Délinquance et addictions

Réuni en début de semaine, le Conseil provincial de prévention de la délinquance s’est penché sur les chiffres, faisant, le constat que les vols sans violence, les coups et blessures volontaires et les vols de véhicules progressent et atteignent des niveaux supérieurs à ceux enregistrés tant en métropole qu’ailleurs outre- mer. Les solutions envisagées se conçoivent, hélas pour la plupart d’entre elles, à moyen ou long terme et ne répondent pas aux attentes de la population. 

Il est sans doute une donnée que les acteurs politiques et institutionnels ont du mal à prendre en compte, c’est l’urgence. L’urgence à mettre en œuvre des solutions pour éviter que l’exaspération de la population ne se termine en dérapages successifs. Que ce soit le haut- commissaire, le procureur de la République ou les autorités locales, à savoir le président du gouvernement ou le président de l’assemblée de la province Sud, tous adoptent certes une attitude de fermeté vis-à-vis de cette délinquance qui pourrit la vie des Calédoniens et dont les conséquences, à dix-huit mois du référendum de sortie de l’Accord de Nouméa, pourraient s’avérer désastreuses, mais ils se refusent à passer la vitesse supérieure qu’exige la situation.

Si les renforts de policiers et de gendarmes sont bien arrivés ou sont en voie d’acheminement, c’est évidemment un bon point. Reste toutefois à savoir quelles seront exactement leurs missions et quels seront les ordres reçus en provenance du Gouvernement et notamment du ministère de l’Intérieur. Car, ce qui apparait le plus insupportable aux yeux des victimes, mais aussi souvent des forces de l’ordre elles-mêmes, c’est bien de voir des délinquants immédiatement remis en liberté après leur interpellation, à cause de leur jeune âge, de l’absence de récidive ou encore de l’impossibilité pour la système judiciaire de faire exécuter les peines auxquelles ils devraient être condamnés. Le taux d’élucidation des crimes et délits a beau être supérieur ici par rapport à la métropole, ce n’est bien entendu pas suffisant si, une fois identifiés, les auteurs de faits délictueux ou criminels se retrouvent dans la nature.

Que dire encore d’individus identifiés, dangereux et armés, dont le pédigrée fait souvent état de condamnations, bien connus des services de police et de gendarmerie pour reprendre l’expression consacrée, et qui n’ont pas fait à ce jour l’objet d’opérations spécifiques afin d’être mis hors d’état de nuire. Soit en effet, il s’agit de marginaux, dangereux y compris pour leurs proches, peu nombreux et non organisés, et alors il est difficile pour tout un chacun d’admettre qu’ils ne soient pas sous les verrous, soit la situation n’est pas celle qui nous est proposée, c’est-à-dire que ces voyous bénéficient de complicités ou qu’ils sont considérés comme de possibles détonateurs dans un climat politique sous haute tension. Si c’est le cas il vaudrait mieux le dire que le taire.

Des solutions

Face à une délinquance, notamment du fait de mineurs ou de jeunes majeurs, qui s’est nettement aggravée au cours des derniers mois, ce dont conviennent d’ailleurs les autorités officiellement (c’est dire la gravité de la situation), les Calédoniens exigent des mesures fortes, coercitives et généralisées. Ils pensaient, naïfs, qu’un centre éducatif fermé pourrait être l’une des solutions.
Les experts métropolitains sont formels, c’est non : trop cher, inadapté et d’un autre âge. Cet avis sera suivi. Ils pensaient, présomptueux, que l’instauration d’un service militaire sous une formule nouvelle permettrait de redonner à notre jeunesse le sens des valeurs et du respect. Ils auront sans doute sous peu un service civique dont la durée sera inférieure à six mois, sans doute le plus souvent un mois pour les garçons et les filles de 17 à 25 ans pour permettre « l’apprentissage des valeurs de la République, des valeurs océaniennes et de la citoyenneté (on ne sait pas laquelle, mais on s’en doute un peu NDLR) ».

Ils espéraient, crédules, qu’un véritable plan de lutte contre les addictions soit mis en place rapidement, d’autant qu’il est prêt depuis trois ans. Les petites manigances politiciennes sont passées par là. Des mesures restrictives seront sans doute finalement adoptées cette année au Congrès, revendiquées par Calédonie ensemble évidemment, mais n’iront pas au fond des choses. Que dire enfin du cannabis dont les autorités feignent d’ignorer la dangerosité au prétexte qu’il s’agirait d’une pratique « culturelle ». Faut-il rappeler que la consommation, la vente ou la production sont interdites. Là aussi, la loi doit être respectée, les trafiquants souvent connus, condamnés et les consommateurs inquiétés, financièrement notamment.

Ils espéraient, candides, la fin du laxisme et le retour à l’autorité. Pour ce faire il n’existe qu’une seule solution, elle passe par les urnes ici comme en métropole. Si les responsables politiques ne répondent pas à vos aspirations, changez-en, vous en avez le pouvoir.

C.V.