Congrès du FLNKS : unité et divergences

Réunis à Nimbaye, sur la côte Est, les instances du FLNKS se sont retrouvées le week-end dernier pour un congrès très attendu en ce début d’année électorale, alors que s’ouvre la période de révision des listes spéciales et référendaires.
Si toutes les composantes du Front ont effectivement répondu à l’invitation, il ressort de ce congrès qu’en dehors d’un accord général sur la finalité de la démarche, à savoir l’accession de la Nouvelle-Calédonie au statut de pleine souveraineté, les indépendantistes restent largement divisés sur les autres questions. Mais ces dissensions sont-elles vraiment un obstacle ?

Que ce soit pour Daniel Goa, le président de l’Union calédonienne ou pour Charles Washétine, le porte-parole du Palika, le congrès de Ponerihouen aura au moins permis d’être en phase sur un point : les deux principales composantes du FLNKS réaffirment leur position sur un projet politique pour la sortie de l’Accord de Nouméa. Sans surprise, il s’agit évidemment de l’accession à l’indépendance, l’avènement d’une république de Kanaky annoncée comme pluriethnique, solidaire et totalement souveraine.

À ce jour, les modalités reprennent peu ou prou les éléments contenus dans la « constitution de 86-87 » tout en tenant compte, comme l’a indiqué Gérard Reignier, le secrétaire général de l’UC, des acquis des accords de Matignon et de Nouméa. C’est là, la base d’un accord qui occulte toutefois des points de divergence majeurs notamment en matière de gouvernance ou encore d’économie. Mais cet accord constitue pourtant la base, le socle du FLNKS : c’est peut-être une surprise pour certains, mais oui, les indépendantistes sont indépendantistes. Ils le resteront d’ailleurs, quel que soit le verdict des urnes en octobre ou novembre 2018, c’est sans équivoque. En miroir, le camp d’en-face est loin aujourd’hui de présenter la même unanimité, même si les mots le font croire.

Mais si les composantes du FLNKS sont en accord sur ce point, elles ne le sont plus du tout dans les autres domaines évoqués à l’occasion de ce congrès. Les responsables de l’UC et du Palika restent ainsi en rupture sur la question des échéances nationales de cette année. Les premiers confirmant qu’ils n’y participeront pas en tant que force politique, tout en n’interdisant pas à leurs sympathisants de prendre part au vote, alors que les seconds ont confirmé qu’ils présenteraient des candidats et qu’ils battraient la campagne en leur faveur, ce qui leur permettra aussi de sensibiliser leur électorat sur les enjeux de 2018.

Le climat de Nimbaye n’a pas permis non plus de solder les divergences entre les deux formations sur le dossier de l’inscription automatique ou non des Kanak sur la liste électorale référendaire.

L’autre voix indépendantiste

On sent manifestement derrière la dialectique des intervenants de l’un et l’autre de deux partis que si l’on est d’accord pour dire que le maximum de ceux qui ont la qualité de pouvoir s’exprimer doivent être inscrits sur la liste, un différend subsiste que la manière d’y parvenir. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les quatre composantes du FLNKS ont acté la nécessité de se revoir avant le référendum de 2018, idéalement en décembre de cette année.

Tout cela est donc finalement sans grande surprise et il apparaît, au sortir de ce congrès, que les indépendantistes sont en capacité de s’unir à l’approche de l’échéance majeure que constituera le référendum de sortie de l’Accord de Nouméa. Même si des divergences profondes agitent encore et toujours le FLNKS.

Seulement il existe aujourd’hui une autre voix qui se fait entendre et qui revendique aussi l’indépendance. Cette voix, portée par des militants de l’UC, de la DUS ou du Parti travailliste, est plus radicale. Elle n’hésite plus, comme certains à l’Union calédonienne d’ailleurs, à remettre en cause les acquis et les engagements pris avec les accords de 88 et 98. Elle déborde le FLNKS sur son aile gauche et attire incontestablement une certaine jeunesse qui ne s’est jamais sentie impliquée par les grands appareils et par les partis installés et se sont vu confier des responsabilités institutionnelles du fait même des accords en question.

Il ne fait pas de doute que les partisans de cette option voteront en faveur de l’indépendance, mais leur idéologie, plus proche de l’IKS des origines, ne peut se concevoir qu’en revenant sur les acquis de ces trente dernières années.

C’est tout le risque que font peser sur la Nouvelle-Calédonie les aventuriers de la petite nation dans la grande, les partisans d’une indépendance association qui ne dit pas encore son nom, les promoteurs de l’indépendance molle.

C.V.