Baisse du chômage en 2019

L’Isee a publié son enquête sur les forces de travail en 2019. Les chiffres montrent un recul du chômage, mais une certaine précarisation de l’emploi. Un rebond bienvenu avant la rechute liée au Covid-19.

Les derniers chiffres laissent craindre le pire. Selon les élus du Congrès réunis en commission permanente, la hausse du chômage pourrait avoir dépassé 10 % depuis le début de la crise liée au Covid-19. Une explosion inquiétante qui pourrait être sous-estimée (ces chiffres comptabilisent les demandeurs d’emploi en fin de mois. Ils ne comprennent pas ceux qui ne sont pas inscrits auprès des services de placement provinciaux), se poursuivre et plonger la Nouvelle-Calédonie dans une spirale récessive.

Après plusieurs années de dégradation, le marché de l’emploi avait pourtant retrouvé quelques couleurs en 2019. C’est ce que montre l’enquête sur les forces de travail en Nouvelle-Calédonie réalisé par l’Institut de la statistique et des études économiques. L’emploi retrouvait ainsi en fin d’année son niveau de 2017, soit une baisse de 1 % par rapport à 2018 et 0,7 % par rapport à 2017.

Au total, 13 900 personnes étaient au chômage (au sens du Bureau international du travail) en 2019, soit 10,9 % de la population active (125 700 personnes âgées de plus de 15 ans). À ces chômeurs actifs dans leurs recherches, il convient également d’ajouter 8 500 personnes qui souhaiteraient travailler, mais qui n’ont pas fait de recherche ou ne sont pas disponibles pour occuper un emploi. Ces personnes constituent ce que les experts appellent « le halo de chômage ». L’addition des deux porte le taux de chômage des 15-64 ans à 12%.

Un niveau inférieur aux autres outre-mer

Ce niveau est nettement inférieur à l’ensemble des territoires d’outre-mer. Si l’on retient le taux de chômage au sens du BIT sans le halo, les 10,9 % étaient au-dessus du niveau de la France métropolitaine, qui se situait à 8 %. En revanche, il était en dessous de celui de la Martinique et ses 15 %, tout comme en Polynésie française (chiffre pour l’année 2018). Il était même près de deux fois moins élevé qu’en Guyane où le taux de chômage atteint 20 % et même 21 % à la Guadeloupe et La Réunion. Une situation qui s’explique par le développement de l’industrie, sensiblement plus importante que dans les autres territoires ultramarins.

Cette enquête qui est la troisième du genre permet de mesurer l’évolution de la situation. On peut ainsi observer que le nombre de personnes dans le halo se réduit, au profit du nombre d’actifs occupés, mais aussi d’inactifs. Autrement dit, le nombre de personnes ne souhaitant pas travailler progresse. La plupart de ces personnes sont en cours de formation (40 %) ou à la retraite (16 %). Elles sont toutefois 16 % à ne pas se positionner sur le marché de l’emploi en raison de la garde d’enfants ou de personnes dépendantes, 10 % à ne pas vouloir de travail pour des raisons de santé ou encore 6 % à penser qu’il n’y a pas de travail disponible. Cette dernière catégorie a sensiblement augmenté depuis 2017.

Précarisation de l’emploi

Mais en dehors de cette progression du nombre d’inactifs, la structure des chômeurs n’a pas tellement bougé. Les jeunes restent les plus touchés par le chômage. Ils y sont quatre fois plus exposés que les autres catégories d’âge. À noter que, comme pour les autres catégories, le nombre de chômeurs de moins de 30 ans est en repli, tout comme le chômage chez les Kanak qui restent moins présents sur le marché du travail. Le taux d’activité de la communauté est inférieur de 5 % par rapport au reste de la population. Il progresse toutefois très légèrement.

La précarisation de l’emploi est un autre élément intéressant qui ressort de cette enquête. Entre 2018 et 2019, le nombre de CDI a reculé de 2 %, alors que les autres formes plus précaires ont progressé et notamment les CDD (+ 41 %) et les contrats spécifiques (contrats saisonniers, d’intérim, apprentissage ou contrats aidés) (+ 64 %). Le temps partiel qui touche plus souvent les femmes est de plus en plus subi : 56 % des casen2017,59%en2018et67%en2019. La contrainte du temps partiel touche tout particulièrement les moins de 30 ans qui, dans 80 % des cas, vivent le temps partiel comme une contrainte.

M.D.