernement et du vice-rectorat, suivies par les provinces Sud et des Îles, les syndicats et associations de parents d’élèves en sont globalement satisfaits, notamment concernant le port du masque, non obligatoire en primaire, « qui était traumatisant pour les plus petits », salue Sylvain Hons (FCPE). Jean-France Toutikian (UGPE) aurait aimé aller plus loin et préconiser « une liberté du port du masque, pas une obligation » dans le secondaire. Il émet une autre critique. « Il y a quand même eu un manque de préparation. On aurait aimé être associés aux décisions dès la mi-janvier et pas attendre les choix d’un comité que nous ne connaissons même pas. »

Tous se rejoignent sur une inconnue : le taux d’absence des professeurs. « Ce qui est sûr, c’est que les remplaçants ne seront pas assez nombreux, assure Benoît Lamothe. Que faire quand les professeurs sont malades ? Et quid de l’obligation vaccinale ? Il nous faudra des réponses à ces questions. »

 

Gilles Caprais (© UGPE, Archives DNC et A.-C.P.)