Dans deux ans, le Havannah II

Le Havannah 2 est un ferry mixte fret et passagers de 75 m de long et 17,80 m de large. Sa vitesse de croisière est de 13 nœuds. Il devrait nécessiter l’embauche d’une vingtaine à une quarantaine de personnes. (© Mauric)

La Compagnie maritime des îles (CMI) envisage la construction d’un navire mixte fret et passagers depuis plus de cinq ans. La direction assure que ce projet n’avait pas pour but de remplacer le Betico 2. Explications.

♦ UN NOUVEAU BATEAU

Le Havannah 2 est en réflexion depuis plus de cinq ans. La Compagnie maritime des îles ayant déjà assuré le transport de passagers, elle a « décidé de relancer cette activité ». Le navire est destiné « à garantir la pérennité de la CMI » en remplacement de l’Isan, l’actuel bateau de la compagnie, explique Thomas Quiros. Le directeur précise que « le Havannah 2 n’a pas été fait pour remplacer le Betico 2 ». C’est le président de la province des îles Loyauté qui se serait rapproché d’eux « afin d’examiner dans quelle mesure nous pourrions fiabiliser et améliorer la desserte des îles ».

♦ NOVEMBRE 2025

Le ferry mixte fret et passagers a été commandé en décembre 2023, avec du retard. « Nous avons perdu deux ans avec la crise Covid, puis la guerre en Ukraine a fait exploser les prix des chantiers. » Son arrivée est prévue en novembre 2025, après vingt mois de construction. « Le contrat est signé et le chantier est en préparation, nous attendons l’agrément de la défiscalisation qui est imminent. » Un accord de principe a été obtenu il y a un mois. « Nous n’attendons plus que l’accord officiel. » Le bateau doit être conçu à Batam, sur une île indonésienne en face de Singapour, connue pour ses chantiers navals. « Le meilleur rapport qualité, conformité et coût. »

♦ À BORD

Jusqu’à 1 900 tonnes de fret peuvent être chargées à bord, conteneurs secs et réfrigérés, tout type de matériaux en vrac, voitures, camions-citernes, engins de chantier… Le Havannah 2 dispose d’une capacité de 600 000 litres de gasoil en soute et peut accueillir 250 passagers, dont l’embarquement devrait se faire à Nouville. Il offrira « un grand confort, davantage d’espace, des services de restauration et une qualité de transport améliorée », et sera doté « d’un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite et d’une infirmerie ». Ces aménagements, le navire à grande vitesse pour l’Île des Pins sur lequel travaille la CMI devrait également en être pourvu. Il s’agit d’un monocoque de 350 places. Au-delà de Kunié, le NGV viendrait aussi en renfort du Havannah 2 sur les autres îles.

La CMI travaille également à un projet de navire à grande vitesse pour l’Île des Pins. (© Mauric)

♦ DESTINATION ÎLES LOYAUTÉ

La future embarcation fera escale à Maré, Lifou et Ouvéa, qui n’est plus desservie par le Betico 2 depuis 2020, ainsi que l’Île des Pins. D’après ses projections, la CMI compte transporter plus de 24 000 passagers à l’année vers les Loyauté, voire « plus de 30 000 en fonction des besoins ». À quel prix ? Il est encore trop tôt pour le dire, le tarif n’a pas été fixé, indique Thomas Quiros, qui précise : « nous allons essayer d’être le plus compétitif possible et même d’être inférieur au prix actuel ». L’ouverture d’une ligne mensuelle est aussi attendue entre la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu, une desserte déjà opérée par la compagnie pendant dix ans, entre 2002 et 2012.

♦ UN AUTRE MODÈLE

Le directeur estime qu’il « faut accepter de reconsidérer le transport maritime en Nouvelle-Calédonie et adopter un modèle plus sûr et viable en s’appuyant sur les professionnels privés ». Il mise sur la fiabilité de la desserte pour les passagers comme pour le fret, mentionnant également les « aléas » de l’aérien, dont « le prix est sans commune mesure avec le maritime ».

L’autre enjeu, pour la CMI, la viabilité économique. « Il est bien connu que le système de desserte actuel de passagers subit d’importantes pertes régulières. » Le partenariat public-privé représente « une première » dans ce secteur et « la solution pour sortir par le haut de nos difficultés économiques ». La CMI assure que « l’institution responsable des populations » aura « un regard permanent sur la gestion de sa desserte ».

 

LA SOCIÉTÉ

La Société d’exploitation financière (Sodexfi) a pris le contrôle exclusif de Transiles, Marifret et la Compagnie maritime des îles (CMI), qui exploite l’Isan. Sodexfi sera remplacée par la New Shipping Compagny (NSC), dans laquelle la province des Îles a annoncé prendre une participation à hauteur de 27 %.

LA CONCURRENCE

L’Autorité de la concurrence a examiné les risques d’atteinte à la concurrence que ferait peser l’entrée de la province des Îles dans le capital de la NSC par le biais éventuel d’avantages financiers et non financiers. Les parties se sont engagées, pour une durée de dix ans, à soumettre à l’agrément préalable de l’Autorité toute décision d’octroi à la CMI d’une aide financière sous la forme d’une subvention, d’un apport en compte courant ou sous toute autre forme, de la part de la province des Loyauté ou de toute entité qu’elle contrôle directement ou indirectement et, d’autre part, en s’engageant à ne pas bénéficier de la part de la PIL d’un traitement plus favorable que celui de ses concurrents pour l’accès aux infrastructures portuaires.

 

Anne-Claire Pophillat