Congrès : Convergence plateforme – Uni-Palika pour adopter le budget 2018

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Après seulement 5 h 30 de débats boulevard Vauban, le budget 2018 de la Nouvelle- Calédonie a été adopté mardi avec les voix de la plateforme, conduite par Calédonie ensemble, et celles de l’Uni-Palika. L’UC s’est abstenue. Les Républicains calédoniens ont voté contre un budget qui mène au « crash économique », préviennent-ils.

Les budgets de répartition (120 milliards) et de reversement aux établissements publics (69 milliards) ont fait l’unanimité des conseillers de la Nouvelle- Calédonie. Normal, ils sont techniques : résultante des recettes fiscales et de la clef de répartition, ils ne comportent pas de choix politique. En revanche, le budget propre de la Nouvelle-Calédonie (65 milliards) a largement fait débat dans l’hémicycle. Autour de deux points essentiellement.

Yanno cautionne la ponction de son Office

D’abord, la ponction de quatre milliards de francs à l’OPT (qui s’ajoutent aux trois milliards de l’an passé), alors que des salariés de l’Office manifestaient devant les portes de l’institution, lassés « d’être les sacrifiés de service, d’être la vache à lait du gouvernement » au détriment de la « capacité d’investir pour moderniser le réseau et mieux servir les Calédoniens ». Mais dans l’hémicycle, leur président, Gaël Yanno, a défendu la ponction opérée par le gouvernement dans son Office, bataillant bec et ongles contre un ancien président de l’OPT, Harold Martin, qui s’en offusquait. Il est vrai qu’en séance, Gaël Yanno était assis à côté de Philippe Michel : le « ponctionné » coude à coude avec le « préleveur », voilà qui limitait sa marge de manœuvre… politique, bien sûr.

Ensuite, les doutes plus que sérieux qui pèsent désormais sur la mise en place de la TGC au 1er juillet, puisque tous les calculs et prévisions du budget Germain ont été faits en conservant les taxes actuelles. Comme si le président du gouvernement avait déjà mis de côté la réforme fiscale, sans le dire. Ce renoncement avait été dénoncé la semaine dernière par Les Républicains calédoniens. Il a été fortement critiqué en séance par Jacques Lalié, motivant l’abstention du groupe UC- FLNKS et nationalistes sur ce budget. « Il ne faut pas nous prendre pour la variable d’ajustement de la politique Germain », avait prévenu Roch Wamytan.

Le parti de Néaoutyine en renfort de la plateforme

La réalité, c’est que sans les ponctions à l’OPT et au Port autonome (363 millions), jamais le budget n’aurait pu atteindre les 9 milliards d’investissements prévus ! Mais pour Calédonie ensemble et sa plateforme, tout va bien. Ou plutôt, « L’essentiel est maintenu dans un budget contraint », dit Philippe Michel. Calédonie ensemble et sa plateforme ont donc bien évidemment acquiescé à ce budget. Mais pour le faire adopter, ils ont reçu le renfort du groupe de Paul Néaoutyine. Malgré des réserves (« Le pays vit au-dessus de ses moyens ! », dit Ithupane Tieoue), l’Uni-Palika a mêlé ses voix à celles de la plateforme.

Les Républicains calédoniens portent un tout autre regard sur ce budget ! « Il confirme les pires craintes de notre groupe, dit Philippe Blaise. Car il amplifie les errements de la politique économique et sociale que mène Calédonie ensemble, désormais soutenue par sa plateforme. Alors que la dégringolade des recettes fiscales se poursuit, la copie du gouvernement ne contient aucune mesure de relance de l’économie ».

« Vous avez cassé la confiance ! », dit Blaise

Plus largement, argumente le groupe de Sonia Backes, « depuis deux ans que Calédonie ensemble est aux manettes, sa stratégie a consisté à prendre des mesures démagogiques, électoralistes, et conflictuelles consistant à chercher des boucs émissaires. Une stratégie qui a cassé la confiance des entrepreneurs et, aujourd’hui, nous le ressentons dans l’effondrement de l’emploi privé et l’effondrement de l’investissement ». Et Philippe Blaise d’ajouter « La crise économique est là, et au lieu de prendre des mesures de relance pour le rétablissement de la confiance, votre politique consiste à aller piller les établissements publics, aller prendre de l’argent dans leurs réserves en compromettant leur fonctionnement à long terme pour régler les problèmes à court terme. »

Alors que les recettes sont en baisse de 10 milliards, « vous laissez filer la masse salariale de la Nouvelle-Calédonie avec 700 millions de plus cette année, ce qui est incompréhensible et ce que nous n’acceptons pas », claque encore Philippe Blaise. Qui ajoute : « Nous sommes arrivés au point où il nous faut 71 années, selon vos chiffres, pour rembourser la dette avec notre épargne actuelle de 2017 ». Et pas l’ombre d’un plan de relance économique « fondée sur l’investissement privé pour compenser le repli des cours du nickel et la création d’emplois privés et non publics », ajoutent Les Républicains calédoniens.

Droit au « crash économique »

Depuis la prise de fonction de Philippe Germain et Calédonie ensemble, en avril 2015, et après moult conflits sociaux, le groupe de Sonia Backes ne cesse de réclamer une discussion autour d’un plan de relance en faveur de l’emploi. Or, analyse Philippe Blaise, la politique de la plateforme « est malsaine et insoutenable. Elle consiste à maquiller le court terme jusqu’à la prochaine élection et nous conduit tout droit au crash économique. Les Républicains calédoniens ne cautionneront pas en responsabilité cet exercice de maquillage à court terme et votre fuite en avant sur l’emploi public », ponctue-t-il.


7 points à retenir

  • Budget propre de la Nouvelle- Calédonie : 65 Mds (dont seulement 9 Mds en investissement)
  • Budget de répartition aux collectivités : 120 Mds
  • Budget de reversement aux établissements publics : 69 Mds
  • Recettes fiscales : en baisse de 10 Mds
  • Ponction à l’OPT :
    4 Mds (au total 7 Mds sur deux ans)
  • Ponction au Port autonome : 363 millions de francs.
  • Dette : dépasse le seuil d’alerte, selon l’Institut d’émission d’outre- mer

L.N.©Congrès