Budget 2023 : une « petite bouffée d’oxygène »

Les recettes fiscales de l’année dernière ont été supérieures aux attentes et apporteront des ressources supplémentaires aux collectivités. Pour la Nouvelle-Calédonie, les marges de manœuvre du gouvernement restent néanmoins très limitées.

UNE RALLONGE DE 13,5 MILLIARDS POUR LES COLLECTIVITÉS

Les impôts et taxes ont rapporté 201 milliards de francs en 2022, bien plus que prévu, certainement en raison de l’inflation et du dynamisme de l’économie calédonienne, illustré par un emploi salarié record.

Les collectivités bénéficieront donc de 13,5 milliards de francs supplémentaires pour boucler leur budget 2023 : 7,5 milliards pour les provinces, 5,4 milliards pour la Nouvelle- Calédonie, 539 millions pour les communes. « C’est une petite bouffée d’oxygène, mais on a bataillé pour trouver l’équilibre. La situation reste très compliquée », estime Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé du budget, qui joue la prudence pour 2023 et table sur des recettes fiscales inférieures à celles de l’an passé.

6 MILLIARDS POUR LE RUAMM

Pour son fonctionnement, la Nouvelle- Calédonie disposera de 42 milliards de francs (+7 %), dont 16 milliards pour les salaires, 7,3 milliards pour les achats, 11,3 milliards pour les interventions et subventions. Cette section comprend également une subvention de 6 milliards de francs au Ruamm.

Déficitaire de 10 milliards en 2022, le régime d’assurance maladie devra donc trouver 4 milliards au cours de l’année. « Il faudra faire des économies sur les dépenses, indique Yannick Slamet, et s’appuyer sur la hausse des recettes » que doit générer la réforme fiscale (TGC, taxe sur les produits sucrés…).

La poursuite de cette réforme est cruciale, insiste-t-il. « C’est une demande de l’État » depuis la fameuse annexe 6 au prêt « Covid » de 28,6 milliards, « et c’est également une demande des banques locales, qui ont besoin de garanties pour continuer à nous accorder des lignes de trésorerie ».

INVESTISSEMENT : LE MINIMUM

Très endettée, la Nouvelle-Calédonie ne souscrira pas de nouvel emprunt pour financer l’investissement, qui se limitera à 7 milliards et sera essentiellement composé de projets cofinancés par l’État et l’Europe, ainsi que de rénovations.

Les plus gros projets : mise en deux fois deux voies de la RT1 de Païta à Tontouta (728 millions), extension du musée de la Nouvelle-Calédonie (700 millions), remise à niveau des routes (510 millions), rénovation des lycées Jules-Garnier et Escoffier (427 millions), de la bibliothèque Bernheim et du centre culturel Tjibaou (350 millions), sécurisation du barrage de la Dumbéa (230 millions).

ENDETTEMENT : EN BAISSE

La dette de la collectivité représentait 80 milliards, dont près de 50 issus des deux prêts « Covid » de 2020 et 2022. Le remboursement mobilisera 3 milliards en 2023. Le taux d’endettement de la collectivité devrait passer de 201 % à 169 % fin 2023, avec l’objectif de revenir à 150 % en 2025, ce qui resterait supérieur au taux prudentiel de 90 % dépassé dès 2018.

Gilles Caprais

Photo : Yannick Slamet, membre du gouvernement, soumettra son budget la semaine prochaine au Congrès, où la majorité composée par les deux groupes indépendantistes et l’Éveil océanien lui semble acquise. / © G.C.

Ruamm et Enercal : « Je ne peux pas faire autrement »

Dans un communiqué commun diffusé le 15 mars, Thierry Santa, Isabelle Champmoreau, Christopher Gygès et Yoann Lecourieux, membres du gouvernement, accusent leurs homologues indépendantistes de présenter un budget à l’« insincérité manifeste », qui ne règle pas les déficits du Ruamm et Enercal. Jérémie Katidjo-Monnier lance la même accusation de son côté.

Dans le cas d’Enercal, la « composante de stabilisation » du système électrique (9 milliards en 2021) n’a pas été inscrite dans les budgets de 2013, année de sa création, à 2020. « Est-ce que ces budgets-là étaient sincères ? », questionne Yannick Slamet, qui a versé une petite partie de la somme attendue en 2021 et 2022. « Moi, j’explique toute la situation. Je suis transparent. »

Reste que le versement à Enercal disparaît effectivement en 2023. « Je ne peux pas faire autrement. Le budget est contraint. » Quant au Ruamm, le gouvernement Mapou mise sur la réforme portée par l’Éveil océanien et sur les recettes des prochaines mesures de la réforme fiscale.