Congrès : Thierry Santa, bien parti pour un troisième mandat au perchoir

Le renouvellement du bureau du Congrès et l’élection de son président se tiendront mercredi prochain, 19 juillet. Sauf improbable coup de Jarnac, Thierry Santa devrait conserver son perchoir au bénéfice de la plateforme Gomès-Frogier- Yanno et avec le tacite assentiment des autres formations. À quinze mois du référendum, les institutions ne cherchent pas l’aventure…

Arithmétique inchangée. – Vingt-cinq élus indépendantistes ; vingt-neuf non- indépendantistes : l’arithmétique du Congrès n’a pas changé à l’issue du scrutin législatif. Et, fort logiquement, un loyaliste devrait encore s’asseoir mercredi prochain dans le fauteuil de président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

La plateforme à l’œuvre. – Si l’on reste fidèle à l’esprit de la plateforme, signée par quatre formations loyalistes entre les deux tours des législatives, Calédonie ensemble, le MPC de Gaël Yanno et le Rassemblement – Les Républicains devraient présenter une candidature commune, puis faire liste commune pour les vice-présidents et les commissions du Congrès. Quelle sera l’attitude de Sonia Backes et des élus qui la soutiennent ? Certainement pas un vote en faveur d’un candidat indépendantiste, comme tentent de le faire croire certains blogs !

Roch Wamytan en challenger ? – Côté indépendantiste, la démarche unitaire devrait aussi l’emporter, comme lors des trois années passées. Les groupes UC et Uni-Palika devraient présenter une candidature commune au perchoir : Roch Wamytan tiendrait une nouvelle fois la corde, dit-on. Mais si la logique des blocs est respectée, l’unité sera insuffisante pour espérer l’emporter. Sauf à fortifier un peu plus le FLNKS à l’approche de 2018.

Dialogue et consensus. – Thierry Santa, qui termine son deuxième mandat au perchoir de l’hémicycle du boulevard Vauban, est candidat à sa succession. Son esprit de dialogue et sa recherche permanente du consensus le font apprécier au sein de sa famille politique et respecter chez les indépendantistes. Naturellement, il a associé toutes les formations politiques aux décisions de bureau du Congrès comme à la vie de l’assemblée délibérante, qui s’est largement ouverte à la société civile.

Ouvrir le Congrès aux Calédoniens. – Ni arrogant pour les uns, ni repoussoir pour les autres, Thierry Santa est d’un « parfait » équilibre en cette période de préparation du référendum d’autodétermination. Un équilibre qui sied aux indépendantistes aussi, même s’ils ne l’affichent pas en ces termes. En briguant un troisième mandat, le président sortant poursuit en outre un double objectif : continuer d’une part sa politique d’ouverture de l’assemblée aux Calédoniens au travers du Congrès des jeunes, de rendez-vous comme les Essentiels ou, plus festifs, le concours photo ou les soirées culinaires des communautés…

Des « initiatives » avant le référendum. – Se servir, d’autre part, de sa présidence de la première institution de l’Accord de Nouméa pour « prendre des initiatives » et favoriser le dialogue avec les indépendantistes. Bien évidemment dès demain, soit avant le référendum. Thierry Santa marche dans les traces de Pierre Frogier : voilà qui ne surprendra personne. Quelles initiatives ? Thierry Santa reste encore quelque peu évasif : normal, il est « en campagne » !

« Échanges et vœux ». – Mais le Congrès abrite par essence le lieu de tous les échanges, de tous les débats… et de tous les conciliabules. Thierry Santa évoquait également sur les ondes de RRB la possibilité de faire voter des vœux à l’assemblée délibérante. Avec certainement l’interdiction de ne pas écorner la sacrosainte question du référendum, qui conduirait à une levée de boucliers immédiate, tant à droite que chez les indépendantistes, d’ailleurs.

Agenda chargé ! – Quoiqu’il en soit, les allées du Congrès seront très fréquentées dans les prochains mois et le nouveau président de l’hémicycle aura du pain sur la planche : c’est lui qui devra faire adopter par son assemblée et aux 3/5e le libellé de la question référendaire qui sera transmise à l’État, dans moins d’un an.


Suite à un recours : le gouvernement bizarrement entre parenthèses

Tout était plié, disait-on. Philippe Dunoyer avait théoriquement jusqu’au 19 juillet pour choisir entre son mandat de député et sa casquette de membre de l’exécutif calédonien. Bien évidemment, la question n’a jamais fait débat dans son esprit et il s’apprêtait à rendre les clefs du coffre à Philippe Germain, lors de ce qui devait être la dernière réunion hebdomadaire du gouvernement, mardi, 18 juillet. Philippe Gomès, suivant sur la liste Calédonie ensemble se récusait et cette fois, le gouvernement tombait, la veille du renouvellement du bureau du Congrès : timing parfait. Sauf que Manuel Millar, candidat aux législatives dans la 2e circonscription avec 0,41% des suffrages (soit 155 voix), a déposé un recours en annulation des deux scrutins calédoniens et donc de l’élection de Philippe Gomès et Philippe Dunoyer. Rien de moins ! Évidemment, il n’y a qu’une micro-chance que les arguments soient retenus. Mais d’ici à ce que le Conseil constitutionnel l’examine (il n’est pas tenu à un délai et ce sont les vacances en Métropole), Philippe Dunoyer pourrait cumuler les deux casquettes de député et de membre du gouvernement. Reste que personne n’a vraiment envie d’un exécutif bancal et Calédonie ensemble pourrait demander au président Germain de démissionner avant que la situation ne devienne plus ubuesque encore.

M.Sp